homélie du Mercredi des cendres 2023

escaliers Nous allons recevoir des cendres sur le front, en signe de pénitence. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le carême est un temps de pénitence, c’est-à-dire un temps de repentir. Le repentir, c’est remonter la pente, c’est remonter de là où nous sommes tombés. Il n’y aurait pas de carême si nous n’étions pas pécheurs. Et il n’y aurait pas de carême si le péché n’était pas quelque chose de grave. Bien sûr, dans le mal que nous faisons volontairement — c’est cela le péché, faire le mal en sachant que c’est mal et en voulant le faire — tout n’a pas la même gravité. Mais quand les autres pèchent contre nous, cela nous fait de la peine, cela peut même nous blesser profondément. On comprend donc que le pécheur que nous sommes doit remonter la pente, que nous ne pouvons pas rester endormis dans le mal que nous faisons en disant : bah, c’est pas grave, j’irai me confesser et Dieu me pardonnera. Car oui, Dieu veut pardonner au pécheur qui regrette sincèrement le mal qu’il a commis, mais il nous faut regretter sincèrement et vouloir changer. Notez que pour des habitudes mauvaises qui sont profondément enracinées dans les méandres de notre cerveau, ce changement risque de prendre beaucoup de temps, et que nous aurons l’impression de souvent retomber. Mais l’important est de ne pas se décourager.

homélie du jour de l’an 2023

Une fontaine à Saint-Pierre Nous commençons une nouvelle année avec l’octave de Noël, et cette double fête de sainte Marie Mère de Dieu et de la circoncision de son fils, où il reçoit son nom : Jésus, « Dieu sauve ». Commencer l’année ainsi nous rappelle que c’est de Dieu que vient toute vraie nouveauté, et que c’est dans la foi que, comme Marie, nous sommes renouvelés. Après une année 2022 qui fut difficile, et qui a succédé à d’autres années éprouvantes, le plus profond de nous attend une meilleure année, même s’il n’ose trop l’espérer et que les analystes qui se répandent dans les médias ne sont pas très optimistes, à part quelques politiciens volontaristes dont le discours sonne un peu faux.

homélie de la veillée de Noël, 24 décembre 2022

Vierge à l’enfant Est-ce qu’il y a un Dieu, et est-ce qu’on peut compter sur lui ? C’est une question que beaucoup de gens se sont un jour posée, et à laquelle ils ont souvent répondu « non ». Et s’ils en sont arrivés là, c’est principalement à cause des épreuves de la vie, de l’irruption de la souffrance dans la vie des hommes — et spécialement celle des innocents. Où est Dieu ? Est-ce même respectueux pour ceux qui souffrent de penser qu’il existe ? Nous pouvons réfléchir à cela en essayant d’imaginer la situation du peuple de Dieu dont nous a parlé Isaïe. Jérusalem méritait le nom de « Délaissée » et de « Désolation », nous dit le prophète. Parfois, nous pensons que nos vies aussi pourraient bien s’appeler « désolation » ou « abandon ». Nous nous sentons seuls avec nos problèmes, et il n’y a rien de pire que de se sentir abandonné devant quelque chose d’apparence insurmontable.

homélie de la Toussaint 2022

Je te montrerai le chemin du ciel Quand on entend le Seigneur dire « votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5,12), on est souvent un peu dépité, car on aimerait une récompense pour maintenant. Enfin, dans l’ambiance actuelle, c’est déjà quelque chose d’entendre qu’on peut se préparer à un grand avenir… L’avenir nous paraît de nos jours si compliqué… Tout à l’heure je me demanderai si ce bel avenir ne commence pas aujourd’hui, mais explorons d’abord de quoi sera fait cet avenir. Je ne le ferai pas par des suppositions, mais à partir de l’énumération que le Seigneur nous fait en promettant le bonheur.

homélie de l’Assomption 2022

Laon, vitrail de l’Apocalypse, Peut-être avez-vous frémi en vous faisant mentalement le film de la lecture de l’Apocalypse ? (Ap 12) Nous sommes frappés par la disproportion entre la fragilité de l’enfant à naître d’une femme criant dans les douleurs de l’enfantement, et la férocité du dragon qui s’apprête à le dévorer. S’il y a là une figure de la situation de l’Église dans le monde, c’est pas gagné pour nous. L’Église veut donner le Christ au monde, mais le diable inspire dans le monde des forces d’opposition qui veulent faire taire la parole de l’Évangile. Le plus souvent, il veut faire taire le témoignage rendu au Christ en réduisant l’évangile à une parole gentillette — or vous avez entendu hier que l’Évangile n’est pas gentillet (Lc 12,51). Parfois l’opposition à l’Évangile se fait en le coupant des exigences concrètes, pour être sûr que rien ne change dans notre vie, et on pourrait en venir à dire que l’Évangile est inspirant, tout en vivant pratiquement à l’opposé et en critiquant l’Église qui essaie de traduire l’Évangile dans les aspects plus concrets de nos vies, nos choix économiques, nos choix d’accueil ou de rejet de la vie, les décisions de notre cœur, etc. C’est souvent comme ça que le dragon rouge feu essaie de dévorer l’enfant qui va naître de la femme qui a le soleil pour manteau. Plus rarement, il choisit la persécution ouverte, et des chrétiens sont tués à cause de leur foi, mais ça le gêne car alors il se dévoile clairement ; il fait beaucoup de mal, mais cela indigne les hommes de bonne volonté. Sa dernière tactique, c’est de pourrir l’Église de l’intérieur, et malheureusement ça marche aussi et des hommes d’Église ont eux-mêmes englouti la lumière de l’Évangile qu’ils étaient censés porter.

