solidaires jusqu'à l'audace
homélie du Vendredi saint
{joomplu:92}Les enfants demandent souvent : pourquoi Jésus a-t-il été mis à mort ? Cette question vient tous nous réveiller.
C’est une injustice, une injustice éclatante. Alors nous nous demandons : qui sont ceux qui ont commis cette injustice ? Et là nous découvrons qu’il y en a beaucoup. Dimanche je vous parlais des chefs des prêtres, d’Hérode et de Pilate. Ce sont des décideurs, pour qui Jésus est subversif ou insignifiant. Mais aujourd’hui nous pourrions nous arrêter sur l’attitude des disciples et de la foule. Jésus a été mis à mort parce que dans ce monde très dur et violent il n’y a eu personne pour le défendre. Il y a les amis qui se sont cachés, et la masse des gens qui a suivi les interprétation des médias — pour faire une transposition moderne.
Plus tard, après la résurrection, les apôtres oseront défendre Jésus, témoigner de lui, annoncer l’évangile. Si cela s’était passé dans un monde purement humain on aurait pu dire : c’est bien malin de se réveiller maintenant ! Le mal est fait, Jésus est mort, il est trop tard... Mais nous sommes dans un monde habité par Dieu, et sa puissance de vie a englouti la mort. Il n’est pas trop tard pour se réveiller, pour accueillir l’Esprit Saint, pour laisser notre cœur vibrer à la Bonne Nouvelle.
le mal et Jésus
homélie du dimanche des Rameaux, 28 mars 2010
La messe d’aujourd’hui nous plonge dans le mystère du mal, de cette autonomie bien mal inspirée que l’homme revendique par rapport à Dieu pour n’en faire qu’à sa tête, et commettre ainsi toutes sortes d’injustices, sociales ou inter-personnelles.
{joomplu:91}Quand Dieu lui-même vient dans le monde, il est refusé, d’une part par ceux qui se réclament de lui et se sont confortablement installés dans le monde grâce à lui — les chefs des prêtres, les pharisiens — et d’autre part par ceux qui ne sont pas intéressés par lui, qui font leurs petites affaires sans aucune référence à Dieu — Hérode, Pilate et compagnie.
Demain nous découvrirons quelques aspects de la vie de Monseigneur Proaño à Riobamba en Équateur. Il a beaucoup lutté avec ceux qui s’opposent à Dieu en se réclamant de lui, promoteurs d’une Église issue des grands propriétaires terriens et soucieuse de les préserver. Il a aussi beaucoup lutté avec ceux qui promouvaient un monde sans Dieu et voulaient détourner la contestation indienne.
penser à Dieu en l’aimant
(homélie du 4ème dimanche de carême, 14 mars 2010, sur Luc 15,1-3.11-32)
Je voudrais m’attarder à une scène qu’on ne met pas souvent en avant dans cet évangile : la fête que le père organise pour son fils, avec le banquet, la musique, les danses. Une fête superbe. Chaque fois que nous venons à Dieu, pour l’eucharistie, pour la prière{joomplu:38} solitaire dans la chapelle ou dans le secret de notre chambre ou dans le train, Dieu organise une fête dans son cœur pour nous. Et bien que nous ne la sentions pas avec nos yeux de chair et que ses rythmes ne saisissent pas nos membres, cette fête saisit notre vie et nous pouvons partir à sa découverte par nos sens intérieurs.
L’ennui c’est que notre vie est souvent régie par ce que les autres pensent de nous, et ce que nous pensons de nous-mêmes. Beaucoup de nos actions en dépendent, ainsi que bon nombre de nos états intérieurs. Dans la prière, nous passons bien du temps à penser à nous, à notre situation par rapport à Dieu, à ce que nous imaginons que Dieu pense de nous, à notre état de disgrâce ou de mérite envers Dieu. Nous sommes comme le fils cadet qui rumine son discours dans sa tête : « Père, je ne suis pas digne... », ou comme le fils aîné qui ressasse sa droiture.
Le Père n’a que faire de cette attitude...
Tu viens à moi par des chemins inattendus
homélie du 3ème dimanche de carême, Lc 13,1-9
Les contemporains de Jésus avaient tendance à croire que le bonheur et le malheur sont des choses qui se méritent. De nos jours encore, nous trouvons assez rassurant de penser que si quelqu’un connaît le malheur c’est que pour une part il l’a voulu ou en est responsable. Et cette idée se renforce en considérant qu’il y a vraiment moyen de faire par soi-même son malheur.
