homélie du 11e dimanche B, 13 juin 2021

{joomplu:539} Comment réussir sa vie ? Le peuple d’Israël comptait échapper au joug de Babylone en combinant une alliance avec l’Égypte. Mais le Seigneur lui dit que cela ne marchera pas. Par contre, c’est lui qui veillera à l’avenir du peuple. Tandis que la dynastie de David est en train de se fourvoyer en acceptant des compromis avec des puissances étrangères, Dieu lui-même agira. Après le désastre, il fera réussir cette dynastie de David, en choisissant le rameau qui portera du fruit.

Aujourd’hui comme de tous temps, nous faisons des plans, nous cherchons à assurer notre avenir. La tendance naturelle est de le faire sans Dieu, puis éventuellement lui demander de cautionner nos projets. L’humanité aujourd’hui tente d’échapper au joug de la maladie, de la vieillesse et de la mort, non plus par des moyens médicaux honnêtes, mais par des techniques qui passent par l’utilisation d’embryons humains ou la location du sein maternel. Les multinationales d’internet travaillent à fabriquer l’être humain qui vivra mille ans — on appelle cela le transhumanisme. Pendant ce temps, beaucoup essaient de ne plus ressentir le vide de leur vie en s’engouffrant dans des loisirs coûteux qui sont bien souvent une charge énorme pour l’environnement et un détournement de tant de richesses qui pourraient soulager bien des misères. Et chacun pour notre vie nous risquons de faire des plans de toutes sortes sans d’abord nous être arrêtés en nous demandant : qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Est-ce que je suis en train de devenir la femme, l’homme que Dieu voudrait ? Non, ce n’est pas cela que bien souvent nous nous demandons, mais seulement comment tirer notre épingle du jeu et réussir.

En vivant ainsi nous n’évitons pas d’être enfermés dans la peur par l’ennemi de la nature humaine. Nous voyons ces dernières années combien la peur gouverne le monde. Or, comme j’aime à souvent vous le dire, « Jésus, par sa mort, a pu réduire à l’impuissance celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par peur de la mort, passaient toute leur vie dans une condition d’esclave » (He 2,14).

Le chrétien est affranchi de la peur. Il ne prend pas ses décisions en étant mû par la peur. Sans prendre de risques inconsidérés, il devient pourtant capable de risquer sa vie par amour, et ainsi de se donner lui-même. Au fond de son cœur habite cette parole du Christ : « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » (Mc 8,35)

Saint Paul nous parle de cette réussite donnée par le Seigneur : la vie éternelle, si désirable que « nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur » (2 Co 5,8). Ce n’est pas que nous boudons les bonheurs de la vie sur la Terre, mais nous faisons confiance à la Parole qui nous dit combien grande est la vie auprès de Dieu. Et nous marchons sur les traces de tant de saints illustres qui, guidés par la perspective de la vie éternelle, ont fait de leur vie un grand chant d’amour et de victoire.

Une telle réussite s’obtient à la manière que l’Évangile nous enseigne : comme la lente croissance d’une semence, qui pousse toute seule et arrive à maturité. Comme une semence minuscule qui devient un arbre capable d’abriter la vie. C’est le chemin de l’humble fidélité, de la persévérance paisible. Parents, grands-parents, que le Seigneur vous donne d’enseigner la persévérance aux enfants et aux jeunes ! Avancer patiemment, obstinément, en suivant le bien que l’on a un jour entrevu, sans se laisser dérouter par les obstacles ou la lassitude. Refuser de papillonner de petits bonheurs en petits bonheurs, afin de conquérir le grand bonheur d’une vie donnée et fidèle. Voilà la réussite !