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Dieu veut exaucer notre prière en nous menant plus loin...

homélie du 17°dimanche C, 29 juillet 2007

Dans notre vie, nous faisons parfois l’expérience déroutante d’un Dieu qui ne semble pas exaucer notre prière, alors qu’il prétend le contraire dans cet évangile. Quand nous lisons « moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte » (Lc 11,9) nous pourrions nous dire : eh bien moi je frappe et la porte ne s’ouvre toujours pas...

Pourtant, j’en suis sûr, Dieu nous ouvre la porte quand nous frappons, bien qu’il me semble que ce soit parfois une autre porte, pour entrer ailleurs, là où finalement nous découvrirons davantage. Dieu répond sûrement à notre prière, ce qui ne veut pas dire qu’il réponde à nos attentes premières.

Dans ma vie j’ai souvent fait l’expérience de cela. Par exemple, lorsque Dieu est pour la première fois devenu pour moi une personne. Auparavant je considérais Dieu d’une façon assez lointaine, je le priais pour obtenir ceci ou cela, en me disant : “pourvu que je l’obtienne !” Puis, grâce à des étudiants de mon année qui avaient commencé un temps de prière le matin avant d’aller au cours, en me joignant tous les jours à leur prière, j’ai ressenti très profondément en moi que Dieu est une personne, qu’il est là près de moi ou en face de moi tout au long de ma vie. Mais ce n’est pas pour autant que je faisais l’expérience de quelqu’un qui m’écoute, qui est là pour moi, pour répondre à mon attente. Tout de suite cette expérience a été plutôt celle d’une présence de quelqu’un qui me disait : “je suis content que tu m’aies trouvé et que tu sois là avec moi”. Cette rencontre exigeait un décentrement, car Dieu n’était plus quelqu’un qui m’aiderait à réaliser mes désirs comme je l’entendais. La rencontre avec lui changeait la perspective. Il me demandait de lui ouvrir ma vie, et non pas de parvenir à mes fins grâce à lui. Je dois dire qu’au bout du compte mon bonheur a grandi grâce à ce décentrement. Dieu ne venait pas épouser ma mentalité, mais j’avais du bonheur à chercher quelle était la sienne, quelle était sa façon de voir ma vie. De cette façon Dieu ne comblait pas mon attente première, il ne m’offrait pas exactement toute la consolation que je souhaitais, mais il préparait en moi des attentes plus grandes, qu’il pouvait combler et par lesquelles il me rendrait si heureux. Pour ma propre vie, cette attente plus grande s’est concrétisée en devenant prêtre, et c’est sûrement le cas d’autres ici aussi. Mais pour d’autres encore parmi nous cette attente plus grande suscitée par Dieu a été ou sera l’engagement dans la fidélité du mariage, dans un don de soi plus grand que prévu à une épouse, à un époux. Et pour d’autres encore, une autre forme de don de soi pour quelqu’un.

Au travers de toutes les demandes que nous lui adressons — et il nous faut lui en adresser beaucoup, c’est une activité qui réveille notre cœur — Dieu a en vue que nous allions plus loin, que nous progressions dans le don de nous-mêmes, dans l’ouverture à lui dans la confiance. Ce qui compte par-dessus tout, c’est que nous redevenions pour lui des enfants, alors que la vie nous a parfois inspiré de la méfiance envers lui.

Si la façon dont Dieu répond à notre prière ne correspond pas à notre attente, puissions-nous éviter de dire : “Dieu m’a trahi” ou “Dieu est impuissant à me venir en aide”. Le geste filial envers Dieu ne sera pas un geste de méfiance ou de retrait mais un geste d’abandon encore plus confiant : “Seigneur, je ne comprends pas ce que tu as en vue, mais je t’ai confié notre cause et je te fais confiance car je suis dans ta main, et déjà l’Esprit-Saint est à la porte de mon cœur”.

Jésus parle souvent de demander les choses en son nom. Ce n’est pas comme s’il fallait mettre notre demande dans la bonne boîte aux lettres... Il s’agit plutôt de voir notre vie et nos besoins dans le cadre du Royaume de Dieu que Jésus inaugure. Si nous parvenons à voir toutes les personnes dans le plan de Dieu, dans son projet d’attirer tous les hommes à lui, dans son amour miséricordieux pour eux, nous commencerons à percevoir que Dieu exauce notre prière. C’est sans doute pourquoi le Notre Père, avant d’exposer nos demandes, nous place devant Dieu et son dessein de salut : il commence par nous dire que Dieu est père pour nous, et demander qu’il soit honoré et aimé comme un Père. Il parle de son règne et de sa volonté. Et enfin, dans ce cadre bien vaste, il situe notre vie et ses besoins : le pain de ce jour. Notre vie et ses relations, résumées dans le pardon. Et pour finir, notre combat contre le mal, où nous devons tant être épaulés, nous qui sommes faibles et influençables.

En résumé, je dirais : Dieu répond à notre prière et son Esprit Saint modèle nos attentes. Nous sommes l’objet de la bonté de Dieu.