Ceux qui sont malades, vont à l’hôpital, où ils sont bien pris en charge. Pas besoin de les visiter, et si jamais la situation devait empirer il y a toujours l’euthanasie qu’ils peuvent maintenant demander afin de nous épargner leur souffrance. Ceux qui sont en prison, ils l’ont bien mérité, et d’ailleurs maintenant les prisons deviennent confortables. Les étrangers qui arrivent chez nous en espérant un avenir meilleur, nous ne pouvons quand-même pas leur faire une place dans notre société, nous avons trop besoin de consommer. Ceux qui sont dans le besoin, nous préférons ne pas trop les regarder, d’autant plus que c’est la crise et que nous aussi nous avons nos problèmes. Pour ceux et celles qui attendent un enfant imprévu, il y a toujours l’avortement pour que chacun règle ses petits problèmes de son côté. Et ainsi de suite.

Vous voyez, nous sommes dans un monde anesthésiant, et c’est bon que l’évangile nous secoue. Quand le Christ parle, ce n’est pas pour condamner, mais pour réveiller les consciences endormies, celles qui disent comme Caïn  : suis-je le gardien de mon frère ? (Gn 4,9) Car oui, nous sommes le gardien de notre frère et nous sommes confiés les uns aux autres. La première lecture nous donne la clef de tout cela  : chaque être humain est cher au Seigneur, comme chaque brebis blessée. Et Dieu compte sur son troupeau pour veiller sur celui qui n’en peut plus, sur les « petits ».

Nous sommes confiés les uns aux autres. C’est important de régler notre vie et nos désirs sur cette réalité, pour ne pas passer à côté de la vraie vie, une vie d’amour. Quand nous rentrerons chez nous, demandons-nous chacun  : y a-t-il un « petit » dont je devrais prendre soin, afin de ne pas manquer ma propre vie ?