homélie du 4e dimanche de l’Avent, 19 décembre 2021

{joomplu:155} Marie et Élisabeth font partie de ces personnes au cœur humble qui comptaient sur l’action de Dieu — elles pensaient que Dieu agit vraiment — et elles espéraient voir une intervention décisive de la part de Dieu. Il y avait eu la promesse de plusieurs prophètes : Isaïe, Michée, Daniel, les psaumes eux-mêmes qui parlaient d’un temps où la désolation laisserait place à la consolation, un temps où la bonté de Dieu et sa puissance seraient manifestes. Marie et Élisabeth attendaient cela.

À l’opposé de cette attitude, depuis 2 siècles l’homme dit souvent qu’il n’a pas besoin de Dieu, ou que l’action de Dieu est négligeable par rapport à son action à lui. Il se glorifie de sa science, de toutes les possibilités qu’il se donne. En réalité ce n’est pas parce que notre monde est scientifique qu’il néglige Dieu, mais parce qu’il est orgueilleux. La science ne s’oppose pas à la foi, mais l’orgueil si. L’homme prétend faire seul son bonheur, réparer ce qui ne va pas, réaliser de nouvelles prouesses, sans se rendre compte qu’il piétine tant de vies : la vie des plus faibles, ceux dont le cri ne parvient pas à nos oreilles, par exemple ceux qui vivent dans les grands bidonvilles des pays dont nous exploitons le précieux sous-sol ou la main d’œuvre bon marché, afin de pouvoir nous acheter plein de trucs pas chers… Notre monde dur piétine encore la vie des plus faibles à travers les avortements et les euthanasies. À toute échelle, la vie des sans voix est piétinée. Il y a tant de manifestations de notre égoïsme, de notre sauve-qui-peut qui nous isole des autres, comme on le voit encore pour les pays pauvres qui n’ont pas de vaccin, pour les paysans qui voient leurs champs devenir stériles, pour ceux qui doivent se vendre pour trouver un peu de travail. Comment un tel monde peut-il trouver la paix ? Comment peut-il goûter la visite de son Sauveur quand il ne veut pas reconnaître qu’il est en train de couler ?

Que pouvons-nous faire ? Nous apprenons chaque jour à compter un peu plus sur notre Sauveur. Ou bien nous devrions apprendre cela, car c’est le propre du chrétien d’être au milieu du monde comme quelqu’un qui compte sur Dieu. Ainsi nous pouvons tenir bon, et en même temps garder le cœur ouvert à tous, même à ceux pour qui nous n’avons pas de solution humaine. Aujourd’hui, celui pour qui nous n’entrevoyons pas de solution humaine devient invisible. On ne sait pas le regarder. Mais quand on compte sur Dieu, on peut lui faire une place, car on peut l’aimer et le présenter au Seigneur. Et alors, dans une solidarité renouvelée, nous sommes remplis de vie et de joie, même au cœur des difficultés.

Marie qui se rend chez Élisabeth pourrait être terrassée de soucis. Qu’est-ce que Joseph pense de son ventre qui a commencé à s’arrondir ? Comment lui parler de ce que Dieu fait en elle ? De quoi l’avenir sera-t-il fait ? Il y aurait de quoi être morose. Au contraire, Élisabeth et Marie vivent une rencontre toute simple, avec une joie immense. Elles nous montrent que quand nous affirmons que Dieu est au milieu de nous, quand nous pressentons qu’il est avec nous, qu’il nous regarde, qu’il nous encourage et nous fortifie, qu’il ouvre un avenir pour nous, alors quelle joie peut nous envahir !

Le Fils de Dieu est venu au milieu d’un monde dur, d’un monde découragé. Il est venu afin que nous ne soyons plus jamais seuls, abandonnés, coupés de Dieu, errants, perdus dans un monde qui nous dévore.

Il est aussi venu avec un certain état d’esprit, que la lettre aux Hébreux nous dévoile : il est venu faire la volonté du Père parmi nous, il est venu accomplir son désir et le faire briller à nos yeux. Nous disons chaque jour : Père, que ta volonté soit faite ! En ce jour, avec Marie et Élisabeth, regardons cette volonté comme le désir de Dieu de faire triompher son amour, de terrasser le mal par le bien. À travers ce qui va bien, et aussi à travers les difficultés, que la volonté du Père soit faite, que nous la cherchions chaque instant dans nos vies, que pour chaque action que nous nous proposons de faire nous nous demandions d’abord : est-ce que cela correspond à la volonté de Dieu ?