homélie du 6e dimanche de Pâques. 5 mai 2013

Qui d’entre nous n’a jamais rêvé d’être libéré de toute peur, de ne plus rien craindre de l’avenir ni de ce que l’on pense de nous ? Ne plus s’inquiéter du risque de manquer d’amour ou d’argent, de perdre ceux que nous aimons ou d’échouer dans nos entreprises… Le Christ nous propose cela. Non pas sur le mode d’un détachement hautain de tout ce qui fait nos préoccupations quotidiennes, comme si nous disions  : « je suis au-dessus de tout cela ! » Mais sur le mode d’une grande tranquillité intérieure, d’une assurance inébranlable. C’est la paix que le Christ nous donne.

Cette paix n’est pas une simple absence de conflits extérieurs ou intérieurs. Elle ne s’obtient pas parce que Dieu nous mettrait sous la main toutes nos assurances. Car ce n’est pas à la manière du monde que le Christ nous la donne (Jn 14,27). Cette paix ne vient pas non plus d’un marchandage où nous dirions à Dieu  : « je fais des efforts pour toi, je viens à la messe, et en retour tu me donnes de quoi être rassuré ». Au contraire, cette paix naît de la relation avec le Christ. « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (v.23). La paix vient de la proximité avec Dieu, elle vient du fait que nous pouvons savoir Dieu à nos côtés et qu’avec Dieu à nos côtés rien ne pourra nous menacer.

On pense parfois qu’être proche de Dieu c’est s’exposer à beaucoup de tourments, comme on le voit dans la vie de tel ou tel saint. Mais si les hagiographes racontent les difficultés des saints, ce n’est pas pour dire  : « si tu veux devenir saint et vivre de la proximité de Dieu, prépare-toi à souffrir ! » On raconte les difficultés des saints pour nous faire comprendre que même dans telle difficulté ils ont pu tenir, parce que le Seigneur était là et qu’ils comptaient sur lui ; et pour dire que Dieu veut faire cela aussi pour nous, nous rendre inébranlable comme eux.

C’est une paix profonde que le Christ veut nous donner, une paix large comme les océans, qui déborde sur ceux qui nous entourent. Cette paix s’entretient par l’amour du Christ. Disons souvent à Jésus que nous l’aimons, tournons notre cœur vers lui à toute occasion, même lorsque nous sommes dans la voiture ou dans la file du supermarché. Nous nous habituerons à vivre avec Dieu, à l’avoir près de nous, et nous deviendrons capable de faire sa volonté, d’être généreux même lorsque nous nous sentons menacés, de donner à celui qui en a besoin. Une grande lumière brillera de notre être, pour notre bonheur et celui de ceux qui nous entourent. C’est l’Esprit qui réalise cette intimité avec le Père et le Fils. C’est pourquoi Jésus nous dit qu’il nous fera souvenir de tout ce qu’il nous a dit (v.26). Ce n’est pas un souvenir comme celui que nous avons lorsque nous passons un examen et que nous pouvons recopier le cours. Pour un tel souvenir, il suffirait d’avoir sous la main un livre des évangiles. C’est un souvenir vivant, un souvenir actif en nous, comme celui de ceux que nous aimons.

Enfin, dans la file du supermarché, prions pour tous ceux qui n’aiment pas le Christ, qui trouvent qu’il y a tant de choses plus urgentes et plus intéressantes que de s’attacher à lui. Car Jésus disait aussi  : « Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi  : elle est du Père, qui m’a envoyé » (v.24). Ce n’est pas rien de ne pas aimer le Christ, de dire  : ta parole ne nous intéresse pas. Car c’est la parole du Père qui a tout créé, de qui tout vient et vers qui nous allons. Il faut prier beaucoup pour ceux qui disent  : Dieu ne m’intéresse pas, j’ai tant d’autres priorités. Afin qu’un jour nous puissions nous réjouir ensemble de la beauté de Dieu !