homélie de la fête de Marie Mère de Dieu, 1er janvier 2018, Igny

On peut{joomplu:543} dire que les bergers et leur message tombent à pic dans l’étable de Bethléem. Sur les tableaux de la Nativité Jésus est souvent tout luisant dans son berceau et sa gloire saute aux yeux. Mais en réalité, si on s’en tient aux récits évangéliques, il devait y avoir bien peu de choses qui soulignaient la splendeur de l’événement. Depuis la parole de l’ange à Marie et l’émerveillement d’Élisabeth neuf mois auparavant, les indices de la proximité de Dieu étaient plutôt négatifs. Comment pouvait-il se faire que celle qui serait la mère du « Fils du Très-Haut » (Lc 1,32) doivent se mettre en route enceinte jusqu’au cou pour traverser la Palestine et atterrir dans une ville où personne ne peut l’accueillir ? Comment le Fils de Dieu doit-il naître dans une étable et être couché dans une mangeoire, même si Joseph avait sûrement soigneusement gratté le mélange de fétus, de bave et de grains qui collait au fond ? Et je vous passe l’odeur et les toiles d’araignée. Si Dieu est avec nous, pourquoi ce dénuement ? La question ne devait pas manquer d’être tapie à la porte du cœur de Marie et Joseph.

Et voilà les bergers, non pas accompagnés des anges, mais de leur message : « aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ; vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,11-12). Cela devait être une bouffée d’air frais, après ces mois de silence de Dieu. Enfin le signe que Dieu est là, malgré les apparences contraires ! Apparences qui allaient continuer à s’agiter autour de la sainte Famille, quand il faudrait bientôt fuir en Égypte avec le Fils de Dieu.

Marie était capable de traverser tout cela, car elle avait un secret précieux : elle « retenait les événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). Cette façon de plonger au plus profond de soi les traces de Dieu et d’y être présente lui permettait de tenir au milieu de toutes les apparences contraires. Elle pourra le faire à toutes les étapes de la vie du Christ et de l’Église naissante.

Vous avez sûrement déjà fait, au long de ces descriptions, le parallèle avec vos propres vies. Combien de fois nous sommes-nous risqués à la suite du Seigneur pour entrer finalement dans un grand silence et être assaillis de mille questions. Où est Dieu ? Pourquoi tout cela nous arrive-t-il si Dieu est avec nous ? Le chemin de la foi est comme ça, depuis Abraham. Et si cela n’arrive pas c’est sûrement que nous ne suivons pas le vrai Dieu mais des idoles. Le vrai Dieu nous conduit au-delà de nous-mêmes par des chemins où il n’y a que la confiance. C’est comme cela qu’il nous dépouille de nos couches superficielles, pour faire briller sa présence en nous, à notre grand bonheur et à celui de celles et ceux qui nous entourent.

En attendant, ce n’est pas toujours rigolo, mais nous pouvons imiter l’attitude de la mère de Dieu, de la mère de celui pour qui les galaxies sont comme des hochets et les étoiles des lumerottes. Elle va nous aider à garder au plus profond de nous les traces que Dieu a faites dans notre vie. Elle va nous aider à y revenir, à y trouver un fil pour avancer dans l’obscurité, ou de quoi nous réchauffer dans le froid. Elle est présente à toutes les étapes de la vie de l’Église, jusqu’à notre époque encore. Mettons-nous à l’école de la mère de Dieu pour voir les merveilles du Seigneur.