cours de morale fondamentale

Introduction

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Le « Cours d’éthique générale » de Christophe Cossement est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Nous vivons au milieu d’un monde riche et terrible à la fois, plein de potentialités de développement mais aussi de déshumanistation. Et nous n’y sommes pas comme des spectateurs mais par notre action nous changeons le monde et nous nous façonnons nous-mêmes : ce que nous faisons nous fait et prépare en même temps l’avenir de la planète et du genre humain.

Comment cela peut-il être un chemin de croissance personnelle et de toute l’humanité ? L’Église catholique est forte d’une expérience humaine de 2000 ans, précieusement archivée dans une tradition de vie et de sagesse. Surtout, elle est riche de ce que Dieu a voulu faire comprendre à son peuple au sujet des chemins de la vie et du bonheur. Ce cours réfléchira sur les fondements de la morale : quels outils le christianisme nous offre-t-il pour évaluer le contenu de notre action et l’orienter ? La pensée chrétienne a développé une articulation originale entre
–la recherche de cohérence intérieure (je dois agir selon mon cœur),
–la solidarité humaine (mon action concerne les autres et la société) et
–l’accueil de la transcendance (concernant le sens de l’homme et du cours de l’histoire). Comment tout cela tient-il ensemble ?

L’Église n’a jamais développé un discours purement interne, elle a conscience que la Bonne Nouvelle s’adresse à tous les hommes et qu’il serait injuste de les priver de ce que le Seigneur lui montre. Pourtant les chrétiens ont un rôle particulier à tenir, celui de prophètes d’un évangile révolutionnaire — on pourrait même dire subversif par rapport aux modèles de pensée dominants. Il nous faudra réfléchir sur l’articulation entre une morale pour tous et une attitude croyante et prophétique.

Regard chrétien sur la vie et le monde

Peu d’expressions ont aussi mauvaise presse que celle de «morale chrétienne». Les catholiques passent assez souvent pour les champions de la morale. Nous nous en défendons comme nous pouvons, réaffirmant que le christianisme n’est pas une morale, qu’il repose sur la rencontre du Christ crucifié et vivant, que la morale chez nous est une petite partie du contenu de la foi, etc. N’empêche que morale et religion sont étroitement liées, et ce n’est pas seulement la faute des «dix commandements» car cela a son origine dans l’homme lui-même.

La morale est la science de l’action, elle met en œuvre la raison «pratique», c’est-à-dire cette capacité qu’a la raison d’examiner et d’évaluer les actes humains et les fins — les buts, les objectifs — que les êtres humains se donnent. L’être humain est parmi tous les vivants celui qui est doué de réflexion, c’est-à-dire qu’il peut prendre distance par rapport à l’immédiateté de son action pour y revenir comme à un objet extérieur à lui. Il n’agit pas seulement avec ingéniosité, comme le font les animaux intelligents, mais il peut se regarder en train d’apprendre et d’agir, et raisonner à ce sujet. Non seulement il sait, mais il sait qu’il sait1. Par cette capacité de l’homme de se regarder comme en dehors de lui-même s’ouvrent à la fois pour lui les domaines de la morale, du langage et de la spiritualité2. L’homme qui se regarde agir se regarde aussi exister et cherche à donner sens à tout cela. La conscience morale naît en même temps que la conscience religieuse.

Il ne faudra donc pas s’étonner que religion et morale entretiennent des liens forts. Comme le soulignais Julien Ries, toutes les religions, comme visions de l’homme et du monde, donnent une réponse aux questions essentielles : qu’est-ce que l’homme ? Quel est le sens de la vie ? Qu’est-ce qui est bien ou mal ? Pourquoi la souffrance et la mort ?3 Ces questions naissent ensemble du plus profond de l’homme et ce n’est qu’artificiellement que la culture contemporaine de consommation les endort et en détourne notre attention, faute de pouvoir les éteindre. Mais leur origine commune ne signifie pas qu’elles entretiennent entre elles des rapports paisibles et limpides. Les liens entre religion et morale sont troubles et doivent être purifiés. D’une part, bien des religions antiques avaient des dieux immoraux. D’autre part, quand le Dieu d’Israël se présente comme le seul juste, ses serviteurs se trouvent exposés au danger du pharisaïsme, qui consiste à se peindre une image de juste devant le Dieu juste. Un apport décisif nous vient de l’action des prophètes puis du Christ Jésus, et il culmine avec la passion, où Jésus donne sa vie pour les pécheurs, pour ceux qui savent qu’ils ont volontairement fait une place au mal dans leur vie.

