homélie du 11 novembre 2018, 32e dimanche B

Voici{joomplu:154} deux veuves, celle de Sarepta et celle de Jérusalem, qui montrent la même disposition : une totale confiance en Dieu. Elles ont perdu leur mari, l’une avec un jeune fils, l’autre semble ne pas en avoir, ou l’avoir perdu aussi. Ces femmes sont le modèle des personnes dont la vie est affligée de malheurs. Elles pourraient s’aigrir contre le Seigneur, lui montrer avec dépit le peu qu’il leur reste pour vivre. Si souvent nous en restons à nous plaindre devant Dieu de la faiblesse de nos moyens.

Ces veuves gardent une pureté de cœur vraiment impressionnante. Pas d’amertume, pas de méfiance envers Dieu à qui elles auraient bien pu dire qu’en réalité il les avait laissé tomber. Au lieu de dire « zut, je me débrouille avec le peu qui me reste », elles acceptent de donner, donner leur peu de nourriture (1 R 17,10) ou toute leur épargne (Mc 12,41) à ce Dieu qui ne semble pas les avoir épargnées.

Et le Christ voit cela. Il déclare que les deux piécettes valent plus que tout le reste. Elles valent plus en raison de la mesure de confiance et d’abandon que cette pauvre veuve a joint à son offrande.

Vous voulez faire de grandes choses aux yeux de Dieu ? Choisissez ce qui vous mènera le plus loin sur le chemin de l’abandon et de la confiance. Ce sera peut-être en exerçant de grandes responsabilités. Ou dans une vie toute cachée et simple, à l’image de celle de Thérèse de Lisieux. Sa grande réalisation, là où elle a trouvé le sens de sa vie, c’était de tout faire par amour et s’abandonner entièrement à la Providence. Dieu veut nous mener bien plus loin dans le bonheur et la réussite de notre vie que ce que nous croyons possible. Le seul moyen d’y parvenir est de ne pas évaluer les choses comme si elles étaient en notre pouvoir, mais plutôt d’attendre tout de Dieu et de faire alors tout ce qui est en notre pouvoir. Un jour, sainte Thérèse écrivait à un religieux ce qu’elle dirait volontiers à qui lui demande conseil : « je vous enseignerai, cher petit frère de mon âme, comment vous devrez naviguer sur la mer orageuse du monde avec l’abandon et l’amour d’un enfant qui sait que son Père le chérit et ne saurait le laisser seul à l’heure du danger. » (lettre 258). N’oublions pas que notre Père est le Tout-Puissant. Cela ne se comprend pas comme la description des pouvoirs mondains ; cela se découvre par le chemin de la confiance.

C’est par ce chemin que l’on peut construire une paix qui résiste à toutes les menaces. En ce jour du 11 novembre, en cet anniversaire des 100 ans de l’armistice de la Première guerre mondiale, nous ressentons le besoin de progresser dans la paix car celle-ci est sans cesse menacée. Il y a deux grandes menaces qui planent sur la paix : l’orgueil et la peur. L’orgueil de quelques uns, qui cherchent à prendre du pouvoir sur les autres, à être honorés et craints. La peur du grand nombre, qui les jette dans les bras des orgueilleux qui leur promettent un avenir rassurant. L’orgueil et la peur sont les deux grandes menaces qui planent sur la démocratie, et la démocratie n’a pas de remède à la peur et à l’orgueil. Nous devons trouver ces remèdes ailleurs. Que l’attitude de la veuve humble et pauvre surmontant sa peur de manquer en donnant tout ce qu’elle possède — cette attitude qui semble dépasser tout ce dont nous sommes capables — qu’elle nous serve de guide dans notre façon de regarder notre vie, nos difficultés, nos craintes ; qu’elle nous détermine à surmonter l’orgueil et la peur par la confiance. Dieu est notre Père et il nous aime.