homélie du 2e dimanche de carême, 13 février 2022

{joomplu:89} Personne n’a jamais vu Dieu. Il échappe aux instruments de la science, si bien que des esprits réductionnistes, qui pensent qu’il n’y a rien en dehors de ce que les outils de la science peuvent saisir, ont pu conclure qu’il n’y avait pas de Dieu. Nous pouvons faire une démonstration rationnelle qui montre qu’il est raisonnable de penser qu’il y a un Dieu. À partir de la perfection de l’univers, à partir même de son existence, à partir de l’existence d’un être intelligent dans l’univers, capable de comprendre ses lois, nous pouvons déduire qu’il est fort probable qu’il existe un Dieu au-dessus de tout, un être intelligent, à l’intelligence duquel nous participons. Mais tout cela n’est pas encore une rencontre de Dieu. Et il me semble que tant que Dieu n’est pas rencontré, nous n’avons pas encore fait beaucoup de chemin. Les récits bibliques entendus aujourd’hui nous parlent d’êtres humains qui ont fait la rencontre de Dieu. Abram, qui n’est pas encore devenu Abraham, comprend que c’est Dieu lui-même qui passe au milieu de son sacrifice. Ce qu’Abraham a offert de lui-même pour Dieu, le Seigneur lui-même l’accueille en manifestant sa présence et en faisant sentir sa promesse.

Dans l’évangile, trois disciples font une expérience étonnante. Ils cheminent avec Jésus depuis un moment. Ils lui ont consacré déjà un an ou deux de leur existence. Ils ont pressenti depuis longtemps que celui qu’ils suivent est vraiment exceptionnel. Et voilà qu’ils voient de leurs yeux et entendent de leurs oreilles que ce Jésus est le Fils de Dieu, et que Moïse et Élie, les plus grands prophètes, s’entretiennent avec lui sur l’œuvre qu’il doit réaliser, « son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem » (Lc 9,31).

Abram, tout comme Pierre, Jacques et Jean, avaient besoin de faire cette expérience de la proximité de Dieu, afin de pouvoir continuer à réaliser leur mission en étant fortifiés par ce Dieu pour qui ils risquaient gros. Je pense qu’il en est de même pour nous. Si nous attendons une manifestation du Seigneur en étant confortablement installés dans le fauteuil de notre vie, entourés des petits bonheurs que nous parvenons à nous procurer nous-mêmes, il y a peu de chance que nous fassions l’expérience de Dieu. Mais si nous nous trouvons dans une situation risquée parce que nous avons commencé à marcher avec Dieu et que nos premiers choix nous ont déjà un peu éloignés des bonheurs courants, sûrement nous pouvons demander au Seigneur de faire une trace de lui dans notre vie, et il le fera, pour notre joie.

Le croyant qui fait des choix pour son Seigneur a la joie de marcher avec lui et de le sentir à ses côtés. Bien sûr, c’est rare. Quand nous allons tous les dimanches à la messe nous n’éprouvons pas tous les dimanches une caresse de Dieu. Mais par ce fait que nous sommes entrés dans cette fidélité, une fidélité parfois coûteuse, il peut se passer de temps en temps dans notre vie quelque chose comme une caresse de Dieu. Parce que Dieu est vivant et que notre lien avec lui est devenu vivant aussi. C’est ce que je vous souhaite en ce carême : que votre lien avec Dieu devienne de plus en plus vivant. Ainsi vous pourrez dire comme saint Paul : nous avons notre citoyenneté dans les cieux ! Le bonheur du ciel est déjà le mien. Dieu va faire réussir ma vie.