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homélie sur les Béatitudes

messe des familles du 3 février

L’évangile des Béatitudes nous place devant le problème du mal. Et devant ce problème du mal, nous avons toujours tendance à chercher une explication : nous demandons « pourquoi » ce mal est-il arrivé ? L’Évangile ne nous propose pas d’explication, il nous propose un chemin. C’est très important à retenir : quand nous demandons à Dieu, en nous croisant les bras, « pourquoi ce mal ? », il nous répond : « va de l’avant, persévère, tu trouveras le bonheur ».

Cet évangile est quand-même surprenant. Il nous pose à tous des questions, n’est-ce pas Margueritte ?

M.– Dis, Christophe, comment est-ce que Jésus peut dire « heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent » ? Il y a des gens qui meurent parce qu’ils sont pauvres ; il y a des gens qui sont si malheureux...

Ch.– Oui, c’est vrai. Personne n’a le droit de dire ces paroles des Béatitudes, personne sauf Jésus. Jésus, il sait ce que c’est qu’être pauvre de cœur, d’être dépouillé de tout ; il sait ce que c’est de pleurer, d’être persécuté pour la justice, d’être doux, d’avoir le cœur pur. Lui, il peut dire ces paroles car ce ne sont pas des conseils en l’air : il a vécu ces épreuves, et maintenant il peut être présent à côté de nous. Déjà nous sentons que sa présence dépose dans notre cœur une petite lumière qui peut grandir et nous consoler.

C.– Je repense à Jésus pendant sa Passion. Quand il pleure sur les habitants de Jérusalem qui refusent la paix. Quand il est dépouillé de ses vêtements, quand on se moque de lui, quand on l’accuse injustement, quand on le fait mourir.

Ch.– Oui, c’est lui, Jésus, qui nous dit : « heureux les pauvres de cœur ». Il connaît le chemin par lequel le bonheur peut entrer dans notre cœur malgré les difficultés. Son amour pour chacun, c’est déjà ce bonheur qui se présente à la porte de notre cœur.

M.– C’est bizarre, quand Jésus dit « heureux », il promet que le Royaume des cieux est à nous, ou que nous obtiendrons la Terre promise, ou que notre récompense sera grande dans les cieux... Alors ce n’est pas un bonheur pour maintenant, c’est pour plus tard ?

Ch.– Non, ce n’est pas seulement un bonheur pour plus tard. C’est plutôt un bonheur différent : le bonheur du ciel, que nous pouvons déjà goûter maintenant sur la terre si nous ouvrons un tout petit peu notre cœur à Dieu. Il y a des gens qui vivent de grands malheurs mais ces malheurs les rapprochent du Christ et cela fait naître en eux une joie qu’ils ne connaissaient pas. Je ne te dis pas cela pour que tu n’essaies pas d’aider ceux qui souffrent, car Jésus nous demande de les aider. Je te dis cela pour que tu n’aies jamais peur ce ce qui t’arrive. Tu vois, les grandes personnes, mais aussi les enfants, ont souvent peur : peur de manquer de ce dont on a besoin, peur de ne pas être aimé, peur d’être battu, peur de perdre quelque chose, peur d’être dépendant... Jésus ne veut pas que nous ayons peur, il veut nous donner un bonheur tout simple mais éternel, invincible, inaltérable, qui ne s’éteint jamais.

C.– Jésus parle aussi de ceux qui sont persécutés pour la justice, de ceux qui ont faim et soif de la justice. Pourtant je vois plein de gens autour de moi qui ne se tracassent pas pour toutes les injustices. Ils se contentent de vivre pépère...

Ch.– Et pourtant Jésus dit aussi : heureux les doux, heureux les artisans de paix ! Parfois nous aimons trop notre confort, ou nous avons trop peur pour nous engager dans le combat pour la justice. Nous serrons heureux lorsque nous nous réveillerons et que nous nous engagerons au service de ceux qui ont besoin de nous. En plus, nous les chrétiens, nous devons être attentifs aux injustices que notre société ne voit plus, aux problèmes dont on ne parle plus à la radio et où des gens sont en danger.

M.– Dis, Christophe, qu’est-ce que ça veut dire, finalement, être pauvre de cœur ?

Ch.– Le cœur, dans la Bible, c’est la source de tous les désirs. C’est ce qui me motive à faire ceci ou cela. Comme quand on dit : mettre du cœur à l’ouvrage... Un cœur de pauvre, c’est un cœur qui ne cherche pas son bonheur dans ce qu’il va obtenir des autres, il est heureux de donner. Pourtant, tout don attend un retour. Le cœur de pauvre a confiance qu’il y aura un retour, que Dieu est généreux, mais qu’il ne doit pas chercher par lui-même le retour... Il a renoncé à se donner par lui-même le bonheur. Il risque de chercher le bonheur en se donnant par amour.

Justement, voici quelqu’un qui a vécu cette béatitude des pauvres de cœur. C’était quelqu’un de riche, quelqu’un qui a pensé pouvoir se donner à lui-même le bonheur, par ses mérites, par ses efforts. Veux-tu bien te présenter à nous ?

F.– Bonjour, je m’appelle François, j’ai vécu à Assise. Cet évangile est très important pour moi. Un jour j’ai compris que je ne serai pas heureux en ayant beaucoup d’argent et de reconnaissance. J’ai cherché mon bonheur en me faisant le frère de tous. J’ai même embrassé un lépreux. Et j’ai connu la joie, la joie parfaite. Je vous invite à être audacieux comme je l’ai été, à chercher votre bonheur comme le Christ.

Ch.– Comment pouvons-nous faire ?

F.– C’est simple : faites confiance à Dieu, et osez vivre l’évangile.