Saint Paul a décrit avec force la nouvelle donne établie par le Christ.

Rm 310Voici en effet ce qui est écrit : Il n’y a pas un juste, pas même un seul 11il n’y en a pas un de sensé, pas un qui cherche Dieu ; 12Tous ils sont dévoyés, tous ensemble pervertis ; pas un homme de bien, pas un seul… [Mais aujourd’hui] 25Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui. Ainsi Dieu voulait manifester sa justice : lui qui, au temps de sa patience, effaçait déjà les péchés d’autrefois, 26il voulait manifester, au temps présent, ce qu’est sa justice qui sauve. Telle est sa manière d’être juste et de rendre juste celui qui met sa foi en Jésus.

Bien que dans le christianisme il y ait un discours sur les actions bonnes et mauvaises, le dernier mot revient à l’action de Dieu, qui est une action de justification, une intervention qui rend juste celui qui ne l’est pas. Cette particularité n’est pas bien perçue du dehors de l’Église. Nombreux sont ceux qui imaginent que l’appartenance à l’Église se mesure à l’observance des commandements, des règles chrétiennes. Ils imaginent que quelqu’un est reconnu saint parce qu’il se garde constamment du mal. Or, qui appartient à l’Église ? Non pas le parfait, mais celui qui compte sur la grâce du Christ, sur l’action de Dieu en sa faveur dans l’amour du Christ. Qui est saint ? Celui qui se laisse porter par Dieu sans se décourager de sa propre faiblesse et de tous ses manquements. On entend parfois le pape François dire : priez pour moi car je suis un pécheur. Cela en surprend plus d’un, et pourtant c’est si conforme à la foi.

Il y a dans le cœur de l’homme un secret besoin d’être juste par soi-même et de n’être redevable à personne de son salut. Ce besoin rend toute critique dure à entendre. Il entretient en nous le sinistre espoir d’être irréprochable. Et si malgré tout nous échouons dans notre tentative de perfection, il nous pousse à nous punir nous-mêmes, de la même manière qu’il entend faire payer les autres pour leurs fautes. Dans ce cadre, une morale, un discours sur le bien et le mal dans nos actions, est accueillie avec inquiétude ou rejet. Lorsque le besoin d’être juste par soi-même interfère avec la foi chrétienne, il la transforme dans l’hérésie du pélagianisme. Le pélagianisme imagine que l’homme peut devenir juste par ses propres forces. Dans ce cadre, il s’agit d’être un homme debout, qui fait venir le Royaume de Dieu par son engagement et celui de ses frères — ce qui d’ailleurs n’est pas complètement faux mais qui oublie que l’action décisive vient de Dieu. Dans une révision contemporaine de la perspective pélagienne, une sorte de version soft, le christianisme se résume à une religion humaniste, à certaines valeurs dites «chrétiennes», faites de tolérance et de fraternité, qu’il faut essayer de vivre tant bien que mal. Lorsque le pélagien d’aujourd’hui pense encore aux dons de Dieu, c’est avec l’idée que ces dons se conquièrent et se méritent. Par exemple, il «se fait baptiser» plutôt que de recevoir le baptême ; de même il «se confirme» au lieu de recevoir la confirmation. Il s’agit pour lui de faire des efforts pour arriver un peu à la hauteur de ce que Dieu ou sa conscience demandent. Et il serait malvenu de lui suggérer que Dieu demande plus car, ne comptant que sur ses propres forces, il ne voit pas comment réaliser cette demande. Dans ce cadre, se reconnaître pécheur devient un chipotage pieux et inutile. Mais en même temps la morale devient lourde et fatigante et il faut voir comment en alléger le fardeau.

