homélie du 7e dimanche A, 19 février 2023

{joomplu:373} Jésus nous parle de comment vivre dans un monde où des gens font le mal. Plus tard, en septembre, il nous parlera des tensions dans la communauté, mais maintenant c’est au sujet des relations difficiles que nous pouvons avoir avec n’importe qui. Ce qu’il dit nous surprend : ne pas riposter, tendre l’autre joue, n’est-ce pas minimiser le mal, en plus de se laisser piétiner ? Il ne faut pas se méprendre. Rien n’est plus contraire à Dieu que le mal. Nous ne pouvons pas laisser le mal proliférer autour de nous. Mais comment allons-nous lui faire barrage ? Là est la vraie question. Jésus propose de dénoncer le mal autrement que des réflexes purement humains nous le suggéreraient en réclamant notre dû, en intentant un procès, en proclamant partout que nous sommes victimes. J’ai l’impression que le Seigneur nous propose d’agir selon une bonté transformante, une attitude positive envers la personne mauvaise qui parvient à dissocier la personne de ses mauvais projets, afin de dénoncer le mal et en même temps reconnaître la bonté de la personne et sa capacité à changer.

Quand Jésus demande de laisser notre manteau à celui qui nous fait un procès pour prendre notre tunique, il nous fait finalement dire : regarde à quel point tu veux me dépouiller ! Iras-tu jusque-là dans tes mauvaises intentions ? N’y a-t-il pas un bon ressort caché en toi ?… Jésus ne propose pas de se laisser faire, mais de tordre le cou au mal en rejoignant ce qui peut rester de bon dans le malfaiteur. C’est aussi le sens de tendre l’autre joue ou de faire 2000 pas avec le soldat envahisseur qui nous a réquisitionné pour 1000 pas.

Vous me direz que c’est risqué… Et c’est vrai. Mais nous gagnons à vivre notre combat contre le mal dans le cadre plus large du grand combat de Dieu contre le mal. Dieu a-t-il intenté un procès à l’humanité ? Si nous le voyons parfois comme une hypothèse dans l’Ancien Testament, nous découvrons dans le Christ une toute autre manière de faire. C’est en subissant le mal que le Christ s’en rend maître. Une foule de chrétiens martyrs nous précède, qui, sans mépriser leur vie, lui ont conféré une réussite sans pareille en donnant leur vie comme le Christ. Ils ne croyaient pas au mépris dont on les entourait. Ils ne se laissaient pas dire que ce qui n’allait pas était de leur faute. Ils se savaient du côté du grand Dieu qui a tout créé et qui peut sauver l’humanité. Demandons à l’Esprit Saint la grâce de mener ainsi notre vie, en rejoignant le combat du Christ contre le mal, en luttant comme lui, avec ses armes, priant pour ceux qui nous persécutent, afin que si possible ils soient sauvés eux aussi et qu’un jour, débordant de joie, nous puissions dire : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » (Is 25,9). En attendant, le Christ nous a donné le pouvoir de changer les cœurs.