Qui va leur dire?
homélie du 29e dimanche, « des missions »
{joomplu:187}Le pape François fait des déclarations interpellantes, qui ne laissent pas les médias indifférents. Dernièrement il a dit que le prosélytisme était une bêtise grandeur nature1. Il pourrait y avoir des gens qui en concluraient qu’il ne faut pas parler explicitement de Dieu, du Christ, de notre foi en lui, mais plutôt servir, transformer l’Église en un grand service social. Or, le pape est bien clair : le service fait partie de l’action normale de toute communauté chrétienne et de tout chrétien, mais ce n’est pas à ce service que se résume la mission de l’Église et du baptisé. S’il ne faut pas de prosélytisme, il faut la mission, en faveur de tous ceux qui connaissent mal ou pas du tout l’amour de Dieu que le Christ nous révèle et nous fait vivre. Depuis le moment où il a été élu successeur de Pierre, le pape Bergoglio n’a pas arrêté d’inciter l’Église à « s’ouvrir », à atteindre les hommes jusque dans leurs plus lointaines « périphéries existentielles ». Il ne faut pas persuader, mais il faut annoncer.
la foi, croire que ça marche ou tisser un lien?
homélie du 28e dimanche C, 13 octobre 2013
{joomplu:42}Vous avez sûrement été tous surpris par la dernière phrase du récit, la répartie de Jésus à celui qui seul était venu rendre grâce à Dieu : « relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Dix lépreux ont été guéris, mais un seul s’entend dire que sa foi l’a sauvé. De là à conclure que les dix ont été guéris mais qu’un seul a en plus été sauvé, il n’y a qu’un pas, que je franchis allègrement. Être guéri, pour un lépreux, c’est très bien mais ce n’est pas encore le salut. Et pour nous non plus, le salut ne prend pas la forme de la suppression de nos souffrances, de nos infirmités. Je ne dis pas que Dieu ne veut pas nous faire du bien et nous montrer ainsi sa tendresse, mais ce n’est pas encore le salut.
Regarder mon frère et changer
homélie du 26e dimanche, 29 septembre 2013
Des lectures d’aujourd’hui nous redécouvrons que l’homme est capable d’accumuler des richesses et vivre dans le luxe tandis que son semblable est dans la misère et n’a pas de quoi vivre. Nous le savions déjà, nous le voyons dans l’actualité et aussi dans notre cœur, mais la Parole de Dieu nous le rappelle, pour nous dire que cela ne va pas.
la colère de Dieu et sa miséricorde
homélie du 24e dimanche, 15 septembre 2013
{joomplu:179}Quand dans la Bible nous tombons sur un passage qui nous parle de la colère de Dieu, nous préférons zapper, ou nous dire que ça c’était bon pour le dieu méchant de l’Ancien Testament, tandis que le Dieu gentil dont nous a parlé Jésus est un bon-papa qui ne se met jamais en colère…
Et pourtant la colère de Dieu est une bonne nouvelle, car elle ne ressemble pas à la nôtre. Nous, nous nous mettons en colère lorsque les choses commencent à nous échapper, que nous perdons nos moyens, qu’on empiète sur notre territoire. Nous nous mettons en colère pour nous sauver nous-mêmes. Tandis que Dieu ne cherche pas à se sauver. S’il se met en colère, c’est pour nous sauver. La colère de Dieu ne s’oppose pas aux hommes, elle s’oppose au mal. Elle dit au mal : tu ne passeras pas ! Et c’est pourquoi Dieu revient si facilement de sa colère, même dans l’Ancien Testament : il revient de sa colère quand l’homme se désolidarise du mal pour choisir le bien.
Une ambition vécue en Dieu
homélie du 22e dimanche C (Lc 14,7-14)
Jésus vient nous poser la question de la source de nos motivations. Pourquoi est-ce que je travaille dur, est-ce que je me lève tôt le matin, est-ce que je fais des efforts ? Cela pourrait être parce que je cherche la reconnaissance, parce que j’aime faire partie de ceux qui réussissent, qui ont belle allure dans la société, dans leur milieu professionnel, dans leur famille. Ceux qui ont droit à une belle place parce qu’ils l’ont chèrement conquise. Dans le monde de concurrence où nous vivons, nous faisons beaucoup d’efforts pour être à la hauteur… à la hauteur que d’autres définissent pour nous.