Le pélagianisme a été combattu âprement par saint Augustin et condamné par le concile d’Éphèse en 431. Ces événements nous invitent à situer toute la recherche du bien agir à distance de la volonté de perfectionnement pour soi-même. Le chrétien sait que l’homme ne peut rien faire par lui-même, mais que par Dieu il peut tout. «Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire», disait Jésus (Jn 15,5). Cela n’est pas une démobilisation pour le combat pour la justice, pour le bien, contre le mal, mais la conscience de pouvoir vivre ce combat en étant précédés du Dieu qui a tout fait pour nous et qui nous attire à son cœur. Je terminerai ce point en citant Benoît XVI évoquant l’engagement généreux des jeunes volontaires aux Journées mondiales de la jeunesse à Madrid en 2011 :

Une chose fondamentale est devenue évidente pour moi : ces jeunes avaient offert dans la foi une partie de leur vie, non pas parce que cela a été commandé et non pas parce qu’avec cela on gagne le ciel ; non pas non plus parce qu’on échappe ainsi au péril de l’enfer. Ils ne l’avaient pas fait parce qu’ils voulaient être parfaits. Ils ne regardaient pas en arrière, vers eux-mêmes. Il m’est venu à l’esprit, l’image de la femme de Lot qui, regardant en arrière, devint une colonne de sel. Combien de fois la vie des chrétiens est caractérisée par le fait qu’ils regardent surtout vers eux-mêmes, ils font le bien, pour ainsi dire, pour eux-mêmes ! Et combien est grande la tentation pour tous les hommes d’être préoccupés surtout d’eux-mêmes, de regarder en arrière vers eux-mêmes, devenant ainsi intérieurement vides, «des colonnes de sel» ! Ici, au contraire, il ne s’agissait pas de se perfectionner soi-même ou de vouloir avoir sa propre vie pour soi-même. Ces jeunes ont fait du bien — même si cela a été rude et a requis des sacrifices —, simplement parce que faire le bien est beau, être pour les autres est beau. Il suffit seulement d’oser faire le saut. Tout cela est précédé de la rencontre avec Jésus Christ, une rencontre qui allume en nous l’amour pour Dieu et pour les autres et nous libère de la recherche de notre propre «moi». Une prière attribuée à saint François Xavier dit : Je fais le bien non parce qu’en retour j’entrerai au ciel et non plus parce que tu pourrais m’envoyer en enfer. Je le fais, parce que Tu es Toi, mon Roi et mon Seigneur. J’ai rencontré cette même attitude aussi en Afrique, par exemple chez les sœurs de Mère Teresa qui se dépensent pour les enfants abandonnés, malades, pauvres et souffrants, sans se poser des questions sur elles-mêmes, et pour cela, elles deviennent intérieurement riches et libres. C’est cela l’attitude proprement chrétienne. La rencontre avec les jeunes handicapés à la fondation San José à Madrid demeure aussi inoubliable pour moi, où j’ai rencontré à nouveau la même générosité à se mettre à la disposition des autres — une générosité du don de soi qui, en définitive, naît de la rencontre avec le Christ qui s’est donné lui-même pour nous 4.

La morale en défi

La morale a toujours fait partie de l’univers de pensée de l’être humain. Toutes les civilisations ont véhiculé un message sur la bonté ou la mauvaiseté des actions de l’homme. Mais les dernières décennies ont connu une rupture de la transmission d’un savoir moral, comme de tout savoir pratique. Beaucoup de parents peinent à transmettre à leurs enfants ce qui vaut pour eux, que ce soit dans notre monde occidental ou dans des sociétés plus traditionnelles comme celle de l’Afrique.

Cela se passe alors que tant de questions éthiques surgissent. En biologie, le clonage humain est théoriquement possible, mais est-il bien de le tenter ? L’euthanasie active — qui consiste à donner explicitement la mort — est possible ; est-il bien d’y recourir ou de la proposer ? Est-il bien de légiférer à son égard, comme la Belgique l’a fait en 2002 et veut l’étendre aujourd’hui ? De même pour l’avortement. Une majorité démocratiquement élue peut-elle décider de ce qui est bien ? Par exemple, en 2010 la cours d’appel de Bruxelles déclare qu’en inscrivant dans le Code pénal l’article 350, alinéa 2, 4, autorisant l’avortement thérapeutique, «le législateur a nécessairement voulu permettre d’éviter de donner la vie à des enfants atteints d’anomalies graves, en ayant égard, non seulement à l’intérêt de la mère, mais aussi à celui de l’enfant à naître lui-même»5. Est-ce qu’une société peut s’engager dans cette voie, traiter ainsi l’enfant à naître sans perdre son âme ? En économie, le marché doit-il dicter ses lois ou une alternative meilleure peut-elle être envisagée ? Si oui, avec quelle coercition peut-elle être imposée ? Dans le domaine privé, les tabous sexuels sont tombés, la pornographie s’est généralisée, y compris parmi les adolescents et pré-adolescents ; mais ce que devient la sexualité est-il digne de l’être humain ?

