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Je suis indigné par la façon dont les propos du pape au sujet du préservatif et du sida sont relatés et commentés. Alors voilà, je copie ici les propos du pape en réponse aux questions des journalistes. Que chacun puisse se faire une idée :

« - Question du journaliste de France 2 : Sainteté, parmi les nombreux maux dont souffre l’Afrique, il y a en particulier celui de l’expansion du Sida. La position de l’Eglise catholique sur le mode de lutter contre cela est souvent considérée comme n’étant ni réaliste ni efficace. Aborderez-vous ce thème durant votre voyage ? Très saint Père, vous serait-il possible de répondre en français à cette question ? »

« - Vous parlez bien l’italien... En fait, je dirais le contraire. Je pense que la réalité plus efficace, plus présente, plus forte de la lutte contre le Sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses diverses réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui fait tant – de manière visible ou invisible – pour la lutte contre le Sida, aux Camilliens, à tant d’autres, à toutes les sœurs qui sont disponibles aux malades... Je dirais qu’on ne peut vaincre ce problème du Sida simplement avec des slogans publicitaires. Ceux-ci sont nécessaires, mais s’il manque l’âme sachant l’utiliser, cela n’aide pas, l’on ne peut vaincre avec la distribution de préservatifs ; au contraire, cela augmente le problème. La solution ne peut être que double : premièrement, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain comportant un nouveau mode de se comporter les uns avec les autres, et deuxièmement, une vraie amitié surtout pour les personnes qui souffrent, une disponibilité, avec des sacrifices, avec des renoncements personnels, pour être avec les souffrants. Toutes ces choses sont les facteurs qui aident et qui portent en eux les progrès véritables et visibles. C’est pourquoi je dirais notre double force de renouveler l’homme intérieurement, de lui donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste dans les conduites vis-à-vis de son propre corps et celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec les souffrants, de rester présent dans les situations d’épreuve. Cela me semble être la juste réponse, et l’Eglise la fait, et offre ainsi une contribution de très grande importance. Rendons grâce pour tous ceux qui le font. » (source)

Vraiment, il est devenu interdit de penser autrement dans cette société. Notre monde est-il devenu une dictature des bien-pensants ? C'est à quoi ressemblent les interventions de nos hommes politiques de tous bords.

Je voudrais rassembler toute une contre-information, pour que le lecteur puisse voir qu'il y a au moins d'autres données dans ce problème de la lutte contre le sida. Alors commençons :

  • Voici une réflexion mesurée d'un gars pas catholique mais dont la pensée est libre. Il faut le lire !
  • Au Ghana, la campagne de prévention s'appelle ABC: Abstain, Be faithful to one partner, or use a Condom... Là-bas, « popular personalities with young audience appeal deliver these practical, lifesaving messages about “how to say no,” that “it’s OK to wait,” and “if you’re going to have sex, use a condom.” Other approaches feature positive role models in situations that help young people learn assertiveness and negotiation skills when they are confronted with sexual advances or feel pressured to have sex. » Tout cela me paraît vraiment dans le sens indiqué par le pape.
  • Une description de la situation en Afrique du Sud par un évêque anglican, Hugh Slattery, brise aussi quelques idées toutes faites. (vidéo)(résumé en français).
  • L’Ouganda est le seul pays d’Afrique où l’infection du SIDA a vraiment diminué. Les campagnes de prévention du gouvernement visaient à obtenir des changements de comportement de la population tels la diffusion de l’abstinence et de la monogamie, l'augmentation de l’âge moyen des premières relations sexuelles, la réduction du nombre moyen de partenaires sexuels et une utilisation plus fréquente du préservatif.(source)
  • J’ai développé un petit argument dans mon homélie de mercredi, bien qu’il ait scandalisé quelques étudiants.
  • 30% des centres de soins du sida dans le monde sont gérés par des structures catholiques. Plusieurs spécialistes notent que le recours massif aux préservatifs en Afrique n’a pas permis, jusqu'ici d’endiguer l’épidémie alors que des thérapies efficaces tardent à être appliquées. (source)
  • Il y a aussi cet article du Lancet : dix mythes et une vérité à propos du SIDA.
  • Et encore un blog non catho: maître Eolas, journal d'un avocat
  • Les commentaires sur le site du nouvel Obs sont intéressants aussi...
  • Ce 1er avril le pape s'invite au G20 mais les médias ne vous le diront certainement pas...

Communiqué

de la Secrétairie d’État du Vatican

suite à l’intervention du Parlement belge

Cité du Vatican, 17 avril 2009, Voici le communique de la Secrétairerie d’État :

L’Ambassadeur du Royaume de Belgique, sur instructions du Ministre des Affaires Étrangères, a fait part au Secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les États de la Résolution par laquelle la Chambre des Représentants de son pays a demandé au gouvernement belge de « condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique et de protester officiellement auprès du Saint-Siège ». L’entretien a eu lieu mercredi 15 avril.

La Secrétairerie d’État prend acte avec regret de cette démarche, inhabituelle dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Belgique. Elle déplore qu’une Assemblée parlementaire ait cru bon de critiquer le Saint-Père sur la base d’un extrait d’interview tronqué et isolé de son contexte, qui a été utilisé par certains groupes avec une claire intention intimidatrice, comme pour dissuader le Pape de s’exprimer sur certains thèmes, dont les implications morales sont pourtant évidentes, et d’enseigner la doctrine de l’Église.

Comme on sait, le Saint-Père, répondant à une question sur l’efficacité et le caractère réaliste des positions de l’Église en matière de lutte contre le SIDA, a déclaré que la solution est à rechercher dans deux directions : d’un côté une humanisation de la sexualité, et, de l’autre, une authentique amitié et disponibilité envers ceux qui souffrent, soulignant l’engagement de l’Église dans l’un et l’autre domaine. Sans cette dimension morale et éducative, la bataille contre l’épidémie ne sera pas gagnée.

Alors que, dans certains pays d’Europe, se déchaînait une campagne médiatique sans précédent sur la valeur prépondérante, pour ne pas dire exclusive, d’un certain moyen prophylactique dans la lutte contre le SIDA, il est réconfortant de constater que les considérations d’ordre moral développées par le Saint-Père ont été comprises et appréciées, en particulier par les africains, par les vrais amis de l’Afrique et par certains membres de la communauté scientifique. Comme on peut lire dans une récente déclaration des Évêques de la Conférence Épiscopale Régionale de l’Ouest de l’Afrique (CERAO) : « Nous savons gré [au Saint-Père] pour le message d’espérance qu’il est venu nous livrer au Cameroun et en Angola. Il est venu pour nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix, pour que l’Église d’Afrique soit elle-même une flamme ardente d’espérance pour la vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec nuance, clarté et pénétration, l’enseignement commun de l’Église en matière de pastorale des malades du SIDA ».