homélie du 3e dimanche de Pâques, 18 avril 2021

{joomplu:554} Deux fois dans les lectures aujourd’hui on dit que Jésus apporte le pardon des péchés. Cela semble être le résumé de l’Évangile, ce qu’il faut absolument annoncer au monde. Pourquoi la mission que le Seigneur donne à ses disciples est-elle ainsi résumée : « la conversion serait proclamée au nom du Christ, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. » (Lc 24,48) ?

Le Christ est venu pour le pardon des péchés, car le péché c’est la rupture de l’amitié avec Dieu et l’entrée dans les ténèbres, le désespoir, la mort. Le péché ce n’est pas enfreindre un règlement, mais cesser d’écouter Dieu et n’en faire qu’à sa tête. Alors l’amour se refroidit en moi et je me retrouve bientôt seul au monde, triste. Je me fais une conception erronée de Dieu, qui me conduit à me méfier de lui, à prendre de travers ce que la Bible me dit de lui. Je ne comprends plus sa bonté, mais j’entre dans le soupçon.

Je ne suis pas seul aux commandes de cet éloignement. Le diable veut se mettre en travers de notre chemin avec Dieu. Il veut nous damner. Alors il joue sur notre imaginaire, il nous trompe au sujet de Dieu, nous faisant croire tour à tour que ses commandements sont facultatifs, qu’il n’est pas important de l’aimer, ou au contraire que Dieu est terrible et que nous sommes déjà indignes de lui. Et il nous trompe au sujet de notre propre bien, en nous faisant croire que notre bonheur est dans toutes les choses qu’il nous suggère, faisant de nous des adorateurs des plaisirs ou de la richesse ou de nous-même. Pendant ce temps, nous fonçons dans la vie, nous sommes très occupés, jusqu’au moment où nous nous découvrons vides et tristes.

Heureux alors celui qui n’en profite pas pour se lancer dans une nouvelle course en avant, succombant au démon de midi ou de minuit ou à d’autres vanités ! Heureux celui qui entend parler du Seigneur Jésus et lui ouvre enfin son cœur ! Et plus heureux encore celui qui dès sa jeunesse est entré dans la complicité avec son Dieu !

En Jésus je découvre que Dieu me cherche, qu’il s’est mis de mon côté, qu’il n’a rien trouvé de trop coûteux pour retrouver mon cœur. Et non pas seulement le mien mais celui de tous ceux qui m’entourent, et même le cœur de ceux qui me scandalisent, ou de ceux qui me font du mal.

Ce lien avec le Père, avec l’auteur de la vie, qui avait été détruit, glacé, rendu exsangue, Jésus le transforme en un lien si intime que nous pouvons devenir des fils, dans le Fils. En Jésus je retrouve espoir, pour moi et pour l’humanité. Mon cœur qui cherche le bonheur entend le Père me dire : tu es mon fils bien-aimé, je trouve ma joie en ta présence. Avez-vous déjà éprouvé la joie d’être en présence d’une personne très aimée, tout simplement en sa présence, ressentant son amour pour vous et votre amour pour elle ? Dans les chansons et dans les films vous entendez des amoureux dire : je pourrais tout supporter si je suis avec toi. Peut-être l’avez-vous dit vous-même ? Celui qui a été réuni à Dieu par le pardon de ses péchés peut le dire au sujet de son Créateur : ma joie, c’est de vivre en ta présence ! Voilà pourquoi l’évangile, la bonne nouvelle qui transforme le monde, c’est le pardon des péchés.

Jésus, le Fils, a conquis ce lien pour nous dans la souffrance (voir He 5,8 pour un résumé saisissant de cela). Ne nous étonnons pas si nous devons souffrir à notre tour dans le combat spirituel. Ce lien joyeux et lumineux avec le Père se conquiert jour par jour, seconde par seconde, et parfois dans bien des luttes. En Jésus je trouve la force de lutter pour le monde nouveau, en moi et autour de moi. C’est sa grâce. Il est avec nous.