Ces questions dépassent les compétences de la biologie, de la sociologie ou de l’économie. Aucune discipline n’a en elle-même les outils de sa régulation morale6 et on ne peut pas accepter le raisonnement simpliste qui considère que ce qui est bon recouvre ce qui est faisable. Pour répondre à ces questions, des comités d’éthique, nationaux et consultatifs, ont été constitués. Ils sont pluridisciplinaires et font se côtoyer des penseurs provenant des principales familles philosophiques et spirituelles. Leurs avis, demandés par les gouvernants, sont parfois divergents d’un pays à l’autre, et également au sein d’un même comité7.

Une réflexion fondamentale

Notre réflexion concerne les fondements, la source du discernement sur les actes humains. La question des fondements se pose dès que commence tout débat éthique. Sur quoi va-t-on se baser pour évaluer les actions humaines ? On fait volontiers la grande distinction entre morale autonome et morale hétéronome : la loi que je me donne pour agir viendra-t-elle de moi-même ou de l’extérieur ? Quel est son fondement ? Nous aurons à réfléchir à cela.

Si des fondements ont été partagés largement dans les sociétés jusqu’au XXe siècle, au point que de nombreuses nations ont pu se mettre d’accord pour écrire une «Déclaration universelle des droits de l’homme» (1948), les sociétés actuelles ne trouvent plus de fondement à leurs réflexions éthiques. On le voit dans le débat sur la démocratie et le caractère éthique des lois ; également lorsqu’il s’agit de faire reposer les droits de l’homme sur des principes clairs partagés par tous. Ainsi des gouvernements totalitaires ont fabriqué leur propre interprétation des droits de l’homme, tandis que des groupes de pression travaillent pour insérer un droit à l’avortement parmi les droits de l’homme.

Voici une réflexion éclairante sur la question des fondements, d’une philosophe suisse spécialiste des droits de l’homme, Jeanne Hersch :

«Pourquoi l’homme a-t-il des droits ? Croyons-nous que l’homme a des droits, simplement parce que nous sommes des hommes ? Est-il vrai que des triangles, s’ils pouvaient parler, réclameraient le respect des droits des triangles ? Certains parlent des droits des animaux. Est-il vrai que les animaux aient des droits, au sens où nous parlons des Droits de l’homme ? En quoi les droits de l’homme diffèrent-ils essentiellement de ceux d’un poulet, d’une truite, d’un chien — même s’il convient d’éviter toute souffrance inutile au poulet, à la truite et au chien ?

Je ne crois pas qu’on ait suffisamment réfléchi à cette question. Un signe : l’Unesco a organisé toute une série de colloques pour servir les Droits de l’homme en combattant le racisme. Elle a invité des anthropologues, des sociologues et des psychologues réputés, à soutenir de toute leur science la thèse selon laquelle, à conditions égales, la moyenne du quotient d’intelligence s’établit dans toutes les races à peu près au même niveau. Telle est bien, actuellement, la thèse fondamentale de la bien-pensance internationale. Or, outre que le quotient intellectuel me paraît un critère assez incertain lorsqu’on l’applique à des cultures radicalement différentes de celle de l’Occident, et que l’égalité ainsi affirmée, en réponse à une question aussi grave, reste une thèse bien fragile et difficile à prouver — cette thèse elle-même n’a, à mon avis, rien à voir avec les Droits de l’homme : une personne moins intelligente (au sens du fameux quotient) qu’une autre n’a pas moins de Droits de l’homme qu’une personne plus intelligente. Il serait monstrueux de l’affirmer.» 8

Une réflexion théologique

Nous ferons de l’éthique chrétienne ; est-ce à dire que nous aborderons ce qui relève de la conduite du croyant, les actes du chrétien ? Mais alors, à quoi cela peut-il servir pour des professeurs de religion dont tous les élèves, de loin, ne sont pas croyants...

On pourrait faire de ce cours un cours de philosophie morale, inviter tous les grands penseurs de l’humanité, et bien sûr mettre le Christ parmi eux, puisque nous sommes dans un séminaire, et puisque c’est quand-même un cours de religion catholique que certains donneront... Le Christ comme un des grands sages qui inspirent les attentes de l’humanité et ses combats pour un monde meilleur... Beaucoup de chrétiens sont tentés d’adopter cette attitude, qui leur semble le mieux tenir compte des exigences de respect et de rencontre des multiples cultures qui se côtoient plus ou moins dans notre monde.

