homélie de la veillée pascale 2023

{joomplu:199} Nous avons souvent des idées théoriques sur Dieu, nous demandant s’il existe, ou pourquoi il tolère le mal s’il peut agir dans la vie des hommes, etc. Ce sont des idées qui nous paralysent et nous font rester dans une sorte de vague status quo. Ce soir au cours de cette veillée pascale nous entourons six jeunes femmes qui se sont situées tout différemment devant Dieu. Elles ont commencé une histoire avec lui. Ce n’était peut-être pas ce que vous aviez imaginé en prenant contact avec la paroisse pour recevoir le baptême, mais vous avez accepté d’entrer dans un long cheminement, toute une histoire que vous tissiez avec Dieu au fil des rencontres du catéchuménat, des entretiens individuels ou en groupe, des temps de prière avec la paroisse, et finalement les dernières étapes depuis le début du carême. Aujourd’hui, après avoir entendu toutes ces lectures, nous nous rendons tous compte que la découverte de Dieu se fait en vivant une histoire avec lui. C’est l’histoire sainte, dont vous avez entendu le récit de quelques moments, depuis la création jusqu’au projet de recréation du cœur de l’homme, en passant par l’épreuve de foi d’Abraham, la détresse du peuple hébreu et sa libération, et tout le chemin de purification offert par les prophètes. Dieu ne se rencontre pas comme la solution à une question, mais comme un partenaire avec qui on chemine. C’est comme cela que l’humanité a appris Dieu ; c’est la Révélation de Dieu au fil de l’histoire sainte, d’abord vécue puis consignée dans les Écritures que l’on appelle la Bible.

On découvre le cœur de Dieu en le côtoyant longuement, patiemment, et c’est ainsi que peu à peu naissent les réponses aux questions que l’on se posait au départ, et spécialement celle-ci : que fait Dieu face à la souffrance humaine ? Face à ma souffrance et face à celle de tant d’êtres humains ? Depuis jeudi nous revivons avec le Fils de Dieu son mystère pascal. En y passant le temps des célébrations du jeudi puis du vendredi saint, et celle de ce soir, en accompagnant cela du jeûne, de la prière, de la solidarité, nous faisons entrer dans notre vie les bienfaits de son amour. Ce n’est pas simplement que nous connaissons son parcours parce que nous l’avons lu un jour. Mais nous unissons à son combat tous les combats que nous menons dans notre vie pour rester dans la lumière.

Quand nous nous demandons quel est le sens de notre vie, nous vivons le Jeudi saint où le Christ nous fait sentir que le plus beau sens de la vie est de se donner soi-même. Quand nous nous heurtons au silence de Dieu, nous rentrons dans le chemin de la croix et la célébration de la Passion du Vendredi saint, et nous pressentons que c’est dans la fidélité à Dieu, coûte que coûte, que la force du mal commence à être renversée pour de bon, tandis que tous les discuteurs et ceux qui étalent des arguments humains n’apportent pas le moindre rayon de lumière.

Vous voyez, cela se vit avec Jésus, le Fils de Dieu ; cela s’apprend en se vivant. Et nous voici ce soir dans l’église qui a retrouvé toutes ses lumières, encouragés à espérer contre toute espérance. Nous voilà maintenant ébahis comme les femmes venues au tombeau, comprenant à peine ce qui se passe quand le Christ est ressuscité d’entre les morts. Il leur faudra du temps pour saisir la portée de l’événement, et comment c’est une promesse pour chacun de nous à la fin des temps. Le chemin de l’histoire sainte n’est pas terminé. Chacune des femmes de l’évangile va le continuer, et les apôtres aussi, eux qui doivent se rendre en Galilée pour recevoir de Jésus les perspectives de l’avenir de l’Église. Depuis 2000 ans l’Église chemine et continue l’histoire sainte. Parfois il y a des pages sombres, pleines de lâcheté ou de compromissions avec l’esprit du monde, l’amour de l’argent, de la domination, des plaisirs. Mais souvent il y a de belles pages, des pages de fidélité, d’espérance, de don de soi, de service de tous ces êtres humains qui sont devenus des frères et sœurs. Et dans l’histoire sainte de l’Église il y a ces pages que vous, les futures baptisées, vous avez écrites depuis plusieurs mois ; et celles que nous allons écrire ensemble, pleines de foi et du désir de faire connaître l’amour de Dieu et la lumière qu’il met dans nos vies. En route !