Pourtant les événements heureux ou malheureux de nos vies ne sont pas des récompenses ou des punitions du ciel. Jésus insiste sur ce thème : « Pensez-vous que ces Galiléens [massacrés] étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ! » Et les dix-huit victime de l’effondrement de la tour de Siloé non plus. Que ce soit la maladie, le licenciement, les catastrophes naturelles, rien n’est envoyé du ciel pour nous punir. Et même, il faut aller plus loin : bien souvent rien ne relève en cela de notre faute.
« Heureux, vous les pauvres ! » Ne soyons pas conduits par la peur
C’est si étrange de dire à ceux qui sont pauvres ou qui ont faim ou qui pleurent ou qui sont rejetés : heureux êtes-vous ! Cela nous désoriente complètement. Tout être humain cherche le bonheur, et dans sa recherche de bonheur il va spontanément se protéger contre ces situations de dépendance et de détresse que sont la pauvreté, la faim, la souffrance, le repoussement. Dans notre monde occidental, cette fuite bien compréhensible de la pauvreté et de la souffrance conduit à tant d’excès et de comportements choquants pour le reste de la planète. Il y a aujourd’hui plus de formules d’assurances que Séraphin Lampion n’aurait pu en imaginer.
baptême du Seigneur, homélie dialoguée
Qui se souvient de sa date de naissance ? Et de sa date de baptême ? Pourtant, c’est un événement si grand, celui sur lequel repose toute notre vie chrétienne — et notre vie chrétienne ce n’est pas un petit côté de notre vie que nous sortons à l’occasion, c’est toute notre vie. Le baptême change tout, au point que saint Paul dit à son ami Tite que Dieu, « par le bain du baptême, nous a fait renaître. » (Tite 3,5)
Mais qu’est-ce que cela veut dire — pour nous — renaître ?
Dieu au cœur de la vie
(homélie de la Sainte Famille 2009)
Dieu nous visite au cœur de la vie de tous les jours, des événements plus ou moins simples de nos existences, et spécialement dans cette vocation répandue de la famille. Voici un échantillon à travers les lectures d’aujourd’hui, au sujet des enfants et de la vie de couple. A travers le couple d’Elqana et Anne, qui ne peut pas avoir d’enfant, nous voyons le Seigneur s’approcher de cette détresse toujours très éprouvante. Et nous le voyons leur donner une fécondité particulière, ici symbolisée par cet enfant reçu et présenté aussitôt au Seigneur. Il n’y a pas qu’une seule fécondité, et Dieu nous invite à prendre distance par rapport à la fécondité dont nous aurions rêvé, dont on rêve pour nous dans le monde, pour accueillir celle qui est la nôtre.
Une espérance qui change ma vie pour le monde
(homélie de la messe de minuit)
Aujourd’hui je suis frappé par le fait que ce sont les bergers qui sont disponibles pour accueillir le Fils de Dieu lorsqu’il vient dans le monde.
Trente ans plus tard, Jésus racontera une parabole où des gens sont invités au festin du Royaume mais ils sont trop occupés pour y aller, ils doivent aller voir leur champ, essayer leurs bœufs, et ainsi de suite. Cette histoire a déjà commencé à la crèche de Bethléem, où l’ange est trop heureux de rencontrer des bergers pour leur annoncer une grande joie, à laquelle les bergers veulent aussitôt participer, sans dire : écoute, nous sommes occupés, nous avons des affaires à régler, nous viendrons plus tard.
un Esprit de déclic...
(4ème dimanche de l'Avent)
Le prophète Michée annonçait la venue d’un berger pour Israël, qui serait lui-même la paix, mais il l’annonce au terme d’ « un temps de délaissement » (Mich 5,2). C’est une constante dans les annonces du Sauveur qu’il y aura d’abord un temps d’épreuve, à travers lequel un petit reste subistera (Soph 3,13). Dans notre vie de croyant nous vivons ce genre d’épreuve de délaissement, où nous estimons que le Seigneur nous a abandonnés alors qu’il est en train de s’approcher de nous en nous façonnant un cœur de pauvre capable de tressaillir de joie à sa venue.
L'espérance nous est donnée
(homélie du 1er dimanche de l'Avent)
Les paroles de Jésus évoquant son retour sur terre sont surprenantes. En parlant des puissances des cieux ébranlées, des nations affolées et des hommes qui mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde (Lc 21,26), elles pourraient nous inquiéter. Pourtant ces paroles sont des paroles de bonheur, ou plus précisément : d’espérance. Elles viennent nous dire jusqu’où va le salut. Même si le monde est dans un si mauvais état que les cieux eux-mêmes sont ébranlés, que le soleil s’altère, que les éléments se déchaînent au point qu’il n’y a plus d’avenir humain possible, même si la situation est aussi désespérée nous pouvons nous redresser et relever la tête (v.28)
archives 1
Voici encore d’autres homélies publiées auparavant dans l’ancienne partie du site :
- C’est toi que je préfère
- Le cadeau d’être ajusté à Dieu
- Mariage d’Isaline et François
- Ouvre-toi !
