homélie de la fête de l’Ascension 2021

{joomplu:184} Que faisons-nous ici ? Quel est le sens de notre pratique chrétienne ? Plus largement, pourquoi l’Église elle-même ? La fête d’aujourd’hui peut nous aider à répondre à ces questions. Quand Marie-Madeleine voit Jésus ressuscité, elle veut le saisir, mais Jésus lui répond : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17) Jésus avait vécu quelque chose qu’aucun être humain n’avait encore vécu : se relever d’entre les morts. Ce n’était pas une œuvre humaine. C’est parce qu’il est venu de Dieu comme son Fils bien-aimé qu’il a pu remporter ce pouvoir sur la mort. Mais jusqu’à l’Ascension sa divinité est restée cachée, au point que Marie-Madeleine croit pouvoir le retenir. L’Ascension c’est le dévoilement du monde auquel appartient Jésus, qui englobe le nôtre et le dépasse incroyablement. Il me semble que l’on peut le considérer, ce monde de Dieu, non pas comme un monde à côté, mais autour du nôtre. Ainsi, Jésus, en partant dans ce monde de Dieu, se rend présent à tous et à chaque instant.

Le temps que nous vivons est donc le temps de la présence du Christ à tous ceux qui le cherchent. Hier des enfants, qui étaient venu récupérer leur ballon dans mon jardin, m’ont demandé si je parlais avec Dieu. Je leur ai répondu que je le faisais souvent, et je voyais bien qu’ils se demandaient comment j’entendais Dieu parler avec moi. Quand nous prions, quand nous nous battons un peu contre notre rythme de vie pour prendre un temps de silence et d’écoute du Seigneur, en méditant sa Parole, en priant le chapelet ou encore autrement — quand nous prenons ce temps avec Dieu nous finissons par ressentir une présence, une joie, une paix, une détermination à faire le bien, qui sont la réponse de Dieu. Jésus est monté aux cieux, est entré dans la nuée de la gloire de son Père, pour que de ce monde qui nous entoure il soit présent à notre prière, à notre âme, car il nous aime tant, nous avons tant de prix pour lui, qui que nous soyons, quel que soit ce que nous avons fait. Il nous cherche sans cesse.

Vous avez entendu dans les lectures que ce temps inauguré par l’Ascension est le temps du témoignage, le temps de « proclamer l’Évangile à toutes la création » (Mc 16,15). Nous sommes ici pour nous rendre capables d’accueillir la présence du Christ, mais aussi capables de la dire, d’y conduire les cœurs, de favoriser cette rencontre entre l’âme de beaucoup dans ces villages avec le cœur de Dieu. Nous pourrions nous dire : comment pouvons-nous faire cela ? Comment organiser cette rencontre entre nos contemporains et le Dieu invisible ? Deux choses nous aident. Lune est l’expérience de ceux qui nous précèdent, qui est condensée dans la sagesse de l’Église. Nous pouvons grandir intérieurement en faisant confiance à l’Église qui a concentré toute cette sagesse de vie, en lisant la vie des saints et leurs écrits, en écoutant le pape et les évêques — et pas seulement par ce que les médias veulent bien nous en dire. Écouter l’Église, donc, et écouter l’Esprit Saint. C’est la deuxième aide pour vivre de Dieu et être témoin, et à vrai dire c’est la première car sans l’Esprit, pas d’Église ! Jésus avait dit à ses apôtres : « vous allez recevoir une force
quand le Saint-Esprit viendra sur vous » (Ac 1,8). Aujourd’hui encore, désirons cette force, cette lumière, cette joie qu’apporte l’Esprit Saint. Quand nous prions, prions pour recevoir l’Esprit Saint. Et comme saint Paul nous dit que c’est l’Esprit qui nous fait prier comme il faut, vous comprenez que c’est progressivement que l’on entre dans l’intimité de l’Esprit. Il ne faut pas s’étonner si, quand on reçoit un sacrement, il n’y a pas un changement soudain. C’est rare, car la démarche habituelle est de devenir progressivement habité par l’Esprit, comme un apprivoisement mutuel.

Si je veux résumer tout cela je dirais : nous sommes ici parce que Jésus le Christ est entré dans la gloire de Dieu pour être proche de chaque homme, de chaque femme de chaque époque. Aujourd’hui nous accueillons sa présence et nous la faisons connaître autour de nous, car c’est un tel bonheur d’être ami de Dieu. Nous pouvons le faire grâce à l’Esprit Saint, qui cherche à habiter en nous. Et nous tenons le cap grâce à l’Église, à son enseignement et à l’exemple de nombreux saints. Bonne fête de l’Ascension !