Quelle que soit notre option philosophique, nous pouvons être touchés par la sagesse du Christ. Cette grandeur de son enseignement est accessible à tous. Pourtant, au niveau de la méthode, nous ne pouvons pas nous contenter d’aborder au milieu d’autres pensées ce qui dans l’enseignement du Christ est abordable par tous et motivant pour tous. Cela ne me semble pas cohérent avec ce que le Christ dit de lui-même, que les apôtres ont tenu eux aussi : en Jésus ce n’est pas seulement la rencontre avec un homme exceptionnel qui s’opère, mais celle de Dieu lui-même. Il est le Verbe (Jn 1), la Parole et la Vie qui était auprès de Dieu, il est le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16 et //), celui qui ose demander qu’on renonce à tout pour le suivre lui.

Nous qui le croyons avec plus ou moins d’aisance, nous pouvons pressentir que le Christ ne se présente pas seulement comme un sage, mais comme la source de la sagesse, qui invite à le suivre personnellement, à oser affronter les persécutions de toutes sortes pour lui. C’est dire qu’il considère que son enseignement a une place particulière dans le concert des pensées. Si nous voulons être réalistes, au-delà du «politiquement correct», il nous faut donc dans le déroulement de ce cours nous laisser enseigner par le Christ et à partir de lui, avec l’intuition que la parole d’un tel personnage peut concerner autant le non-croyant que le croyant, et qu’en tous cas c’est heureux pour chacun de l’entendre et d’y passer du temps.

Nous partirons donc de la Bible, nous verrons comment l’action de l’homme y est présentée, à quelle façon d’agir il est appelé. Il y a ensuite le savoir-faire des Églises et en particulier de l’Église catholique, qui est remarquable dans ce domaine. On regarde souvent les prises de position morales du magistère comme l’émanation d’une pensée archaïque et rétrograde — je ne vais pas prétendre qu’il n’y a pas de personnes archaïques et rétrogrades au Vatican ! — mais laissons-nous d’abord interpeler par l’expérience énorme que constitue une réflexion éthique ininterrompue depuis 2000 ans, une réflexion éthique soumise aux modes des époques traversées, aux influences diverses, mais qui a en même temps toujours été jalouse de son indépendance, de son authenticité évangélique, qui a osé être en décalage par rapport aux tendances globales des sociétés. L’histoire du christianisme, c’est 2000 ans d’engagement aux côtés de tous les hommes — particulièrement ceux qui souffrent — pour construire le règne de l’amour. On passe facilement au-dessus de tout le bien fait par l’Église… L’histoire du christianisme, c’est enfin l’histoire de 2000 ans de dissidence éthique plus ou moins affirmée. Et les plus beaux idéaux du monde moderne, la dignité de tout homme et l’égalité entre les hommes, la fraternité, le refus de la violence, l’autonomie de l’État et de l’Église même — «rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» —, tout cela a d’abord été porté dans le christianisme avant de devenir le bien commun de la société occidentale.

Les chrétiens n’ont pas le monopole de la réflexion éthique. Mais ce qu’ils ont cherché en matière d’évaluation de l’action humaine vaut la peine d’être connu, et écouté... Nous disons même de nous-mêmes que l’Église est «experte en humanité»9. Aujourd’hui les chrétiens ont une contribution indispensable à apporter à la modernité.

Cette contribution se jouera souvent sur le mode prophétique, ou celui du veilleur sur les remparts de la cité. «Car la démocratie ne se développe pas spontanément, comme la semence qui germe et grandit jusqu’à donner cette fleur, ce fruit en vue desquels elle fut confiée à la terre. La démocratie n’est pas “programmée génétiquement” : elle peut connaître des problèmes de croissance»10. Par leur attitude les chrétiens suggèrent qu’un autre monde est possible en terme de solidarité humaine ou de dignité de tous, même du plus faible, du moins reconnu.

