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Ouvre-toi !

Homélie du 23ème dimanche B, 6 septembre 2009

(Isaïe 35, 4-7a ; Jacques 2, 1-5 ; Marc 7, 31-37)

Aujourd’hui on amène à Jésus un sourd-muet. L’homme n’est capable ni d’entendre ni de parler. Il est coupé de la relation, isolé.

Jésus lui dit : « Ouvre-toi » ! Voilà une parole de vie. On ne vit qu’en étant ouvert. C’est déjà le cas de la vie biologique ; tout être vivant, plante ou animal, doit faire entrer et sortir de la nourriture. C’est le cas de la vie sensorielle, de toutes les informations qui viennent toucher notre organisme et l’informer ou le faire réagir. C’est encore plus vrai de la vie spirituelle, de notre capacité à être reliés aux autres et à les aimer, et enfin de notre relation avec Dieu. Ce niveau de vie en nous ne s’éveille et ne rayonne que dans l’échange, dans l’ouverture. Partout, le maître mot est : « ouvre-toi » !

On ne vit qu’en étant ouvert et pourtant la fermeture est un gros problème pour nous tous. C’est flagrant quand nous sommes fâchés, que nous boudons ; alors nous ne voulons pas écouter et nous ne voulons pas parler. Mais parfois, même si nous le voudrions bien, nous sommes incapables de nous dire et incapable d’accueillir l’autre. Certaines blessures, certains aveuglements ou le fruit amer de mauvaises habitudes peuvent nous faire perdre cette capacité de nous ouvrir.

Comment faire alors ? L’homme sourd-muet ne s’est pas guéri tout seul. On l’a amené à Jésus. Je crois qu’il faut aussi nous faire amener à Jésus. Nous pouvons penser qu’il suffirait de nous amener nous-mêmes à Jésus, de venir prier, à la messe ou dans la solitude de la chapelle. C’est déjà bien, et déjà le Christ peut nous toucher. Un moyen plus fort encore serait de dire à une personne de confiance, et réservée ( !) : prie pour moi car je demande au Seigneur de m’ouvrir.

Désirons de nous ouvrir et demandons de guérir de nos fermetures, de nos incapacités à dire notre affection. Aussi, de nos incapacités à louer, à rendre grâce ; à Dieu, aux autres. C’est un usage si important de la parole que de dire notre reconnaissance. Un usage vital mais si souvent négligé. Pourtant c’est un de ceux qui créent le plus de lien. En matière de surdité, demandons enfin de guérir de notre insensibilité à la Parole de Dieu.

Parfois je me demande : comment peut-on goûter la Parole de Dieu ? Car il arrive qu’elle ne nous dise rien, qu’elle paraisse ennuyante, compliquée, sans attrait. A la messe ou pendant la prière, on se met à lire un texte qu’on connaît déjà et on se dit : « ah oui, je sais de quoi ça va parler. » Ou pire : « c’est toujours la même chose ! »

Qu’est-ce qui peut me permettre d’écouter avec plaisir et intérêt la Parole de Dieu ? C’est l’Esprit qui peut rendre sensible à la Parole de Dieu, la faire entendre comme une parole dite par quelqu’un qui se communique, qui me cherche. Car la Parole de Dieu ce n’est pas un mode d’emploi de gsm ou de machine à laver. Dans le mode d’emploi on cherche des informations, mais qui a déjà pensé à l’auteur du mode d’emploi, à part Danny Boon pour en faire un sketche ? Dans la Parole de Dieu, on trouve des informations mais ce n’est pas le plus important. C’est la Parole de Dieu qui me parle, qui vient me rencontrer, qui me partage quelque chose de lui. Il y a dans cette Parole une présence que je peux accueillir, et ce sera d’abord cela « écouter la Parole ». Quand j’ouvre la Parole et que je demande l’Esprit-Saint, la présence de Dieu vient me toucher et réaliser la joie en moi.

C’est une dimension importante de cette richesse dont parlait la lettre de saint Jacques quand il nous invitait à mettre au sommet de nos valeurs non pas l’importance que donne l’argent, le pouvoir ou le succès, mais la richesse de la foi. Si je suis avec Dieu, s’il me dit sa présence par sa Parole et ses sacrements, si j’accueille tout cela, ne suis-je pas le plus comblé de tous les hommes ?

Seigneur, vient réaliser ton royaume en nous et nous ouvrir à tout cela !