homélie du 14 janvier, 2e dimanche ordinaire de l’année B

{joomplu:150} Nous voilà placés devant l’appel de Dieu. Nous découvrons ainsi combien il se soucie des hommes. Il souhaite trouver des partenaires pour réaliser son projet pour l’humanité. Aujourd’hui l’appel de Dieu semble rare, si on se permet d’en juger par le petit nombre de ceux qui engagent leur vie à la suite du Christ. Mais on peut se demander si c’est l’appel qui est rare, ou si c’est plutôt la réponse. Car l’idée est très répandue que la vie de croyant peut se contenter d’une implication minimale, et j’ai déjà entendu que même pour le ministère des prêtres on ferait bien d’inventer une sorte de contrat à durée déterminée. L’histoire de Samuel évoque également une rareté de la vocation, et les disciples qui cherchent Jésus ne sont que deux au départ. Finalement, c’est la diffusion du christianisme qui va faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’abord d’avoir des croyances, mais de se laisser appeler. L’Église est la communauté des appelés, et le mot ecclesia veut dire “les convoqués”. Le baptême, par lequel on devient chrétien, se présente comme la réponse à un appel du Seigneur, d’après ce qu’on lit dans les prières qui l’entourent. Il est normalement le début d’une vie nouvelle. Tous, vous bénéficiez d’une vocation, d’un appel de Dieu.

À la lecture de la lettre de saint Paul, nous découvrons que cet appel concerne tous les aspects de notre vie, y compris notre corps (1 Co 6,13ss). La vie dans le corps n’est pas quelque chose qui se passe à part de la foi. Notre corps « est un sanctuaire de l’Esprit Saint ». Il est appelé à la résurrection, à entrer dans la vie éternelle. Alors, l’amour physique lui-même peut être saint. Il peut aussi être un lieu de franche opposition à Dieu, comme le suggère Paul (par pudeur, la liturgie a même passé un verset sous silence). Il peut être, plus souvent, et vous en avez peut-être fait l’expérience, un lieu de discrète opposition au plan de Dieu, lorsqu’on appelle “amour” ce qui est surtout l’occasion de se servir de l’autre ou de soi aux seules fins de la satisfaction des sens. Mais l’amour physique peut être un lieu de sainteté, lorsqu’il correspond au don de soi vécu dans le mariage. L’Église a été de tous temps le grand défenseur de la sainteté du mariage de l’homme et de la femme, contre tous ceux qui le dévalorisaient ; notamment, dans les temps anciens, les cathares ou Albigeois, qui comptaient pour négligeable la vie corporelle et pour mauvais le fait d’engendrer des enfants. Aujourd’hui encore, ce qui peut paraître une étroitesse de l’Église en matière de sexualité est en réalité une promotion du corps, de l’appel que Dieu lance à tous de vivre la sainteté dans le corps aussi.

Alors, trouvons notre joie à laisser l’appel de Dieu saisir toutes les dimensions de notre vie, surtout celles où il n’a pas encore pu prendre pleinement pied : pour les uns, la vie dans le corps et ses pulsions ; pour d’autres la vie financière, vécue seulement selon les lois du monde ; pour d’autres encore les rapports entre collègues, ou en famille, ou avec ceux qui nous ont blessés. Partout, le Seigneur veut nous faire progresser dans l’union à sa volonté, pour notre joie.