homélie du 10e dimanche, 9 juin 2013
Nous assistons aujourd’hui au miracle le plus inouï : rendre la vie à un mort. Jésus tombe sur une procession funèbre qui sort de la ville vers le cimetière. Il est « saisi de pitié », littéralement pris aux tripes. Parfois nous imaginons Dieu insensible devant le mal, comme s’il s’était assis sur le rebord du monde… Mais il est pris aux tripes.
Ce qui ne signifie pas que Dieu abroge tout le mal d’un coup de baguette magique. Nous sommes tous désemparés devant telle maladie ou tel décès qui nous paraît si injuste, si prématuré, au conséquences si graves pour ceux qui restent. Ce jour là, dans le monde, beaucoup de veuves conduisaient en terre leur fils unique, mais Jésus rencontre la veuve de Naïm et lui rend son fils. J’en conclu que les miracles ne sont pas là pour résoudre le problème du mal dans le monde, mais ils révèlent que Dieu visite son peuple lorsque celui-ci se sent abandonné ou rejeté.
Les miracles attestent aussi à tous que le témoin de Dieu qui les opère est véridique, que l’on peut compter sur la parole qu’il dit de la part de Dieu : Dieu agit par lui, réalisant le dernier verset de l’évangile selon saint Marc : « le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient ».
Ce grand miracle n’est pas réalisé sur base de la foi de la mère. Cela montre que même lorsque Jésus demande la foi pour faire un miracle, ce n’est pas comme monnaie d’échange, mais plutôt comme condition de réception du miracle. Car un miracle ne touche pas tous les cœurs, et tous ne réagissent pas comme la foule d’aujourd’hui. Jésus a fait des miracles tout en manifestant une réticence par rapport à eux. Le miracle semble être un moyen de percer la carapace du cœur, de susciter l’attention ; mais il doit être dépassé pour rejoindre Jésus en lui-même et accéder à la foi.
Pour finir, je pense à une autre veuve qui assiste à la mort de son fils unique. Marie, au pied de la croix. Jésus ne descend pas de la croix, il n’est pas rendu à sa mère comme le jeune homme de Naïm. Le Père ouvre un autre espace, où Marie reçoit son fils pour vivre avec lui dans la foi. Ce n’est pas moins réel, mais c’est un autre chemin, qui est ouvert pour nous tous.