homélie du 19e dimanche B, 9 août 2015

Nous{joomplu:372} poursuivons notre lecture du grand chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean. Là où nous étions arrivés, Jésus s’était présenté comme celui qui peut combler la faim intérieure de l’être humain, dans une adhésion personnelle à lui : « celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim » (Jn 6,35). Maintenant les Juifs et nous avec eux se demandent : lui qui est un homme, pour qui se prend-il donc ? D’où lui viendrait une telle capacité de donner non seulement un enseignement et des exemples mais une vie qui viendrait de Dieu ? La réponse de Jésus nous laisse ébahis : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (v.44)

Depuis cette parole, nous disons dans le christianisme que la foi est un don de Dieu, une grâce. Pendant 2000 ans on a beaucoup réfléchi sur la question de la part qui revient à l’homme et de celle qui revient à Dieu dans la foi. Je voudrais vous résumer un peu tout cela à l’aide du Catéchisme de l’Église catholique.

La foi est la décision intérieure par laquelle l’homme choisit d’adhérer à Dieu et à ce qu’il dit de lui, ce qu’il révèle. « Par la foi l’homme soumet complètement son intelligence et sa volonté à Dieu » (CEC 143). C’est donc le contraire de la « libre pensée ». Et pourquoi ferait-on cela ? Parce que Dieu est fiable, véridique. C’est cette conviction qui motive Abraham à se mettre en route à cause de la promesse de Dieu, promesse de lui montrer un pays. C’est cette conviction qui fait dire à Marie : qu’il me soit fait selon ta parole ! C’est cette conviction que Jésus aimerait voir à l’œuvre chez ses interlocuteurs quand il s’agit de recevoir le témoignage que le Père donne en sa faveur, plutôt que de dire : tu es un homme comme les autres !

Comment pouvons-nous soumettre ainsi notre intelligence et notre volonté à Dieu ? D’une part nous en sommes capables, car nous sommes libres. D’ailleurs nous faisons confiance à d’autres personnes, même si c’est dans une autre mesure. Mais d’autre part c’est impossible de croire en Dieu si Dieu ne vient pas lui-même à notre aide : « la foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui » (CEC 153). Donc, bonne nouvelle, puisque c’est un don et que Dieu est généreux, nous pouvons le demander ! Saint Thomas d’Aquin résume tout cela en une phrase prodigieuse : « Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce » (CEC 155 ; IIa-IIae, 2, 9).

Comme il y a cette décision qui est en jeu, ce commandement de notre volonté, nous pourrions nous demander : croire, serait-ce se contraindre à tout gober sans comprendre ? Oh que non ! Car la raison est également un don que Dieu fait à chacun. La raison vient de Dieu, et comme disait déjà le Concile Vatican I : « bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles » (CEC 159). La raison n’est pas contredite par la foi, mais la foi court devant et la raison a parfois du mal à suivre. Elle pourrait alors se fâcher, crier orgueilleusement que tout ce qu’elle ne comprend pas sont des inventions, de l’obscurantisme ou des bigoteries. Ou alors elle pourrait accepter de courir moins vite, d’être toujours devancée, de devoir dire : bientôt je comprendrai mieux ce que déjà l’intelligence veut accueillir par la foi. Comme disait saint Augustin : « je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire » (CEC 158).

La foi pourrait se décourager devant les difficultés, et devant les suggestions contraires de la culture ambiante ou de notre éducation. C’est le moment de regarder les saints, de lire leur vie, de mener nos combats en référence aux leurs. C’est le moment de se rappeler que Jésus avait averti de cette difficulté quand il disait : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? » (Lc 18,8) Mais maintenant il nous dit : « Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi » (v.45). Alors nous allons à lui, en disant « viens en aide à notre manque de foi ! » (Mc 9,24)

Je vous laisse avec cette invitation de saint Jean-Paul II à Lourdes en 1983, qui disait aux jeunes : « Que Marie nous aide donc à accueillir d’un cœur simple l’annonce de l’amour de Dieu. À y croire malgré les doutes que la société et notre propre esprit murmurent à notre cœur ! Ne craignons pas ! Et si ces difficultés demeurent, nous prierons pour progresser dans la foi, malgré elles ou plutôt grâce à elles, car c’est là que s’éprouve notre confiance, notre fidélité. Notre foi, nous saurons la nourrir par l’étude approfondie de la Parole de Dieu et de la réflexion ininterrompue de l’Église, de la Tradition vivante. Et nous chercherons à faire la vérité dans notre vie, pour venir à la lumière. »