homélie du 3e dimanche de l’Avent C, 12 décembre 2021

{joomplu:38} La joie est le bien le plus précieux de notre cœur. Si nous pouvons dire « je suis dans la joie », que demander de plus ? Mais qu’est-ce que la joie ? Nous pouvons être dans la joie quand nous réussissons quelque chose. C’est très agréable. Mais c’est une joie fragile. Ne la boudons pas quand elle arrive, mais n’y mettons pas notre cœur, sinon nous serions emportés par les revers et les contrariétés. Il en va de même de la joie que nous éprouvons quand nous obtenons quelque chose de très désiré. C’est bien, mais ce serait mieux que même dans le manque nous soyons dans la joie.

Certains courants philosophiques ou religieux nous invitent à trouver du contentement dans la réduction de nos attentes par rapport à la vie, aux autres, à nous-mêmes. N’ayant plus tellement d’attentes, nous n’éprouvons plus tellement de souffrance, puisque plus rien ne nous déçoit. Et ainsi nous trouvons une certaine paix. Mais cette tranquillité intérieure n’est plus la joie.

Or, je suis convaincu, avec toute la foi de l’Église, que nous sommes faits pour la joie. C’est une attente que Dieu lui-même a déposée en nous. Nous sommes faits pour la joie la plus vaste. Et la joie la plus vaste est la joie d’être aimé et de pouvoir aimer. Nous pouvons la ressentir parfois dans la vie conjugale ou l’amitié. C’est la joie de Dieu, celle qu’il vit lui-même dans l’amour de la Sainte Trinité ; celle dont le Christ nous dit qu’il souhaite que sa joie soit en nous (Jn 15,11).

C’est la joie que Dieu annonce à Jérusalem par le prophète Sophonie (So 3), et par Jérusalem, à toute l’Église qui est la Jérusalem nouvelle. Réjouis-toi, dit-il, non pas à cause de tes réussites, non pas parce que tes ennemis sont mis hors d’état de nuire, mais réjouis-toi car le Seigneur ton Dieu est en toi, et qu’il te renouvellera par son amour.

L’Église est la bien-aimée du Seigneur. Cette pauvre Église, avec toutes ses limites, ses couacs et aussi ses péchés… Cette pauvre Église, avec son impuissance à donner le goût de Dieu à beaucoup de nos concitoyens : cette pauvre Église est la bien-aimée du Seigneur ! ! Sa joie, c’est qu’Il l’aime. Qu’il rend ses sacrements féconds. Qu’il l’invite sans cesse à se convertir. Qu’il lui donne sa paix, une paix « qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir » (Ph 4).

L’Église, et nous qui lui appartenons, nous sommes aimés d’un amour préférentiel. Quand je dis « préférentiel », je ne veux pas dire que c’est un amour qui exclut les autres, ceux qui ne veulent pas appartenir à l’Église. Je veux dire que ce n’est pas un amour « en général », un amour abstrait, une bienveillance sans émotion. Non, le cœur de Dieu bat pour nous, il nous sourit, ce qui nous arrive a de l’importance pour lui.

Nous ne méritons pas cela, ce n’est pas un amour pour les purs seulement, mais aussi un amour pour les pécheurs. Vous savez à quel point le Seigneur Jésus a manifesté son amour aux pécheurs. Nous ne méritons pas cet amour préférentiel posé sur nous, mais nous voulons y répondre. C’est pourquoi l’appel de saint Jean-Baptiste compte pour nous. Il demandait de changer de vie. C’était plutôt des demandes simples : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Ouvrir son cœur à celui qui est dans la nécessité. Ouvrir son cœur et avoir ainsi la conscience que l’amour de Dieu n’a pas de limite ni de frontière. En ouvrant notre cœur aux autres, et en ouvrant notre cœur à Dieu dans la prière intérieure, nous découvrirons de plus en plus que l’amour de Dieu n’est pas abstrait. Le sourire de Dieu et la tendresse de son visage nous donneront une joie que rien ne pourra nous enlever, aucune inquiétude, aucune déception : l’amour de Dieu est sur nous.