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Pourquoi faut-il veiller ?

messe des étudiants, 24 octobre 2007

Première lecture

Dans sa lettre aux Romains, saint Paul affronte ce formidable problème de la vie humaine : il y a en moi et en chacun comme une infirmité qui m’empêche d’aimer comme je le souhaite, qui rend difficile de faire le bien et d’éviter le mal, qui me pousse à me replier sur moi-même plutôt que d’être généreux. C’est comme un esclavage, et Paul nous suggère la façon d’y répondre... une façon vigoureuse.

12 Frères, il ne faut pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. 13 Ne mettez pas les membres de votre corps au service du péché pour mener le combat du mal : mettez-vous au contraire au service de Dieu comme des vivants revenus de la mort, et offrez à Dieu vos membres pour le combat de sa justice.

14 Car le péché n’aura plus sur vous aucun pouvoir : en effet, vous n’êtes plus sujets de la Loi, vous êtes sujets de la grâce de Dieu. 15 Alors ? Puisque nous ne sommes pas sujets de la Loi, mais de la grâce, allons-nous recommencer à pécher ? Absolument pas. 16 Vous le savez bien : en vous mettant au service de quelqu’un pour lui obéir comme esclaves, vous voilà esclaves de celui à qui vous obéissez : soit du péché, qui est un chemin de mort ; soit de l’obéissance à Dieu, qui est un chemin de justice.

17 Mais rendons grâce à Dieu : vous qui étiez esclaves du péché, vous avez maintenant obéi de tout votre cœur à l’enseignement de base auquel Dieu vous a soumis. 18 Vous avez été libérés du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice. (Rm 6)

Ça fait bizarre d’entendre que nous devons devenir esclave de la justice. Car Dieu ne veut pas que nous soyons esclave, mais justement que nous soyons libre. Mais finalement cette image est belle : esclave de la justice. Car la vraie liberté n’est pas l’indépendance ; la vraie liberté, c’est choisir de dépendre de ceux à qui on veut être lié dans l’amour. Qui est vraiment libéré ? Celui qui n’a besoin de personne ? Celui qui fait tout selon ses envies ? Non ! Celui-là est vraiment esclave. Est vraiment libre celui qui, de lui-même, est capable de dépendre de qqun, par amour, à cause du lien qui se crée entre ceux qui s’aiment et qui doit être préservé. Celui qui est libre, c’est celui qui accepte la dépendance que l’amour crée parce que les personnes qui s’aiment ouvrent leur vie à l’autre. C’est ainsi que nous pouvons vivre une juste dépendance, obéissance envers Dieu.

Évangile

39 Jésus disait à ses disciples : “Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserai pas percer le mur de sa maison. 40 Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

41 Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »

42 Le Seigneur répond : « Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? 43 Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. 44 Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens.

45 Mais si le même serviteur se dit : ’Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, 46 son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.

47 Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. 48 Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. (Luc 12)

Dans l’évangile, Jésus se trouve à un moment où il fait route vers Jérusalem, et donc se rapproche de sa passion, de sa résurrection, de son départ vers le Père. Il est temps pour lui d’indiquer comment ses disciples doivent vivre sans sa présence physique, quand il seront comme des gens dont le maître a quitté la maison pour partir à des noces.

En n’étant plus présent physiquement dans le monde, Dieu confie sa création à tous les hommes, ses intendants. Et il annonce qu’il nous faut nous tenir prêts à le rencontrer car la rencontre avec lui se fera à l’improviste. Je me demande comment nous pourrions imaginer l’effet de surprise que la rencontre avec le Seigneur aura sur nous... Ce n’est pas facile à imaginer... Pourtant ce serait utile de pouvoir le faire...

Devant la sainteté de Dieu nous pourrions nous sentir pris en défaut. La seule manière de tenir, c’est d’avoir attendu dans l’amour. « Enfin, te voilà, toi que mon cœur attend depuis si longtemps ! »

D’habitude, quand un serviteur doit veiller le retour de son maître, c’est pour le servir quand il arrive. Mais ici, Jésus nous invite à veiller pour que nous soyons servis ! Et dès maintenant, si nous voulons être comblé dans notre vie avec le Seigneur, dans notre vie de chrétien, c’est bien en veillant, en gardant notre cœur attentif et brûlant pour Dieu, que nous recevrons tout ce qu’il a à nous donner. Bien des chrétiens sont déçus de Dieu simplement parce qu’ils ne veillent pas, parce qu’ils s’endorment dans leur amour et disent simplement : il y a intérêt à ce qu’à mon réveil j’aie reçu ceci ou cela... Dieu ne peut combler que le cœur qui veille, c’est une loi universelle de l’amour : celui qui s’ouvre moins est moins comblé, celui qui s’ouvre davantage est comblé davantage.

Il reste l’histoire des coups plus ou moins nombreux mérités selon que nous connaissions ou pas la volonté de Dieu que nous n’avons pas faite. Ce petit épisode n’a rien à voir avec une sanction venant du Seigneur. Il est plutôt relatif à la façon dont nous nous jugeons nous-mêmes. Lorsque nous nous comparons aux autres, nous estimons que nous méritons peu de reproches par rapport à tel ou tel qui vraiment agit manifestement très mal. Jésus nous invite à ne pas nous comparer : que savons-nous de ce que mérite tel ou tel ? Pour nous, engageons-nous de tout notre cœur, c’est la seule mesure : de tout notre cœur.