Annoncer la consolation qui vient de Dieu
homélie du 14e dimanche, 7 juillet
Dieu veut consoler son peuple, il veut nous faire du bien, nourrir notre cœur de la joie d’être aimés (Is 66,14). Cela peut rester théorique, ou bien nous rejoindre profondément. Pour que cet amour nous touche, nous devons nous débarrasser d’une carapace qui se forme par toutes les fiertés que nous recherchons depuis l’enfance, depuis la concurrence dans les cours de récréation jusqu’à celle des comparaisons au travail ou entre beaux-frères et belles-sœurs…
témoin vulnérable et résolu
homélie du 13e dimanche C. Lc 9,51-62
Quel inconfort{joomplu:161} dans la vie du Christ ! L’évangile nous met en contact aujourd’hui avec le fait que la vie du Christ était un combat, qui lui demandait du courage. Il doit rassembler ses forces pour se mettre en route pour Jérusalem et marcher sans avoir d’endroit où reposer la tête.
Le combat n’est pas absent de la vie du chrétien au milieu du monde. Il y a des forces adverses, en nous et autour de nous. Je vois dans ces situations d’opposition des chrétiens qui sont tentés d’agir comme Jacques et Jean, les « fils du tonnerre » (Mc 3,17). Ils ont une façon bien à eux de vouer leurs ennemis au diable et de dire qu’ils ont raison contre tous. Nous apprenons que nous sommes dans cette situation lorsque nous nous mettons à parler des autres avec mépris, comme s’ils étaient de vils égarés. Le Christ ne veut pas cela. Il reprend vertement ses disciples.
Son cœur cherche notre cœur
homélie du 11e dimanche, 16 juin 2013
Pour bien comprendre le pardon de Dieu, nous pouvons prendre la comparaison du pardon que nous donnons. Nous pouvons faire ainsi puisque Dieu est une personne — ou plutôt trois — et son amour est personnel. Il a d’ailleurs souvent comparé son amour à celui du mari pour sa femme, au point que dans l’Ancien Testament Dieu reçoit aussi souvent le titre d’époux que celui de père.
Pourquoi un miracle?
homélie du 10e dimanche, 9 juin 2013
Nous assistons aujourd’hui au miracle le plus inouï : rendre la vie à un mort. Jésus tombe sur une procession funèbre qui sort de la ville vers le cimetière. Il est « saisi de pitié », littéralement pris aux tripes. Parfois nous imaginons Dieu insensible devant le mal, comme s’il s’était assis sur le rebord du monde… Mais il est pris aux tripes.
le don de Dieu veut être accueilli
homélie de la fête du Saint-Sacrement
C’est étonnant qu’on lise ce récit de la multiplication des pains pour la fête du Saint-Sacrement. Jésus ne donne pas l’eucharistie ds cet événement. Mais après la cène et la passion les apôtres ont dû se rappeler cet épisode, et ils ont dû se dire que ce que Jésus avait fait là pour les 5000 les invitait à ne pas regarder la dernière Cène comme un événement intime. Cela donnait du poids à la demande de Jésus : « faites ceci en mémoire de moi ! » En faisant cela en mémoire de lui les apôtres allaient nourrir les foules comme Jésus l’avait fait. Et ils allaient le faire en leur donnant Jésus lui-même.
Lancés dans la vie de foi
Homélie de l’Ascension, 9 mai 2013
Combien{joomplu:178} de fois aurais-je voulu que l’Ascension n’ait pas eu lieu, que je puisse aller me rendre compte par moi-même des marques des clous dans la chair toujours vivante du Christ ! Et lui demander conseil en passant, le voir me parler, l’entendre de mes oreilles… Mais non, il n’y a que la foi, toujours la foi !
Pourquoi faut-il croire pour connaître Dieu et entrer en relation avec lui ? À première vue, cette nécessité de croire affaiblit celui qui s’intéresse à Dieu, car elle l’expose au doute. Invoquer la foi, n’est-ce pas une manœuvre pour dissimuler le caractère hypothétique de Dieu et plus encore le caractère invérifiable de ce que l’on dit de lui ? Ce serait quand-même plus simple si nous pouvions l’observer comme on scrute un spécimen d’une nouvelle espèce, pour finalement l’exhiber sous les yeux de ceux qui nous regardent comme des gens crédules ou arriérés !