homélie du 29 juillet 2018, pèlerinage à Saint-Christophe

En bref{joomplu:185} : La présence concrète du Seigneur se laisse sentir à celui qui prend des risques à sa suite. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Dimanche passé nous voyions Jésus qui avait pitié de la foule qui était comme des brebis sans berger. Aujourd’hui nous découvrons — c’est la suite même si nous avons changé d’évangéliste pour lire Jean pendant quelques dimanches — que sa tendresse pour les hommes va jusqu’à ce qu’il se demande : que vont-ils manger ? Et, alors qu’à vues humaines il n’y avait pas de solution, Jésus fait en sorte que tous soient rassasiés. Et qu’il y a une surabondance — ce n’est donc pas simplement le fruit d’un partage fraternel, comme quand on fait un dîner « auberge espagnole » : l’évangéliste prend soin de noter que les restes de 5 pains c’est — une fois que les 5000 ont mangé — 12 paniers de morceaux ; il exclut donc d’office l’interprétation du partage généreux.

Ce qu’il nous montre plutôt, c’est qu’auprès du Christ nous trouvons plus qu’un accueil et un enseignement qui nourrissent notre vie (ça, c’était dimanche passé). Nous trouvons aussi de quoi surmonter notre peur de manquer.

Parfois, la peur que les besoins fondamentaux de notre vie ne seront pas remplis nous affole. Beaucoup vont alors jusqu’à prendre des décisions tragiques, comme d’amasser de l’argent par tous les moyens pour « on ne sait jamais », ou quitter un conjoint quand la vie avec lui semble trop limitée, ou abandonner le sacerdoce, ou poursuivre des plaisirs désordonnés ou égoïstes. Le manque nous fait perdre la raison et nous choisissons la fuite en avant, considérant que c’est ainsi que nous réalisons notre liberté. En réalité, nous sommes plus que jamais esclaves.

Ce dimanche nous voyons Jésus multiplier les pains et, en pensant qu’il est vivant aujourd’hui, nous pouvons choisir de lui présenter nos manques. L’action du Seigneur dans nos vies est quelque chose de concret. Nous pouvons lui parler de ce qui inquiète notre cœur. Il veut s’en occuper. Attention, il ne résoudra pas nos problèmes de la façon que spontanément nous imaginons : d’un coup de baguette magique, en nous évitant toute épreuve, en nous permettant de poursuivre des attitudes fusionnelles ou possessives. Car quand Dieu agit, il a un objectif précis : élargir notre cœur, le rendre apte à la vie du Royaume, à la vie éternelle. Dans le récit évangélique, les gens se sont mis en route vers le Christ, ils ont quitté tout confort pour aller à lui, ils ont surmonté la fatigue du chemin, et alors il a pu s’occuper d’eux et les combler. Celui qui veut être nourri par le Seigneur ne doit pas seulement ouvrir sa bouche : il doit ouvrir son cœur.

Trop de gens imaginent que Dieu est lointain, qu’il n’agit pas concrètement dans nos vies, parce qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de quitter quelque chose pour aller vers lui. Mais tous ceux qui misent vraiment sur le Seigneur, sans vouloir gagner sur les deux tableaux à la fois, le tableau de la foi et le tableau du monde, ceux-là découvrent l’action de Dieu et ils s’en réjouissent car ils ressentent la visite du Très-Haut dans leur vie. Et ça c’est vraiment grand. Cela vaut beaucoup de traversées difficiles. Cela vaut tous les efforts pour tenir le cap dans les moments tumultueux. Je vous souhaite le grand trésor de sentir la présence de Dieu dans votre vie. Bonne route !