homélie de l’Ascension, 26 mai 2022

baptême Il y a des époques où l’humanité est sûre d’elle-même et de ses réussites. Alors elle dit : je n’ai pas besoin de Dieu ; Dieu ne compte pas même s’il existait. Il y a d’autres moments où nos certitudes semblent s’effondrer. Alors, spontanément, des gens se mettent à crier vers Dieu, à l’implorer d’une façon souvent pleurnicharde, oublieux de l’indifférence du passé, tandis que d’autres murmurent encore plus contre Dieu en invectivant son silence. Ce sont là deux attitudes de mercenaires, c’est-à-dire des gens qui ne cherchent pas ce qui est vrai mais ce qui profite. Dieu, lui, ne cherchent pas des mercenaires, mais il cherche des amis, des gens qui vont tisser une relation avec lui. Dans cette relation, il veut nous faire découvrir le sens des événements et le sens de notre vie, comme nous avons entendu qu’il l’a fait pour ses disciples au moment de quitter ce monde pour entrer dans le monde plus vaste du Père.

homélie de la veillée pascale 2022

Beara (Irl.) En ces jours de Pâques, ce qui me frappe le plus, c’est la patience de Dieu. Sa patience devant nos étroitesses et nos horreurs actuelles. Sa patience devant les étroitesses et les méchancetés de tous les temps. Nous avons entendu quelques moments de l’histoire sainte. Il y a ce monde bon que Dieu remet à l’homme. Nous n’avons pas entendu les premiers refus et les premières haines, mais déjà le chemin par où Dieu voulait sauver l’humanité : le chemin de la confiance ; c’était la foi d’Abraham, qui apprenait à se fier à Dieu plus qu’à tout, qui apprenait à marcher avec Dieu même quand il ne comprenait pas. Nous devons tous réapprendre cela pour nous-mêmes un jour ou l’autre. Heureux celui qui ne perd pas courage !

homélie du Jeudi saint, 14 avril 2022

Issoire Il y a un certain nombre de choses qui nous donnent du bonheur dans la vie, mais le plus grand bonheur est celui d’aimer et d’être aimé. Ce partage d’amour entre deux personnes est la nourriture la plus essentielle de la vie humaine. Ce n’est pas pour rien que nous sommes la plupart du temps nés de l’amour de nos parents. Nous venons de l’amour, à commencer par l’amour de Dieu qui nous a voulu depuis notre conception, et nous sommes faits pour aimer et être aimés. Bien sûr cet amour entre deux personnes peut prendre différentes formes entre les êtres humains. C’est l’amour conjugal, ou l’amour d’amitié, qui peut être très profond lui aussi — parfois plus. Mais il y a un amour encore plus essentiel, bien que souvent ignoré : le lien vital entre chacune, chacun de nous, et notre Créateur. Plus que toutes les autres amours, cet amour entre les personnes divines et la petite personne que nous sommes nous est vital.

homélie de la Toussaint 2021

Saint Ignace, Rome Prenons un peu de temps pour imaginer le bonheur du paradis. Quand on part en voyage, on se renseigne sur la destination, pour bien se préparer et ne pas manquer de l’essentiel. Qu’est-ce que nous ferions sans crème solaire au Maroc ou sans gros pull en Laponie ? C’est étrange que pour le voyage le plus important de notre vie, la plupart des gens se disent : on verra bien ! Vous me répondrez : comment peut-on savoir ce que sera le paradis ? Personne n’en est revenu pour en écrire un guide ? Est-ce si sûr, lorsque Jésus dit « si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel ? » (Jn 3,12). Lui, il les connaît. Lui, le seul, il vient d’auprès de Dieu.

homélie de la fête de l’Ascension 2021

le viaduc de Millau depuis la Montée royale Que faisons-nous ici ? Quel est le sens de notre pratique chrétienne ? Plus largement, pourquoi l’Église elle-même ? La fête d’aujourd’hui peut nous aider à répondre à ces questions. Quand Marie-Madeleine voit Jésus ressuscité, elle veut le saisir, mais Jésus lui répond : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17) Jésus avait vécu quelque chose qu’aucun être humain n’avait encore vécu : se relever d’entre les morts. Ce n’était pas une œuvre humaine. C’est parce qu’il est venu de Dieu comme son Fils bien-aimé qu’il a pu remporter ce pouvoir sur la mort. Mais jusqu’à l’Ascension sa divinité est restée cachée, au point que Marie-Madeleine croit pouvoir le retenir. L’Ascension c’est le dévoilement du monde auquel appartient Jésus, qui englobe le nôtre et le dépasse incroyablement. Il me semble que l’on peut le considérer, ce monde de Dieu, non pas comme un monde à côté, mais autour du nôtre. Ainsi, Jésus, en partant dans ce monde de Dieu, se rend présent à tous et à chaque instant.

homélie de la fête de la Chandeleur 2021

Voilà quelque chose que je souhaitais dire depuis longtemps. Les lectures de la fête se trouve sur le site de l’AELF. La première lecture au choix était la lettre aux Hébreux : « Jésus, par sa mort, a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. »