homélie du 7e dimanche de Pâques, 16 mai 2021

{joomplu:538} La grande prière de Jésus que saint Jean nous relate, nous la lisons en trois fois, sur les trois années A, B et C. Saint Jean ne dit pas clairement où Jésus prie ainsi, mais juste après il montre Jésus partir avec ses disciples au mont des oliviers, avant d’être livré par Judas. Alors je me demande si on ne pourrait pas imaginer que nous venons d’entendre le début de la prière de Jésus qui se termine par : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi… cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Si nous plaçons la prière de Jésus dans ce cadre de l’ultime combat de Gethsémani, nous devenons capables de comprendre comment Jésus peut dire qu’il prie pour que nous soyons comblés de joie alors que le monde nous rejettera. Car comment être dans la joie quand des gens autour de nous nous prennent en haine ? Quelle est la solution de ce paradoxe ? Car nous ne sommes pas masos, ça ne nous amuse pas d’être mis à l’écart ou combattus.

Jésus affronte les forces du mal, tout le mépris dont est capable le diable, toute la haine qu’il déverse sur lui, toute la peur qu’il essaie de lui inspirer, et pendant ce temps il prie le Père en disant : « pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité » (Jn 17,19). Puisqu’il en est ainsi, lorsque nous sommes pris dans l’angoisse ou le découragement, revêtons-nous de cette prière de Jésus, de cette action de Jésus qui fracasse le mur de la peur et du découragement en disant « je me consacre moi-même ». Marchons bien serré derrière lui, pour avancer sur le chemin qu’il nous fraie. Alors, au cœur même des difficultés, la joie de Dieu pourra être la nôtre. C’est la joie de goûter déjà sa victoire, de voir son triomphe en contemplant la croix et en méditant la résurrection. La joie de le chanter, lui, le Seigneur de gloire qui offre sa victoire à tous ceux qui croiront en lui. La joie de nous savoir en sécurité contre son cœur.

Bon, je ne suis pas en train de vous dire que vous êtes devenus des supermans et superwomans invincibles. Justement, nous n’appartenons plus au monde. Finis les rêves de grandeur ou même de confort ! Les apôtres, pour qui Jésus a fait directement cette prière, n’ont pas eu une vie tranquille. Jésus ne nous promet pas la joie des publicités que l’on voit à la TV, mais la joie de savoir que notre vie réussira, aboutira au triomphe de la lumière et de l’amour. Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre pour goûter cela dès maintenant. Et ceux qui sont trop riches pour le goûter, qu’ils supplient le Seigneur de leur faire la grâce d’un cœur de pauvre. Il répondra à cette prière, car c’est vraiment une de ces prières dont Jésus dit : tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ». (Jn 16,23)

Ce que je viens de vous partager à titre individuel, comprenons-le aussi au niveau de tout le peuple de Dieu. En ces temps incertains que nous vivons, où nous nous demandons ce que devient l’Église, tellement mise en marge de la vie sociale, ce que devient l’Église qui se divise tellement sur des sujets essentiels, je voudrais simplement vous laisser avec encore une phrase du Seigneur : « Soyez sans crainte, petit troupeau, car il a plu au Seigneur de vous donner le Royaume » (Lc 12,32). Soyons fidèles ! Soyons fidèles au Christ et à son Église ! Lui, il sait où nous allons et par sa fidélité il a remporté la victoire.