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Notre pauvreté peut devenir attente amoureuse

messe des étudiants, 12 septembre 2007

Jésus oppose la situation de ceux qui sont pauvres et de ceux qui sont repus. Il ne propose pas aux pauvres d’être riches, mais d’avoir le Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu, pour certains, c’est insignifiant, cela n’entre pas dans leurs vues. Pour d’autres, c’est le plus grand trésor, car ils aiment Dieu et ils disent tous les jours « que ton règne vienne ».

A tous les pauvres est proposé le règne où justice et paix s’embrassent, où amour et vérité se rencontrent.( Ps 85,11) Il y a bien des pauvretés auxquelles nous pouvons nous-mêmes remédier au nom du Seigneur, et je vous invite à signer la déclaration de solidarité avec les pauvres qui se trouve dans le fond de l’église et ici. Je vous invite à signer la déclaration, et à vous laisser habiter par ce que vous venez de faire, pour que votre cœur soit touché.

Mais pour tout homme il y a des pauvretés auxquelles personne ne peut remédier. Il s’agit de beaucoup de nos manques, qui nous font souvent souffrir ; et nous cherchons à les combler d’une façon ou d’une autre, ce qui nous conduit rarement au bonheur. Laissons résonner ces paroles de Jésus à nos oreilles. Nous sommes heureux si nous éprouvons notre pauvreté, si nous avons faim, si la considération que nous attendons ne nous est pas donnée à cause du Seigneur. Nous sommes heureux car c’est la porte d’entrée du Royaume dans nos vies.

Le cœur repus, celui qui ne désire plus rien, qui est rassasié de distractions, de conforts, de jouissance, celui-là est vraiment malheureux. Il est éteint, il est mort finalement. Le cœur qui éprouve le manque souffre mais il peut faire de ce manque une attente amoureuse. Il nous est donné à chacun le pouvoir de reconnaître notre pauvreté, de l’accepter puis de la transformer intérieurement.

Si nous faisons de notre manque une attente amoureuse cela change tout. Nous ne sommes plus centrés sur nous-mêmes, sur ce qui nous fait souffrir, mais nous faisons de cette souffrance elle-même l’ouverture vers un autre que nous, vers un autre qui mendie notre amour. Nous mendiions quelque chose, et nous découvrons à la porte de notre cœur un autre mendiant, le Christ. Et nous pouvons faire le constat que tout ce que notre être attend, tout ce dont il manque si cruellement, c’est l’amour du Seigneur. Notre besoin d’être aimé est vraiment comblé dans l’ouverture à Dieu.

Cela demande quand-même un grand et patient travail : changer de centre de gravité. Qu’au centre ce ne soit plus moi et ce qui légitimement me manque... Qu’au centre, cela devienne Dieu et son Royaume, une passion pour le Seigneur. C’est un chemin qui se parcourt à tâtons. Seul l’amour nous conduira. « De noche iremos, de noche, que para encontrar la fuente solo la sed nos alumbra ! » disait saint Jean de la Croix : de nuit, nous irons dans l’ombre, car pour découvrir la source, seule la soif nous éclaire.