La référence à Dieu a parfois été perçue comme le gage de pratiques d’oppression. Pour les chrétiens on parlera des croisades ou de l’inquisition. Pour d’autres religions, on a l’embarras du choix. Parfois, cela nous paralyse. On s’excuserait presque de parler de Dieu lorsqu’il s’agit de savoir comment agir. Ce n’est pas un petit problème, mais nous ne devons pas nous laisser intimider, car les exemples où l’absolu de Dieu a été remplacé par d’autres absolus sont tellement plus effrayants. Il y a des exemples d’hier, et d’autres d’aujourd’hui. Dans ce sens je vous partage une réflexion percutante sur la pertinence d’une référence à Dieu en matière morale, provenant d’un philosophe de renom :

L’homme était resté seul : seul comme créateur de sa propre histoire et de sa propre civilisation ; seul comme celui qui décide de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, comme celui qui existerait et agirait etsi Deus non daretur — même si Dieu n’existait pas.

Si l’homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer qu’un groupe d’hommes soit anéanti. Des décisions de ce genre furent prises par exemple sous le Troisième Reich, par des personnes qui, étant arrivées au pouvoir par des voies démocratiques, s’en servirent pour mettre en œuvre les programmes pervers de l’idéologie national-socialiste qui s’inspirait de présupposés racistes. Des décisions analogues furent prises par le parti communiste de l’Union soviétique et des pays soumis à l’idéologie marxiste. C’est dans ce contexte qu’a été perpétrée l’extermination des Juifs, de même que celle d’autres groupes, comme par exemple l’ethnie rom, les paysans d’Ukraine, le clergé orthodoxe et catholique en Russie, en Biélorussie et au-delà de l’Oural. De manière analogue, les personnes gênantes pour le régime furent persécutées : par exemple les anciens combattants de septembre 1939, les soldats de l’Armée nationale en Pologne après la Seconde Guerre mondiale, les représentants de l’intelligentsia qui ne partageaient pas l’idéologie marxiste ou nazie. Il s’agissait normalement d’élimination au sens physique, mais parfois aussi d’élimination au sens moral : la personne était empêchée d’exercer ses droits, de manière plus ou moins drastique 11.

Enfin, nous aurons tout un travail à accomplir pour distinguer ce qui vient authentiquement de la foi chrétienne de ce qu’on lui attribue souvent à tort pour le rejeter aussitôt vigoureusement. Ainsi, nous sommes surpris de lire chez Timothy Radcliffe :

Bien des choses considérées comme typiquement catholiques — un enseignement de type autoritaire, un contrôle centralisé, une approche rigoriste de la morale ou une méfiance à l’égard du corps — ne sont peut-être que le résultat de notre conformité à la culture des Lumières. Il se pourrait bien que nous voyions l’Église se renouveler d’elle-même, libérée des carcans d’une pensée qui, bien que très bénéfique à l’humanité dans nombre de domaines, a entravé la vie de l’Église et brouillé sa visibilité en tant que signe du Royaume 12.

Enseignement de type autoritaire, contrôle centralisé, approche rigoriste de la morale ou méfiance à l’égard du corps, ce n’est pas la première chose que nous attribuerions à l’esprit des Lumières. Pourtant, à bien examiner la question, l’authentique tradition chrétienne de la morale ne traîne pas ce genre de casseroles. Que l’on pense par exemple à l’engagement de saint Augustin défendant contre les manichéens l’union physique dans le mariage. La situation n’est pas simple, pour faire de la morale il ne faut pas se nourrir d’idées toutes faites. Il faut en outre demeurer en questionnement, ne pas chasser les points d’interrogation de nos esprits. La morale est la science de ceux qui acceptent de ne pas cesser de se poser des questions.

