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Être né est toujours une bénédiction

Sainte famille, 28 décembre 2008

Quand l’Alliance avec Dieu commence, c’est par une famille. Avec Abraham c’est par l’annonce d’un fils et d’une descendance qu’elle se vit. Et même si tous nous n’avons pas l’occasion d’engendrer, par vocation ou par la force des choses, tous nous pouvons saluer Dieu qui désire que le don de sa vie, de son attention, de son amour, passe par le don de la vie et de l’amour qui peut se vivre dans une famille.

Au sommet de l’Alliance, quand Dieu se fait homme, il s’incarne en Marie en qui Jésus est engendré du Saint-Esprit, mais il ne s’arrête pas là. Il se fait homme encore en vivant dans une famille. Pour devenir homme, on a besoin d’une famille. La famille est le lieu premier où un petit être humain apprend à devenir homme ou femme. La famille réalise ce miracle d’engendrement par l’amour qui y règne, et c’est dans l’amour que le monde de demain se construit. Toute famille reçoit une mission : celle de « garder, de révéler et de communiquer l’amour » (JP II, exhortation Familiaris Consortio, n°17).

Il y a des familles heureuses et des familles où la vie est difficile. Il y a aussi des familles blessées. À l’heure où des décisions politiques institutionnalisent des situations qui autrefois étaient exceptionnelles — et qui restent toujours néanmoins dramatiques —, il est important de rappeler qu’être né, c’est toujours une bénédiction, quelle que soit la situation où nous avons été engendrés et où nous avons dû vivre. Parfois il faut se persuader soi-même de cela, car la vie n’a pas été tendre avec nous.

L’évangile* nous présente des personnes avec qui la vie n’a pas été tendre non plus. Anne, la prophète, est veuve pendant plus de 60 ans. Mais elle trouve un sens à sa vie en se donnant davantage au Seigneur. Elle est même une femme prophète. Et Marie reçoit de Syméon l’annonce que son cœur sera transpercé par une épée.

Pour nous aussi, les événements de la vie peuvent avoir été difficile. Mais pourtant, la vie est toujours une bénédiction et être né nous révèle déjà l’amour de Dieu et son alliance sur nous.

Nous pouvons aussi estimer que nous n’avons pas reçu l’amour que nous méritions. A vrai dire personne n’a reçu l’amour qu’il méritait. C’est un fait reconnu par la foi de l’Église lorsqu’on parle du péché originel qui est transmis de génération en génération.

Qu’y a-t-il derrière ce dogme du péché originel ? En venant dans le monde chacun, encore dans le sein maternel même, se rend compte que quelque chose ne va pas... Créés à l’image de Dieu nous venons avec le désir d’être aimé infiniment et inconditionnellement. Et nous découvrons dès le sein maternel qu’il n’en sera pas ainsi. Aussitôt nous ressentons qu’il y a eu une rupture d’harmonie. Toute notre vie dès lors va consister à s’adapter à un milieu blessé et se défendre dans ce milieu. Le péché originel est la perception d’un manque venant du doute introduit dans l’amour originel. Nous le voyons à l’œuvre en nous dans toutes nos réactions de repli ou d’agression que nous n’osons même pas regarder en face.

Cette situation, où l’on hérite des blessures parentales, l’Église nous assure que tout le monde en est entaché. Tout le monde. C’est ce qu’on veut dire en disant que ces blessures sont forcément transmises par les parents. Ne haïssez pas vos parents pour vous avoir chargé de cette blessure. Ils y sont obligés. Cela fait partie du don de la vie dans notre monde cassé (le monde “déchu” dont parlent parfois les prières de la messe).

Ne soyez pas comme parent tracassé d’avoir transmis une blessure à vos enfants : vous ne pouviez pas faire autrement : tout être humain naît blessé, mais le don de la vie est tellement plus grand que l'inconvénient de la blessure. De cette blessure originelle qui nous conduit à des attitudes parfois pénibles nous avons été déjà guéris par celui qui a accepté d’être « un signe de division » dans notre monde parce qu’il faisait retentir l’appel de l’amour de Dieu. Notre baptême nous plonge dans un amour sauveur (baptiser veut dire “plonger”, et nous sommes plongés dans le nom du Père, du Fils et de l’Esprit, le nom de la Trinité qui est amour). Si nous acceptons notre baptême, si nous cessons de murmurer contre tout ce qui est difficile et lourd dans notre vie, nous vivrons une grande réconciliation intérieure et la joie bondira dans notre cœur.

Lc 2,22-40 Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. » Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.