homélie du 8e dimanche C, 27 février 2022

{joomplu:100} Nous avons entendu le Seigneur nous dire : « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ». Cela contraste avec ce que nous avons vu : que la bouche dit le contraire de ce qu’il y a dans le cœur, afin de manipuler, de tromper, de dominer. Ce que nous avons vu de la part du président Poutine, nous le voyons aussi autour de nous lorsque nous sommes aux prises avec ceux qui vivent dans la duplicité.

Par la petite parabole de la poutre dans l’œil de celui qui voudrait enlever la paille dans l’œil de son frère, le Seigneur nous dit de ne pas nous justifier nous-mêmes, comme on le voit trop souvent, car nous risquons fort d’être comme des gens qui disent « je vois clair » alors que nous avons une poutre dans notre œil. Tant de gens se justifient eux-mêmes facilement, tenant les autres pour coupables de tout ce qui ne va pas dans leur vie. Le Seigneur nous met en garde contre cette attitude mortelle. Car en pensant ainsi nous faisons tellement de tort, et nous restons nous-mêmes étrangers à la vie qui nous préparerait au bonheur éternel.

Le Seigneur nous met donc en garde contre cette attitude qui nous fait considérer surtout le mal que les autres font et non celui que nous faisons. Mais il ne nous dit pas de faire confiance à tout le monde indistinctement. Il y a des gens qui ne sont pas dignes de confiance. Il faut le savoir ; et pour le savoir, ne pas hésiter à mettre à l’épreuve ceux qui s’approchent de nous. Nous ne les mettrons pas à l’épreuve avec malveillance, ou avec supériorité et pour condamner, mais parce que le Seigneur ne veut pas que nous soyons dominés par nos ennemis ni par des hommes de rien. Si nous devons aimer nos ennemis, il ne s’agit pas de les laisser l’emporter sur nous. Éprouvons ceux à qui nous pensons faire confiance !

Cela nous renvoie à nous-mêmes directement : suis-je d’un bloc ? Les autres peuvent-ils compter sur moi, sur ce qu’ils voient et entendent de moi ? Si je ne suis pas unifié, il est temps d’y travailler au long de ce carême, et sans doute plus longtemps. Demandons aussi au Seigneur cette grâce : « unifie mon cœur, pour qu’il craigne ton Nom ! », dit le psalmiste (Ps 85[86],11) Cela nous demande de renoncer à l’orgueil, de renoncer à paraître.

Tôt ou tard, la bouche révèle le cœur. L’arbre laisse voir le fruit qu’il porte. Fruit de bonté ou d’amertume. « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : » Vous entendez ? Le Seigneur parle ainsi. Celui qui a dit « ne jugez pas, vous ne serez pas jugés » parle aussi de l’homme bon et de l’homme mauvais. Il s’agit d’être sage. Tout ne se vaut pas. Tous les comportements ne sont pas aussi valables. Celui qui aime est capable de secouer les autres ou de dire : cela, je ne l’accepte pas, j’estime que c’est mauvais. Celui qui veut être tolérant laisse tout passer car en fait, ce qui arrive aux autres lui est égal. Mais celui qui aime n’hésite pas à dire : c’est mal. Il ne le dit pas pour rejeter ; il ne le dit pas pour s’établir supérieur ; il le dit car cela ne lui est pas indifférent de voir l’autre s’enliser dans ce qui est mauvais.

Seigneur, continue de nous former par ta sagesse, afin que notre amour soit utile aux autres et fasse grandir ton royaume !