homélie de la fête de la Sainte Famille de Nazareth, 28 décembre 2025
Cette fête de la Sainte Famille est l’occasion de méditer sur l’importance de la famille dans la société, et sur la façon dont nous pouvons vivre dans nos familles. Le pape Léon, depuis le début de son pontificat, insiste sur le bien éminent qu’est la famille. « C’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples », disait-il dans l’homélie de la messe du jubilé des familles, le 1er juin 2025 ; homélie que je citerai quelques fois.
Dans un monde à l’avenir incertain, plus que jamais la famille peut être le lieu, non pas où on se réfugie comme dans un cocon qu’on espère douillet, mais le lieu où les personnes peuvent se développer en cultivant la loi de l’amour mutuel. La famille est le premier laboratoire où nous faisons nos expériences relationnelles, et chacun doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que ce soit des expériences d’amour, de générosité, de consécration mutuelle.
Plusieurs ont la chance de vivre dans une famille soudée, où on peut affronter les épreuves de la vie dans l’unité. C’est l’expérience que fait la Sainte Famille, qui doit fuir la persécution et devenir des migrants sur une terre étrangère. Par ailleurs, cette expérience douloureuse de la Sainte Famille a conduit le pape Pie XII, en 1952, à défendre le droit des personnes à migrer hors de leur terre vers un pays qui leur permettrait de subvenir honnêtement à leurs besoins1. Plus généralement, beaucoup de détresses naissent du fait que des personnes plus faibles n’ont pas pu bénéficier de l’entourage d’une famille bienveillante.
Parfois on est en effet une famille « à problèmes », car au moins un des membres souffre ou fait souffrir, ou les deux à la fois. Là aussi l’Écriture nous encourage et nous montre le chemin. « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. » (Si 3,3) Quels que soient les défauts ou les péchés de nos parents, nous avons reçu d’eux la vie ; quels que soient les défauts ou les péchés de nos enfants, le Seigneur nous a permis de leur donner la vie. Le pape disait dans son homélie : « nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Tous les hommes sont des enfants. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas arrivés ».
Parfois, ce lien est abîmé par le péché, qui cause des abus, des malveillances, des démissions. Présentons cela au pouvoir guérisseur de l’amour du Christ. Seigneur, viens guérir nos familles, viens guérir nos cœurs, et que l’amour qui t’a conduit à prendre chair, à naître dans une famille, soit répandu dans nos familles et autour de nous !
Saint Paul nous encourage au pardon. On ne peut pas vivre longtemps ensemble sans se pardonner. « Pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. » (Col 3,13) En famille, on peut se dire les choses, mais il faut être prêt à pardonner, à dire : le mal que tu m’as fait, je ne l’oublierai pas, je ne l’excuse pas, mais je veux que mon amour pour toi soit plus fort que cela.
La famille guérit aussi lorsqu’on s’exerce à vivre la reconnaissance, à donner tout ce dont on est capable comme attention à l’autre. « Supportez-vous les uns les autres », disait saint Paul, c’est-à-dire soyez les supporters les uns des autres ! Que chacun encourage l’autre à donner le meilleur de lui-même !
Pour vivre cela, le sacrement du mariage revêt les conjoints d’une force d’en-haut. Le pape disait aussi : « le cœur plein de reconnaissance et d’espérance, je vous dis, à vous les époux : le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond. […] C’est pourquoi je vous encourage à être, pour vos enfants, des exemples de cohérence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les éduquant à la liberté par l’obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donné chaque jour avec elle […]. Enfin, à vous, chers grands-parents et personnes âgées, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilité et la patience que les années enseignent. »
Enfin, la famille engendre à la foi. « Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de génération en génération : elle est partagée comme la nourriture sur la table et les affections du cœur. Cela en fait un lieu privilégié pour rencontrer Jésus, qui nous aime et veut notre bien, toujours. »
1. Constitution apostolique Exsul familia : on ne devrait pas en arriver « au point que, si un endroit quelconque de la terre permet de faire vivre un grand nombre d’hommes, on en interdirait, pour des motifs insuffisants et pour des causes non justifiées, l’accès à des étrangers nécessiteux et honnêtes ».

