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mariage d’Élisabeth et Alexis : aimer toujours plus

15 novembre 2008

Élisabeth et Alexis, bientôt vous allez faire une chose très grande, vous allez vous dire mutuellement que vous vous donnez l’un à l’autre et que vous vous recevez ; et en le disant, vous le ferez ; ce sera une parole qui réalise ce qu’elle dit. Vous le vivrez dans le sacrement de mariage, car vous avez conscience que c’est Dieu qui vous donne l’un à l’autre et que vous vous recevez de Dieu. Quand nous faisons ce petit détour par notre Créateur, nous nous rendons compte de l’extraordinaire grandeur de chaque être humain ; car dire « tu es trop grand, tu es trop grande pour que je te prenne par moi-même, mais je peux te recevoir de Dieu », c’est une très belle parole d’amour.

Pour vivre un amour durable et profond, un élément me semble indispensable, c’est la reconnaissance. L’amour grandit par le « merci ». C’est ainsi dans l’amour de Dieu comme dans l’amour humain. Dans la foi, pour qu’elle ne meure pas, il faut souvent « rendre grâce », dire à Dieu notre reconnaissance ; fondamentalement, c’est ce que nous faisons dans l’eucharistie. Dans l’amour humain aussi, il faut rendre grâce. Et c’est une décision du cœur, même quand on n’y est pas porté par les événements, que de s’engager délibérément dans la voie de la reconnaissance, du merci. Il n’y a rien qui fait grandir plus l’amour que la reconnaissance, comme il n’y a rien qui l’abîme plus que l’ingratitude. Passez du temps à vous émerveiller de ce que l’autre est et de ce qu’il fait pour vous. Arrêtez-vous, n’entrez pas dans la routine, choisissez de vous émerveiller de l’autre. Et même lorsque l’autre sera souffrant, portez encore sur lui ce regard d’émerveillement qui le réchauffera. C’est aussi le regard de Dieu sur chacun de nous.

La première chose dont vous pouvez être reconnaissant, c’est que l’autre ait bien voulu partager votre vie. Dites-lui souvent merci d’être là, à vos côtés. Ne vous habituez jamais à cela. Et dites-lui merci pour tant de choses. Je connais un couple âgé où le mari, à la fin de chaque repas, se lève pour déposer sur le front de son épouse un tendre baiser, en lui disant merci pour le repas qu’elle a préparé. À chacun de trouver les gestes, les occasions nombreuses pour dire à l’autre « merci ». Dites-vous bien que rien n’est un dû. C’est ainsi que votre amour grandira ou se réveillera. Choisissez d’être contents l’un de l’autre : « je suis content que tu sois ma femme — je suis content que tu sois mon mari » ! Ah, si vous pouviez vous le dire souvent, même quand il y a une femme ou un homme qui paraîtra plus agréable un peu plus loin !

Vous allez faire don de vous-mêmes l’un à l’autre, pour vous aimer, pour veiller l’un sur l’autre. Cette parole que vous échangez est une parole bien épaisse, puisqu’elle est appelée à durer toujours. Et même, à grandir jour après jour. À l’image de cette graine de sénevé qui devient un arbre pour abriter les oiseaux du ciel. Une parole, c’est tout petit une parole ; il y a même parfois des paroles en l’air. Mais cette parole-ci, elle sera une fondation ; vous devrez y revenir souvent. « J’ai promis de l’aimer toujours » ; « tu as promis de m’aimer toujours ».

Là, nous nous demandons parfois : comment peut-on promettre d’aimer toujours ? L’amour n’est-il pas un sentiment, et donc incontrôlable ? Et s’il venait à passer ? Il y a une dimension de l’amour que l’on a oublié de nos jours, et qui est pourtant si importante. L’amour est choix, il est décision. Cela paraît étrange à dire, et pourtant l’amour ne repose pas seulement sur le sentiment mais aussi sur la volonté. On ne le sait plus dans notre monde, on croit que l’amour dure tant que dure le sentiment. Mais non, l’amour est aussi choix, décision. Dans un couple il arrive des moments où le sentiment n’est plus au rendez-vous. Mais on peut encore choisir d’ouvrir son cœur à l’autre, de le prendre dans son cœur, de vouloir lui être uni. Non par nécessité, non par peur d’être seul, non par soumission, mais par choix. Lorsqu’on fait cela, un sentiment nouveau commence à naître, plus profond, un attachement qui donne davantage la vie. Ainsi je vous demande de choisir de vous aimer, quels que soient vos états d’âme.

Ce choix d’aimer, il y a un moment où il est spécialement fort, c’est le jour où nous avons à pardonner à notre conjoint une attitude, une parole, une réaction ou un silence... Tout au long de votre vie vous aurez à vous pardonner l’un à l’autre. Sur la terre, il n’y a pas d’amour parfait, irréprochable. L’amour que l’on s’échange sur terre est un amour à pardon, comme il y a les moteurs à essence. Notez que pardonner, ce n’est pas excuser ; on peut très bien pardonner à quelqu’un qui est inexcusable. Parce que pardonner n’est pas dire : je te comprends, je vais essayer d’oublier... Pardonner, c’est dire à l’autre : même si tu m’as fait si mal, je veux t’aimer par-delà ce que tu m’as fait, je ne veux pas que ta mauvaise action limite mon amour. Pardonner, c’est faire remporter une victoire à l’amour.

Vous voilà prêts à vous embarquer sur les flots de la vie dans le bateau de l’amour, que Dieu gardera par sa Providence. Votre amour lui est cher et il le sauvera autant de fois qu’il le faudra, par son pardon et la force de son Esprit. Dans le mariage, Dieu consacre votre amour, et il lui donne une place de choix dans les progrès de son Royaume. Il s’appuie sur votre amour, pour faire comprendre aux hommes que c’est la tendresse et la fidélité qui sont le vrai fondement du monde. Par votre amour vous nous témoignerez de la force de l’amour de Dieu, en faveur de tous ceux qui ont tant besoin d’amour.

Que Dieu vous garde et vous fortifie encore !