homélie de l’Ascension, 26 mai 2022

{joomplu:191} Il y a des époques où l’humanité est sûre d’elle-même et de ses réussites. Alors elle dit : je n’ai pas besoin de Dieu ; Dieu ne compte pas même s’il existait. Il y a d’autres moments où nos certitudes semblent s’effondrer. Alors, spontanément, des gens se mettent à crier vers Dieu, à l’implorer d’une façon souvent pleurnicharde, oublieux de l’indifférence du passé, tandis que d’autres murmurent encore plus contre Dieu en invectivant son silence. Ce sont là deux attitudes de mercenaires, c’est-à-dire des gens qui ne cherchent pas ce qui est vrai mais ce qui profite. Dieu, lui, ne cherchent pas des mercenaires, mais il cherche des amis, des gens qui vont tisser une relation avec lui. Dans cette relation, il veut nous faire découvrir le sens des événements et le sens de notre vie, comme nous avons entendu qu’il l’a fait pour ses disciples au moment de quitter ce monde pour entrer dans le monde plus vaste du Père.

Dieu cherche des amis, et justement nous allons promener dans les rues de notre cité les statues de quelques amis de Dieu, les saints. Nous connaissons la vie de certains d’entre eux par des textes qui leur sont contemporains, tandis que d’autres sont moins bien documentés. Mais tous, ils sont honorés comme chercheurs de lumière et de paix. Ils ont laissé leur cœur être attiré par ce qui est vrai et grand ; ils n’ont pas choisi la facilité, mais la bonté et le don d’eux-mêmes. Ils sont devenus les amis de Dieu, et en les promenant dans les rues nous pourrons lancer vers Dieu une question qui sonne comme un défi : et moi, est-ce que je peux devenir ton ami ?

Du côté de Dieu, tout est prêt. Il a tout fait pour. Tous les obstacles que notre mauvaise volonté avait mis entre lui et nous — ce qu’on appelle les péchés —, il les a surmontés. La balle est dans notre camp, d’autant plus que la porte du cœur ne s’ouvre que de l’intérieur. Le Créateur du monde, c’est-à-dire celui qui a fait que notre monde ne soit pas un chaos mais un monde ordonné — nous le voyons bien par contraste avec tout le bazar que nous sommes capables d’y mettre — ce Créateur du monde attend un geste de nous. Il a tout remis à notre liberté. Il a tracé le chemin jusqu’à son cœur, « un chemin nouveau et vivant » (He 10,20), mais c’est bien sûr à nous de le prendre.

Je ne crois pas que les difficultés de notre temps se résoudront d’elles-mêmes. Je ne crois pas non plus qu’on les surmontera en créant plus de règles et plus de contrôles, plus de bien-pensance et plus de dénonciations. Mais si nous travaillons à ouvrir plus grands nos cœurs, nous préparerons bien l’avenir. Travaillons tous à ouvrir nos cœurs au-delà de nos intérêts ! Et ceux qui acceptent de compter sur l’Esprit de Dieu, le Défenseur, l’Esprit Saint, seront tout heureux de voir leur horizon s’ouvrir et s’élargir sans limite. Le Père du ciel voudrait tellement que nous réussissions.