homélie de la fête de Noël 2020

{joomplu:525} À Bethléem il y a 2027 ans, les auberges étaient bondées comme l’aéroport de Charleroi en période de covid’19. Mais Marie et Joseph ont pu trouver refuge dans un abri pour animaux, semblable à une église confinée aux 9/10e vide, avec quelques ânes, bœufs ou bergers comme nous. Ils étaient déconnectés de la frénésie d’alors, et nous sentons bien que aujourd’hui nous sommes un peu comme les bergers de l’époque de la Nativité.

Le Verbe s’est fait chair, il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu (Jn 1). Tout au long de sa vie il sera combattu, on voudra le tenir pour rien si possible, ou l’écarter s’il n’y a pas moyen de faire autrement. Mais des bergers, des hommes au cœur de pauvre, complètement désencombrés de la frénésie consumériste, pur aussi de cette tendance à mesurer Dieu à l’aune de nos étroitesses d’esprit — comme je l’entends si souvent dans la bouche de ceux qui veulent filtrer le christianisme et repeindre la Révélation — ces bergers peuvent ouvrir leur cœur et se réjouir de la lumière de Dieu qui vient.

Soyons toujours des bergers au milieu de ce monde, résistons à la tentation de nous installer pour nous endormir dans le confort. Car si notre âme s’endort dans le confort, la lumière de Dieu ne nous goûtera plus, nous préférerons ce qui ne nourrit pas, et nous entrerons dans la spirale du mécontentement attisé par toutes les choses futiles.

Cette année encore plus que d’habitude je suis frappé par la façon discrète dont le Très-Haut, le Tout-Puissant, vient dans son monde. Celui par qui tout a été fait — non seulement l’immensité de l’univers, l’incroyable complexité du vivant mais aussi toute la grandeur spirituelle de l’être humain — celui qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, il vient d’une manière telle que beaucoup l’ont ignoré en ce temps-là, et que beaucoup l’ignorent aujourd’hui. Il me semble que c’est parce que Dieu ne veut pas être « su », comme un événement mondain, comme une déclaration de star ou de virologue, mais il veut être aimé, il veut être choisi par un cœur libre. C’est ainsi qu’il peut nous prodiguer tous ses dons, si nous le choisissons librement, si nous entrons dans le cœur à cœur. Alors, si tu crois il ne t’abandonnera jamais. Si tu t’attaches à lui, tu ne seras jamais seul.