Encore une homélie sur la foi : messe des étudiants, 21 avril 2010, sur Jn 6

{joomplu:47}Jésus se trouve devant des gens qui ont vu un signe extraordinaire : il a nourri une foule de 5000 hommes avec 5 pains et 2 poissons. Ils ont vu un signe, mais ne croient pas (Jn 6,36). L’insistance sur la non foi nous touche : même eux qui voyaient ne croyaient pas toujours ! Aujourd’hui, dans le monde, c’est difficile de croire, et tout ce qui se passe dans l’Église n’arrange rien. Mais en ce temps-là déjà Jésus a montré plein de signes et on ne croyait pas.

Les signes n’emportent pas la décision à eux seuls. Cela donne un défi à l’homme, à sa liberté sollicitée pour se décider. C’est là que le Père intervient : la foi n’est pas d’abord mon propre choix de Dieu, mais il y a un don de la foi : « ceux que le Père me donne », dit Jésus (v.37). Qui le Père donne-t-il ? En grec c’est un pluriel neutre, invitation à ne pas distinguer telle personne de telle personne. Le Père donne tous ceux qui veulent bien... Celui qui vient à lui, Jésus « ne va pas le jeter dehors ». La foi s’obtient en la demandant, en acceptant de demander au Père.

Nous pouvons demander à Dieu un signe pour croire, un signe qui nous attire à lui, et parmi nous il y en a qui ont reçu un tel signe un jour ou l’autre dans leur vie. Mais une fois le signe reçu il faut décider d’y croire encore et ne plus embêter Dieu avec d’autres signes (v.30). Quand le signe est donné, c’est pour la vie, et le temps de la foi commence vraiment.

Pourquoi est-ce par la foi que nous rejoignons Dieu, que nous bénéficions de sa présence ? Parce que c’est une question d’ouverture du cœur : ouvrir notre cœur à un autre que nous voulons aimer. Ainsi ce n’est pas dans l’évidence, comme pour la science ou l’actualité, que se passe la rencontre de Dieu, mais par la foi, comme dans tout amour profond. C’est un être qui s’ouvre à un autre être, qui le désire, qui le cherche car il veut l’aimer.

Le contraire de la foi, ce n’est pas le doute, mais le « une fois pour toutes ». Les choses de la foi ne peuvent pas être entérinées une fois pour toutes comme un donné conceptuel. La foi, c’est vivre avec une réalité invisible, y revenir fréquemment, en tenir compte couramment. La foi se vit, comme se vit l’amour. Il arrive que nous ayons un ami que nous voyons très volontiers, puis la vie nous sépare et nous n’avons plus de nouvelles l’un de l’autre. Il ne faudrait pas que cela se passe ainsi avec Dieu.

C’est pourquoi nous prions : pour vivre à ce niveau du cœur, et y être rappelés quand nous nous en éloignons. Parfois on perd le goût de Dieu, de la prière, on s’enfonce dans l’activisme, même notre prière est envahie par tout ce qu’on a à organiser. Et on ne le remarque même pas... Mais si nous perdons le goût de Dieu, c’est sûrement le signe qu’il faut revenir à cette ouverture du cœur que la foi requiert. Car la foi, c’est la vie de l’amour.