Table des matières

1 Le cœur de l’homme, source de la liberté et de la conscience
 1.1 Le tournant opéré par Jésus: l’abîme de la liberté
 1.2 Le cœur de l’homme: liberté et volonté dans la Bible
  1.2.1 Genèse 1: l’homme à l’image de Dieu
  1.2.2 Genèse 2: l’homme capable de Dieu, partenaire
   1.2.2.1 Un commandement créateur de liberté
   1.2.2.2 Mais pourquoi cet arbre bizarre ?
 1.3 liberté et volonté: approche théologique
  1.3.1 Radiographie de l’homme: intelligence, volonté, sensibilité et passions
  1.3.2 Une liberté qui a pour raison d’être l’amour et le bonheur
  1.3.3 Quel bonheur ?
  1.3.4 Aux sources du bien et du mal: l’ordination à la Béatitude
  1.3.5 Saint Thomas d’Aquin
2 Le sujet humain, son agir et sa conscience
 2.1 Les actes humains et la façon dont ils édifient l’homme
  2.1.1 Les actes humains partent du cœur de l’homme
  2.1.2 Les actes humains, par lesquels l’homme se forme
  2.1.3 l’éthique chrétienne, une morale des vertus
 2.2 Vie morale et sentiments: faire le bien avec passion
  2.2.1 Un peu d’ordre dans ce que nous ressentons: la distinction des passions
  2.2.2 Vive les passions !
  2.2.3 Mais pas comme guide !
  2.2.4 Les vertus correspondent à ce que nous sommes
  2.2.5 Le retour du sujet moral: de la joie de faire le bien à la joie d’être bon
  2.2.6 Un sujet moral en devenir
 2.3 L’éthique catholique au milieu d’autres éthiques
  2.3.1 Un autre regard sur la liberté: la liberté d’indifférence
  2.3.2 Les morales libérales
  2.3.3 La morale utilitariste
  2.3.4 L’éthique de «responsabilité»
  2.3.5 Aujourd’hui, retrouver une «théologie authentique de la liberté»
 2.4 La conscience
  2.4.1 Le sanctuaire intime où la voix de Dieu se fait entendre
  2.4.2 Être présent à sa conscience
  2.4.3 conscience et vérité
  2.4.4 soumission ou objection de conscience — le rapport aux autorités
  2.4.5 la conscience qui doute et la conscience erronée
  2.4.6 Conscience et vie de foi
3 Les sources de la moralité
 3.1 L’acte en ce qu’il est choisi: l’objet de l’acte
  3.1.1 Ce que la volonté fait sienne dans un acte
  3.1.2 Un engagement de la volonté qui précède l’intention générale
  3.1.3 Un engagement de la volonté qui doit être digne de l’homme
  3.1.4 Quelques exemples
 3.2 Les circonstances de l’acte
 3.3 l’intention du sujet
 3.4 L’évaluation de la moralité d’un acte humain
 3.5 Une autre théorie de l’acte humain: le proportionnalisme
 3.6 Les actes intrinsèquement mauvais
 3.7 Peut-on commettre un moindre mal ?
4 péché, responsabilité, culpabilité, pardon
 4.1 Le péché
  4.1.1 Qu’est-ce que le péché ?
  4.1.2 le péché originel: cadre du récit
  4.1.3 Le péché originel, un mensonge sur Dieu
  4.1.4 le péché, dégradation de la relation avec Dieu
  4.1.5 le péché, dégradation des relations humaines et avec l’environnement
  4.1.6 le péché n’est ni le premier ni le dernier mot sur l’homme
  4.1.7 «Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal»
 4.2 Responsabilité
  4.2.1 Gravité, conscience et consentement: péché mortel ou véniel
  4.2.2 les péchés capitaux
  4.2.3 Péché individuel et structures de péché
 4.3 Culpabilité et sentiment de culpabilité
  4.3.1 Des indices dans le récit de la chute
  4.3.2 Origine du sentiment de culpabilité
  4.3.3 Guérir de la faute et du sentiment de culpabilité
 4.4 Le pardon, source de vie
  4.4.1 En chemin dans un monde blessé
  4.4.2 Pardonner c’est créer
  4.4.3 À cause de la vie éternelle
 4.5 Appendice: l’excommunication
  4.5.1 Peines médicinales et expiatoires
  4.5.2 Aux sources de l’excommunication
  4.5.3 En quoi consiste l’excommunication ?
  4.5.4 Cas où l’excommunication ne s’applique pas
5 Ce que Dieu donne: sa grâce et sa loi
 5.1 La grâce du Saint-Esprit
 5.2 La loi morale
 5.3 La loi morale naturelle
  5.3.1 La prétention des chrétiens à l’universel
  5.3.2 La loi naturelle, des règles qui valent pour tous ?
   5.3.2.1 Un pari catholique
   5.3.2.2 Tour d’horizon des cultures et religions
   5.3.2.3 Réticences contemporaines
   5.3.2.4 Oser encore la loi naturelle
  5.3.3 Pourquoi des interventions publiques de l’Église ?
   5.3.3.1 L’Église s’adresse à toute la société
   5.3.3.2 L’état d’esprit des interventions du magistère
   5.3.3.3 Le souvenir tragique de l’époque nazie
 5.4 Écritures et loi morale
  5.4.1 Les Dix paroles — le Décalogue
  5.4.2 «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés !» (Jn15,12)
  5.4.3 Saint Paul et l’église apostolique
 5.5 La loi de gradualité, ou la morale en habits de pastorale
 5.6 Conclusion: Être disciple de la lumière et de la vérité
Bibliographie

Bibliographie

Benoît XVI, Deus caritas est, encyclique, 25 décembre 2005, url : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20051225_deus-caritas-est_fr.html.

