Tout commence avec cette invitation provocante : être soumis les uns aux autres ! (Ep 5,21) Qu’est-ce que cela veut dire ? Le texte donne le modèle : l’Église se soumet au Christ. Au Christ qui s’est livré pour elle.

On ne se soumet pas parce qu’il y a un chef, quelqu’un qui a reçu le pouvoir de commander, mais parce qu’il y a quelqu’un qui se donne pour l’autre, pour celui/celle qui se soumet.

Paul demande aux hommes de se sacrifier pour leurs épouses comme le Christ l’a fait pour l’Église, et aux femmes d’être soumises à leur mari comme l’Église au Christ. Elle peut être soumise parce que lui se sacrifie pour elle. Il peut se sacrifier pour elle parce qu’elle cherche à lui être soumise, c’est-à-dire à accueillir ce don avec reconnaissance, avec attention.

Paul rappelle à chacun ce qu’il a tendance à oublier. Il ne doit pas rappeler à la femme de se donner, de se consacrer à son mari ; elle le fait si naturellement, parfois même sans s’en rendre compte. Mais il doit rappeler aux maris de se donner pour leur épouse, car ils n’y pensent pas spontanément. Un homme qui ne se surveille pas, qui ne se convertit pas, se donne si peu. Il se rassure si facilement de se donner un peu, alors qu’il reste très centré sur son intérêt, y compris celui du plaisir. La conversion, l’ouverture à l’amour, pour un homme, c’est de se donner plus volontairement.

Paul ne doit pas rappeler aux hommes de se soumettre à leur épouse. Ils le sont déjà. Par exemple par le ventre ! Et aussi pour d’autres satisfactions qu’ils estiment vitales. Et dans la parole entre conjoints, dans l’argumentation, ils sont si souvent sous-performants et partent finalement humiliés ou bougonnant, tandis que l’épouse a comme sa petite victoire ou compensation. Cela ne va pas. Pour s’épanouir un couple a besoin de la saine soumission de l’épouse à son mari qui se donne sincèrement. C’est même ainsi que le mari peut oser se donner, y trouver de la valeur.

Vous voyez que l’un et l’autre s’éduquent dans l’amour, tandis que la foi leur rappelle ce qu’ils ont tendance à ne plus voir. Que le mari se demande : est-ce que je me donne assez ? Que l’épouse se demande : est-ce que j’accueille humblement son autorité ? Alors le couple aura la joie de sentir son union grandir comme celle de l’Église et du Christ.

Cette union du Christ et de l’Église, si importante pour les époux chrétiens, l’est pour tous les baptisés. C’est chacun qui doit se retenir de dire au Christ « cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60), lorsqu’il affirme que ce pain consacré est sa chair. Depuis la fondation de notre paroisse on se transmet ici la bonne nouvelle du don du Christ qui nous sauve, qui restaure en nous l’amour et la fidélité. Demandons au Seigneur d’être vraiment touchés par lui, afin de transmettre à notre tour cet héritage. Que la fête traduise la joie d’être tant aimés !