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On croit en Dieu pour être plus audacieux...

homélie du 22 juin 2008, 12°dimanche

Jérémie doit annoncer des choses désagréables, et se fait des ennemis. Jésus ne nous met pas dans une situation différente : il fait de nous les témoins de ce qu’il nous dit dans le secret et nous demande de ne pas craindre ceux qui nous en veulent.

« Ce que je vous dit à l’oreille, proclamez-le sur les toits ! » (Mt 10,27) Faisons un petit retour sur nous-mêmes pour nous demander : qu’est-ce que le Seigneur me dit à l’oreille ? Je ne crois pas qu’il s’agisse souvent de paroles. Mais d’états intérieurs qui sont la trace de Dieu près de nous. Dans quelles circonstances, après quelles actions ou résolutions ai-je senti cette paix intérieure que seul le Saint-Esprit peut procurer ? C’est cela que Dieu nous dit à l’oreille... Qu’est-ce qui, dans ma vie, au-delà de toutes les satisfactions que j’ai cherchées, m’a donné cette joie et ce contentement du cœur que seul Dieu peut donner lorsqu’on suit ses chemins ? Il me semble que le Seigneur nous parle à l’oreille bien souvent en nous encourageant simplement sur le chemin du vrai, du beau, du grand, sur le chemin de l’amour.

Et cela que le Seigneur nous a dit à l’oreille, proclamons-le, faisons-nous les porte-parole de la vérité que nous avons trouvée dans notre vie en suivant la loi de Dieu inscrite au plus profond de notre cœur.

Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui se lèvent dans notre monde qui tâtonne si souvent. Qui se lèvent pour aimer le Christ et le faire aimer, pour proposer son modèle de vie, pour dire qu’il est notre sauveur et que nous ne sommes pas condamnés à répéter nos échecs et nos refus d’aimer ou nos peurs. Qui se lèvent pour montrer à notre jeunesse la noblesse de l’amour, qui est bien plus que ce qu’en montrent les films ou les magazines de jeunes, qui est bien plus que le sentiment agréable qu’on peut suivre pour s’occuper et se faire plaisir. Nous avons besoin de gens qui renoncent à la satisfaction immédiate et au bonheur sans effort, de gens qui donnent par leur exemple et leur parole le goût de servir, de s’engager, de payer de sa personne en faveur des autres.

Tout cela, Jésus nous avertit que cela nous coûtera. Parce que ce n’est pas naturel pour nous de vivre ainsi, et que cela suscitera du refus autour de nous. Mais pour le chrétien, la foi n’est pas d’abord source de confort, elle est source d’audace, pour prendre des risques dans le monde.

Cet accueil de notre mission de prophète à contre courant n’est pas facultatif, ce n’est pas pour les chrétiens de luxe. Nous avons tous à nous prononcer pour Jésus devant les hommes, devant tous ceux que nous côtoyons. Je ne dis pas qu’il faut leur casser la tête avec le Seigneur, mais nous pouvons tout simplement dire à Dieu : “donne-moi des occasions de me prononcer en ta faveur”. Et puis ne pas nous dérober quand l’occasion vient...

Lorsque Jésus nous annonce une protection spéciale du ciel, c’est en faveur de ce témoignage qui peut nous mettre en difficulté : « soyez sans crainte, vous valez bien plus que tous les moineaux du monde. » (Mt 10,31) Si nous demandons l’aide de Dieu, ce n’est pas pour que les souffrances communes nous soient évitées (d’ailleurs on voit bien que les chrétiens ont autant de malheurs que les autres), mais pour que nous ne soyons pas submergés par la peur ou les soucis, pour que nous ne tombions pas dans les difficultés, pour que nous ne renoncions pas dans les combats pour la justice et la tendresse.

Dieu ne veut pas que nous soyons seuls, il ne nous a pas créés pour la solitude qui accable l’âme. Il est avec nous. Je fais le vœu que dans toutes les circonstances de notre vie nous puissions nous appuyer sur sa présence : affirmer à notre cœur qu’il est là comme notre Père et qu’il veille intensément sur nous. Conduire aussi notre cœur à chercher son amitié, son intimité qui lave de l’insatisfaction et du repli.