homélie du 29e dimanche C, 19 octobre 2025
Le Seigneur nous invite à toujours prier sans se décourager. Comment comprendre cela ? Faisons un détour par l’Histoire sainte. « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu, utile pour enseigner et éduquer dans la justice » (2 Tm 3,16), dit Paul. Pour lui, il ne s’agissait pas du Nouveau Testament, qui n’existait pas encore, mais de ce que nous appelons l’Ancien. C’est-à-dire que nous pouvons trouver dans les exemples des grands événements de l’AT de quoi comprendre comment marcher avec Dieu.
Nous voyons ainsi le peuple qui crie vers Dieu puis qui, une fois établi dans la paix, l’oublie, ou se tourne vers d’autres sources de sécurité ou de contentement, qui ont l’air plus immédiates, et surtout qui ne nécessitent pas de convertir nos demandes et notre vie. Ce sont les idoles, qui donnent parfois ce qu’on demande avec une apparence de générosité. Parce qu’elles cherchent à nous égarer. Et puis un jour elles présentent la facture de la dépendance contractée, car elles ne veulent pas pour nous la vie, mais nous égarer dans le confort. On retrouve cela aujourd’hui chez nous dans les techniques de guérisseurs suspects comme le raiki. Mais les idoles qui promettent un faux bonheur rapide se cachent aussi dans les illusions de la société de consommation. Je pense aux désordres sociaux des commandes livrées le jour même, infligeant tant de contraintes sur le marchand, sur le livreur, sur le trafic, pour augmenter notre isolement sur nos appétits matériels.
Le Seigneur trouvera-t-il la foi sur la terre, demande-t-il, ou bien des hommes qui croient être capables de réaliser leur bonheur par eux-mêmes et d’autres qui n’ont eu avec Lui que des rapports marchands ?
Les disciples doivent être plantés dans d’autres dispositions. Si Jésus nous avertit sur la nécessité, pour les disciples, de toujours prier sans se décourager, c’est qu’il y a ce risque de découragement. Parce que la réponse de Dieu à notre prière n’a pas lieu de manière immédiate.
Ce n’est pas que Dieu se fasse prier, mais il entreprend de former notre désir, pour le transformer peu à peu, ouvrir notre horizon à l’immensité de la vie à laquelle il nous appelle. Il réalise un déplacement de nos attentes. Il veut réorienter nos désirs terrestres vers des désirs du ciel, vers la grande et belle vie éternelle, l’accomplissement de l’amour.
La foi est ce cheminement progressif où on laisse Dieu nous éduquer, redresser nos désirs et les approfondir. Cela passe par ce qui nous apparaît comme une frustration, ou alors par un renoncement volontaire, comme le Seigneur nous y invite quand il dit : personne ne peut être son disciple sans mourir à soi-même. Ce n’est pas pour s’anéantir, mais pour se laisser libérer de tout ce qui est trop étroit. Et même les limites douloureuses de notre vie, comme de perdre un être cher, peuvent devenir un tremplin vers la vie plus grande. Les grands saints ont été des hommes et des femmes de désir.
Dieu veut agrandir notre cœur pour qu’il corresponde à la vie du Royaume. Lorsque nous prions, tous les événements de notre vie, heureux ou malheureux, agrandissent notre cœur et nous préparent à la vie du ciel. Saisissons donc toutes les occasions d’agrandir notre cœur. Par exemple, ne demandons pas que pour nous-mêmes, mais vivons en paroisse comme dans une famille, nous souciant de ce qui arrive aux uns et aux autres. Ce serait si beau qu’en sortant vous preniez des nouvelles les uns des autres, et disiez « je vais prier pour toi ». Que toute notre attention aille dans le même sens : vivre aujourd’hui de l’amour dont on aimera au ciel.