homélie du 2e dimanche de Pâques 2024

Soyons frappés aujourd’hui par le message du Christ à ses disciples : « paix à vous ! » Ils en avaient bien besoin, après avoir déserté, proclamé haut et fort qu’ils ne connaissaient pas Jésus, après l’avoir abandonné tout au long de sa passion. Comme leur cœur devait être bouleversé d’avoir été si peu fidèles, d’avoir si peu aimé ! Je pense à Pierre. Je pense à Thomas, qui avant d’aller chez Lazare, parce que tous avaient senti que retourner en Judée (chez les Juifs, comme dit saint Jean) était très risqué, avait dit : « allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11,16) Comme ces bonnes intentions s’étaient volatilisées devant le combat de la foi à mener.

« Paix à vous ! », souhaite le Christ à ses disciples déroutés. Et à nous également, il fait ce souhait, nous qui sommes parfois perdus, ou qui nous justifions nous-mêmes en minimisant nos fautes. Mais il ne s’agit pas de se justifier soi-même, il s’agit d’accueillir la paix. Dans sa grande tendresse pour nous, le Christ, fort de sa victoire sur le mal, nous apporte la paix.

Qu’est-ce que la paix ? On pourrait dire tant de choses, mais je me permettrai cet abrégé : la paix, c’est d’avoir le cœur content, dans la lumière, dans la joie. C’est de se sentir rempli d’amour et d’avoir le désir d’aimer même ceux que nous avons du mal à aimer. C’est sentir le lien vivant qui nous unit à Dieu, qui nous fait enfant de Dieu ; c’est vivre dans l’amitié de Dieu. À ses disciples qui ne sont sûrement pas dans la paix, Jésus propose la paix. Il est celui qui donne la paix. Lui ouvrir son cœur, c’est commencer d’accueillir la paix. Il est le prince de la paix.

Jésus sait bien aussi qu’il y a un obstacle en nous : ce qu’on appelle le péché. Qu’est-ce qu’un péché ? Un éloignement de Dieu, ou même une rupture avec Dieu (péché mortel). D’autant plus dangereux qu’on ne le sent pas ainsi. On ne se dit pas : je vais m’éloigner de Dieu ; mais plutôt : je vais vivre comme j’en ai envie, sans me soucier de ce que Dieu attend de moi, sans m’interroger sur ce qu’il nous a demandé. Ce que je vais faire est mal ? L’Église me dit que c’est mal ? Bah, bah ! J’ai plus envie de suivre mes idées. Et voilà que je m’éloigne, insensiblement. Et quand je suis loin de Dieu, je ne sens plus que je suis loin, je n’ai pas conscience de ce que j’ai perdu. Simplement, je me sens insatisfait. Un rien m’énerve. J’ai envie d’accuser les autres. J’ai besoin de me donner toute sorte de compensations. Le doute prend possession de mon esprit, je considère les choses de la foi comme des enfantillages, etc. Voilà le signe que j’ai laissé le péché creuser un fossé entre mon cœur et celui de Dieu.

Jésus sait cela, et il propose le moyen de retrouver le cœur du Père, il réouvre le chemin de la paix, en disant à ses apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » (Jn 20,22-23). Joie du pardon des péchés. Joie de retrouver l’intimité avec notre Père du ciel. Offerte par l’Église, déléguée par Jésus pour donner ce pardon, et c’est son devoir impératif. Aller se confesser, c’est courir dans les bras de son Père du ciel, c’est retrouver son amour, c’est laisser son cœur être couvert de baisers par Lui.

Aujourd’hui c’est le dimanche de la miséricorde divine, institué par le pape Jean-Paul II à Pâques 2000. C’est une des missions principales de l’Église : offrir l’intimité avec Dieu dont chaque homme a tant besoin. Offrir de vivre dans la paix et la lumière de Dieu qui nous aime tant. Permettre que l’œuvre de réconciliation opérée par le Christ atteigne tous ceux qui ne vivent pas encore de l’amour de Dieu. Que ce soit aussi notre objectif : vivre dans la paix de Dieu et proposer cela à ceux que nous côtoyons. Nous en avons tous tellement besoin. Nous sommes créés pour cela !