homélie de la veillée pascale 2022

{joomplu:38} En ces jours de Pâques, ce qui me frappe le plus, c’est la patience de Dieu. Sa patience devant nos étroitesses et nos horreurs actuelles. Sa patience devant les étroitesses et les méchancetés de tous les temps. Nous avons entendu quelques moments de l’histoire sainte. Il y a ce monde bon que Dieu remet à l’homme. Nous n’avons pas entendu les premiers refus et les premières haines, mais déjà le chemin par où Dieu voulait sauver l’humanité : le chemin de la confiance ; c’était la foi d’Abraham, qui apprenait à se fier à Dieu plus qu’à tout, qui apprenait à marcher avec Dieu même quand il ne comprenait pas. Nous devons tous réapprendre cela pour nous-mêmes un jour ou l’autre. Heureux celui qui ne perd pas courage !

Nous avons aussi entendu le récit de la domination d’un peuple sur un autre, et comment Dieu était concerné par ce qui arrive et comment il libère le peuple opprimé à grand fracas. Bien sûr, nous aurions espéré moins de dégâts collatéraux, mais il fallait encore attendre pour que Dieu lui-même puisse prendre sur lui les dégâts collatéraux.

Nous avons entendu cette promesse que Dieu faisait à ceux qui s’épuisaient en futilités de toutes sortes : venez à moi, vous tous qui avez soif ! Pourquoi vous fatiguer pour ce qui ne comble pas ? Écoutez-moi et vous vivrez ! Ma Parole produira son fruit dans votre cœur ouvert. Mais bon, qui écoutait vraiment ? Et le monde continuait à tourner, et chacun vivait comme il le voulait, et on avait l’impression que la pluie et la neige accomplissaient bien mieux leur mission que la Parole de Dieu.

Mais un jour paraît Jésus, et les pauvres dont le cœur était disponible à une visite de Dieu l’accueillent. Les autres, qui voudraient que le monde continue de tourner comme ils l’ont décidé, veulent plutôt l’éliminer. Et on dirait qu’ils ont réussi. Et aujourd’hui encore on a l’impression qu’ils ont réussi. Tous ceux qui aiment Jésus et son Église voient que sa passion continue. Et parfois nous sommes nous-mêmes unis à sa passion. Alors, le monde continue-t-il de tourner à sa manière, loin du rêve de Dieu pour l’humanité ?

Non, la patience de Dieu n’était pas de l’inaction de sa part. Sa patience était comme une opération de guerre souterraine. De guerre contre le mal. Aujourd’hui, très peu de monde sait que Dieu a remporté la victoire sur le mal, mais quelques uns, nous qui sommes ici, savons que l’ennemi est déjà défait, en nous et autour de nous. Car le Christ est ressuscité des morts, et désormais les épreuves du chrétien ne sont plus vides, elles font avancer les pions de Dieu sur l’échiquier du monde. Avançons avec foi ! Avançons comme des gens qui sont morts à une ancienne façon de vivre et de voir le monde, et qui se mettent à regarder chacun avec espérance, avec l’espérance de voir en lui la victoire de Dieu, jusqu’à enfin partager avec lui la vie éternelle. Ce soir, nous avons remporté la victoire. Les étroitesses de notre vie sont repoussées. Une grande lumière, une grande vie veut habiter en nous. Le Christ est vainqueur et nous sommes ses amis, nous avançons dans la vie en lui tenant la main. Vivez toujours ainsi ! Que cela change tout ce que vous déciderez et ferez !