homélie du 28e dimanche C, 9 octobre 2022

{joomplu:179} Qu’est-ce que la foi ? Cette foi qui déracine les arbres, qui déplace les montagnes… Cette foi de ce samaritain dont Jésus dit qu’elle l’a sauvé, alors que les 9 autres ont seulement été guéris ?(Lc 17, 11-19) À première vue, pour nous les dix lépreux avaient la foi puisqu’ils sont venus demander à Jésus de prendre pitié d’eux, c’est-à-dire de les guérir de leur maladie. Ils croyaient que Jésus peut leur rendre la santé. C’est ce genre de foi qui consiste à croire que… Croire que Dieu peut faire ceci ou cela pour moi. Et ça marche ! Mais méfions-nous, ce n’est pas encore la foi qui sauve. Un seul s’entend dire : « relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ». Nous sommes si terrestres que pour nous, « ta foi t’a sauvé » s’appliquerait à tous ceux qui ont miraculeusement été guéris de cette maladie incurable. Mais non, c’est un seul qui s’entend dire que sa foi l’a sauvé. Quelle est cette foi qui l’a sauvé ? Comment se manifeste-t-elle ? À quoi conduit-elle ? Pourrions-nous l’imiter ?

De cet épisode nous pouvons déduire que cette foi qui nous sauve c’est la relation que ce Samaritain lépreux se met à tisser avec Dieu dans la louange. Il vient à Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix ». Vendredi passé nous avons vécu à l’église Saint-Michel un temps de prière avec un long temps de louange, et elle a beaucoup agrandi notre cœur, elle y a mis la lumière de Dieu — je dirai même pour plusieurs jours. C’est une forme de prière très peu pratiquée dans l’Église d’aujourd’hui, alors qu’on la trouve tout au long des Actes des apôtres et des lettres de saint Paul. Notre âme a un grand besoin de dire à Dieu notre reconnaissance, notre émerveillement, notre joie d’être ses enfants, de pouvoir compter sur lui, de vivre au milieu de sa création, d’avoir un cœur pour accueillir son amour et pour l’aimer, et tant d’autres choses. Même dans l’angoisse et la privation, nous pouvons encore louer le Seigneur, et c’est même un besoin vital pour le chrétien. C’est le besoin de tout vivre avec le Christ, comme le soulignait saint Paul écrivant à Timothée : « si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons ; si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. » (2 Tm 2, 8-13) Le Seigneur ne nous abandonne jamais, nous ne sommes jamais dans une situation où nous avons cessé d’être ses enfants, alors chantons sa louange tout au fond de nos cœurs et aussi à pleine voix, même tout seul dans notre chambre. Il y a aussi sur youtube plein de chants de louange catholiques qui peuvent aussi nous aider. Quelle que soit la manière, la louange est nécessaire ; elle est la respiration de notre âme. Et quand vous vous levez du pied gauche, quand vous sentez que votre journée va être lourde ou difficile, louez encore plus le Seigneur, sortez de votre coquille d’enfant orphelin pour devenir enfant de Dieu. Les religieuses et les prêtres commencent leur journée en disant : « béni soit le Seigneur, qui visite et sauve son peuple ! » Bon, on ne dirait pas toujours qu’ils l’ont fait de tout leur cœur… Mais il n’y a pas d’autre chemin que la louange. Et d’ailleurs, dans la célébration de la messe nous lui faisons une bonne part, avec ce chant du « Gloire à Dieu » et celui du « Saint le Seigneur » — deux chants tirés des paroles des anges dans l’Écriture : louer Dieu c’est la vie du ciel !

La foi qui sauve naît donc de cette reconnaissance envers Dieu, et cela parce qu’elle établit un lien vivant, un lien amoureux entre l’âme et son Créateur. Ce lien n’est plus le lien intéressé, cupide, qui risque de s’installer si nos rapports avec Dieu sont seulement des rapports de demande. Regardez le lien entre un enfant et ses parents. S’il est toujours dans la demande, et finalement la réclamation, quelle joie y a-t-il encore ? Mais comme il est bon, ce lien joyeux et aimant d’un enfant à ses parents lorsqu’il reconnaît déjà tout ce qu’il a et s’attache à rendre grâce et à rendre service !

Voilà comment nous pouvons imiter ce Samaritain qui a trouvé le salut. Voilà comment dès aujourd’hui le Seigneur pourra nous dire : ta foi t’a sauvé ! Et nous marcherons dans la lumière.

Abbé Christophe