- Le pain de vie
- Fête du Corps et du Sang du Christ
- Montrœul-au-bois, neuvaine 2009
- Jeudi Saint 2009
- Les sentiments du Christ devant l’échec
- Être chrétien c’est... (partie I)
- L’amour en actes
- Saisir l’heure d’aimer
- le miracle de la rencontre
- Une paix pour notre cœur
- Être né est toujours une bénédiction
- Le Verbe s’est fait notre chair...
- croire pour comprendre et comprendre pour croire
- Veillez donc ! Quelle grâce !
- mariage d’Élisabeth et Alexis : aimer toujours plus
- L’amour de Dieu, c’est un amour...
- qui sera sauvé ?
- les valeurs chrétiennes partent du centre de la personne
- le C de l’UCL et deux trois autres choses...
- On cherche des provocateurs...
- Ta conversion m’intéresse
- La promesse de ne pas se fourvoyer
- Vivre en choisi. L’élection
- Le geste que nous sommes seul à pouvoir faire
- Homélie du mariage de Julie et Quentin : bâtir sur le roc
- Comment moderniser l’Église ?
- Aimer quand on ne sent plus
- On croit en Dieu pour être plus audacieux...
- Mais qu’est-ce qu’on fera dans la vie éternelle ?
- Les liens de la Trinité
- l’accomplissement des Écritures
- je veux aimer ce que tu aimes
- la parabole des talents
- trouver de quoi vivre heureux – et y conduire les autres
- homélie du lundi de Pâques
- La résurrection de Jésus
- Judas, et la foule...
- Quelle résurrection? Lazare et nous...
- Dieu est esprit, et il peut nous rencontrer
- Reviens ! homélie du mercredi des Cendres
- homélie sur les Béatitudes
- La lumière de la foi chrétienne
- pour commencer l’année
- de quoi nous sauve-t-il ?
- Quand le doute survient...
- Immaculée Conception, messe des équipes Notre-Dame
- voir et sentir son avenir
- le mariage chrétien
- Comment ressuscite-t-on ?
- fidèle et humble...
- Pourquoi faut-il veiller ?
- Seul l’amour transforme vraiment (Saint-François)
- ouvrir son cœur au pauvre
- Notre pauvreté peut devenir attente amoureuse
- un amour préférentiel oriente tous les amours
- homélie du mariage de Myriam et Matthieu
- « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ! »
- l’évangile, ça “déchire” !
- unir les aspirations du corps et de l’esprit
- Que faisons-nous de notre cœur ?
- Dieu veut exaucer notre prière en nous menant plus loin...
- naître à Dieu par l'Église (29 juin 2007)
- La préparation évangélique (le Christ vient-il tard ?)
- Choisir une prière inutile... (eucharistie des étudiants)
- La foi en la résurrection (funérailles)
- Je cherche une place... (eucharistie des étudiants)
- S’aimer les uns les autres, oui mais comment ?
- Je t’aime, toi, Mon Dieu ! (3°dimanche de Pâques)
C’est toi que je préfère
Homélie de la messe des étudiants du 4 nov.
A première vue ce texte (Lc 14,25-33) est écrit pour les religieuses et pour les prêtres... Ce sont eux qui passent pour avoir renoncé à tout pour suivre le Christ. Mais alors, seraient-ils les seuls à pouvoir prétendre être les vrais disciples du Christ, ceux qui marchent vraiment à sa suite ? Pourtant, le mariage par exemple, est une vocation sainte elle aussi ; et le mariage est un sacrement, ce qui ne serait pas possible s’il s’agissait d’une façon moindre de suivre le Christ. Alors, bien que cet évangile puisse pousser des jeunes à consacrer même leur affectivité et leurs désirs intimes au Seigneur — et j’en suis ; je me rappelle avec émotion avoir préparé cette messe des étudiants, cet évangile, sur le coin d’une table de mon kot, l’Aubier, avec Helmut il y a 19 ans — il nous faut chercher plus généralement ce que Jésus entend par renoncer à tout pour le suivre.
Ce sont de grandes foules qui suivent Jésus et à qui il s’adresse. A plusieurs reprises on voit les foules s’emballer à la suite de Jésus, devenir très enthousiastes jusqu’à ce que les difficultés arrivent et qu’elles changent complètement d’attitude. Ainsi au bord du lac après la multiplication des pains par Jésus et les explications sur sa chair qu’il donne à manger les gens en viennent à dire : « ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter » (Jn 6,60). Plus tard, à Jérusalem, la foule qui l’acclamait va crier « qu’on le crucifie ! » (Mt 27,22)