Foi, raison et université – Rencontre avec les représentants du monde des sciences, Université de Ratisbonne, 12 septembre 2006.

Rencontre avec le Parlement et la British Society, Westminster Hall - City of Westminster, 17 septembre 2010, url : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2010/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20100917_societa-civile_fr.html.

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1.Voici le point de vue de Pierre Teilhard de Chardin sur cette nouveauté humaine dans l’évolution : «L’animal sait, bien entendu. Mais certainement il ne sait pas qu’il sait : autrement il aurait depuis longtemps multiplié des inventions et développé un système de constructions internes qui ne sauraient échapper à notre observation. Par conséquent, un domaine du Réel lui demeure clos, dans lequel nous nous mouvons, nous, — mais où, lui, il ne saurait entrer. Un fossé, — ou un seuil — infranchissable pour lui, nous sépare. Par rapport à lui, parce que réfléchis, nous ne sommes pas seulement différents, mais autres. Non pas simple changement de degré, — mais changement de nature — résultant d’un changement d’état» (Pierre Teilhard de Chardin s.j., Le phénomène humain, Seuil, 1955, p. 182).

2.Voir notamment Robert Spaemann, Les personnes — Essai sur la différence entre «quelque chose» et «quelqu’un», Humanités, Paris : Cerf, 2009, p. 27-28 : «La parole se distingue en effet des expressions naturelles de la vie par le fait que le point de vue de celui auquel on s’adresse, le fait qu’il entende le mot prononcé, est déjà anticipé dans la prise de parole».

3.Julien Ries, l’«homo religiosus» et son expérience du sacré. Introduction à une nouvelle anthropologie religieuse, Patrimoines — Histoire des religions, Paris : Cerf, 2009, p. 432.

4.Benoît XVI, Discours du pape Benoît XVI aux cardinaux, à la curie romaine et à la famille pontificale, pour la présentation des vœux de Noël, 22 décembre 2011.

5.Revue générale des assurances et responsabilités, arrêt de la cour d’appel de Bruxelles du 21 septembre 2010 (R.G.A.R., 2010, № 14675).

6.Bien qu’un généticien français très médiatique, Marc Peschanski prétendait en 2003 : «La science est l’activité sociale d’une communauté mondiale et, en ce sens, elle ne peut être freinée par l’expression de positions philosophiques, politiques, religieuses ou autres, que l’on regroupe sous le terme d’éthique. Il ajoutait : La recherche scientifique est, en elle-même, une valeur éthique.»

7.Voir par exemple l’avis sur la gestation pour autrui (mère porteuse) en Belgique (www.health.belgium.be/filestore/7972417\_FR/avis30-gestation-pour-autrui\_7972417\_fr.pdf) et en France (www.ccne-ethique.fr/upload/avis\_110.pdf)

8.Jeanne Hersch, «Les fondements des Droits de l’homme dans la conscience individuelle», 1989. cf. Jeanne Hersch, L’exigence absolue de la liberté, Textes sur les droits humains (1973-1995). Genève : MetisPresses, 2008, p.95ss

9.Paul VI, Encyclique Populorum progressio, 26 mars 1967, § 13 : «Experte en humanité, l’Église, sans prétendre aucunement s’immiscer dans la politique des États, “ne vise qu’un seul but : continuer, sons l’impulsion de l’Esprit consolateur l’œuvre même du Christ venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi”».

10.Godfried Cardinal Danneels, Chrétiens  : meilleurs ou différents ?, Mechelen : Service de Presse de l’Archevêché, 2001, p. 34.

11.Jean-Paul II, Mémoire et identité, Conversations au passage entre deux millénaires, Flammarion, 2005, p. 17-25, traduction française depuis l’original polonais.

12.Timothy Radcliffe o.p., «Quelle forme pour l’Église de demain ?», dans : America (13 avril 2009), paru dans La Documentation Catholique, 18 octobre 2009, p.937.