homélie du 5e dimanche ordinaire, 10 février 2019

Pierre{joomplu:526} connaît Jésus depuis un moment, depuis qu’André son frère l’a présenté à Jésus qu’il avait rencontré auprès de Jean-Baptiste dont il était disciple. Pierre a déjà vécu quelque temps dans l’orbite de Jésus, tout en continuant son métier de pêcheur, mais aujourd’hui est un jour particulier. Voilà le moment où Pierre devient disciple, où il est institué pêcheur d’hommes, et c’est le jour où il choisit de faire confiance et agit en ne se fiant pas du tout à ce qui est humainement prévisible, mais en se fiant uniquement à la parole du Seigneur : « avance au large et jetez vos filets pour la pêche ».

Pierre est passé du statut d’homme intéressé par Jésus à celui de collaborateur du Seigneur pour la vie. N’est-ce pas pour cela qu’il y a le célibat des prêtres ? Je voudrais en parler un peu, car l’actualité médiatique me permet de livrer quelques réflexions sur ce grand don de Dieu à son Église. C’est un fait, il n’y a plus beaucoup de jeunes chrétiens aujourd’hui et ils sont une infime partie d’entre eux qui s’engagent dans le célibat consacré. Ça ne fait pas grand monde ! On évoque beaucoup de causes diverses, plutôt d’ordre sociologique, mais une cause n’est pas aperçue : le déficit de l’appel. On estime juste d’appeler au diaconat, ou à un ministère laïc, mais l’Église aurait-elle le droit d’appeler à être prêtre, alors qu’il y a le célibat à la clé ? Ne faudrait-il pas que la personne soit appelée au célibat ? En réalité, on a beaucoup trop fait du célibat pour le Seigneur une vocation à part entière, comme s’il existait un appel au célibat. Cela me paraît clair qu’il n’existe pas un appel au célibat, mais un appel à tout miser sur le Christ. Le célibat consacré fait partie de cet appel et de ce choix à chercher l’amitié du Seigneur en misant toute sa vie sur son amour, et donc en conséquence en renonçant à l’assurance d’un amour humain. Celui qui s’engage dans le célibat pour ce motif de tout miser sur le Christ verra sa vie visitée et fécondée par le Seigneur. Je ne dis pas qu’il aura une vie facile ou qu’il ne sera jamais tenté de regretter son choix. Mais s’il renonce à regarder en arrière (Lc 9,62) et se reprend, s’il s’offre à nouveau même dans la nuit de la foi, il verra la gloire de Dieu sur ses pas. Le mariage est vraiment une très belle vocation. Choisir le mariage chrétien aujourd’hui est une grande façon de miser sur le Christ. Qui ne doit pas faire oublier cet autre chemin : tout miser consciemment sur le Christ et renouveler souvent ce don procure une joie rare.

Donc, j’espère ne jamais rencontrer chez un jeune une vocation au célibat — j’avoue que cela me paraîtrait suspect et que je lui répondrai : apprends d’abord à désirer le mariage —, mais je pense qu’il y a chez un certain nombre de jeunes une vocation à tout quitter pour le Christ, comme les apôtres Pierre, Jacques et Jean. Et qu’ils seront très heureux s’ils le font. Lorsqu’on rencontre quelqu’un qui est sensible au Seigneur, c’est bon de lui faire sentir la possibilité de tout risquer pour le Christ.

Autre chose me paraît important dans les lectures d’aujourd’hui. Quand Isaïe puis Pierre se rendent compte de la puissance de Dieu qui les côtoie, ils ne se sentent plus dignes d’être là si proche. Pierre a pourtant déjà vu Jésus faire des miracles. Mais cette pêche incroyable lui fait vraiment comprendre que Dieu est là et que c’est Dieu plus grand que tout. C’est une belle réaction, de dire au Seigneur : « Éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » C’est une belle réaction qui nous fait entendre la réponse du Christ : sois sans crainte, je te choisis. Je te connais et je te choisis. Ne t’arrête pas à ce que tu penses — très justement — de toi, mais attache-toi à ce que moi je pense de toi !

Pierre reçoit alors une mission. À partir du moment où il ne compte plus sur ce qu’il est à ses propres yeux, mais sur ce qu’il est pour le Christ, sa vie va rayonner. Et même si plusieurs fois il devra reprendre le chemin de la confiance qu’il aura délaissé, chaque fois le Seigneur le remettra en route. Faisons de même : laissons le Seigneur nous relever d’une parole encourageante et nous donner une belle mission dans la vie, une mission de lumière, par le don répété de nous-mêmes.