homélie de la fête du Christ roi de l’univers, 20 novembre 2022

{joomplu:558} Tout en nous aspire au Royaume du Christ Roi, tant nous sommes fatigués des ténèbres du mensonge et de la trahison, de la domination et des abus, de l’impureté et de tant de choses qui réduisent l’être humain à un objet entre ses propres mains. Oh oui, comme nous désirons être arrachés « au pouvoir des ténèbres » dont parle saint Paul, afin d’hériter de la lumière du ciel, de la paix et de la joie pour lesquelles nous sommes faits !

Comment serons-nous libérés de l’oppression de toutes ces choses mauvaises que font les êtres humains et que parfois nous faisons aussi ? Comment serons-nous libérés des erreurs dans lesquelles le diable plonge l’humanité, lui qui est le menteur par excellence, lui qui semble piloter jusqu’aux décisions politiques qui salissent le cœur des jeunes et jettent beaucoup de monde dans la perplexité ? Ah, nous aimerions bien, parfois, une bonne petite remise en ordre… Horrible tentation qui sous couvert de bien insinue la dureté, le rejet de ceux qui ne sont pas conformes ou qui se sont mal conduit ! Ce n’est pas avec un fouet que le Christ est venu dans le monde. Ce n’est pas avec la répression et en accablant le pécheur que Dieu veut redresser le cours de l’histoire, sauver le monde et instaurer son Royaume. Autant nous aspirons à ce que la lumière chasse les ténèbres, autant nous devons choisir aussi les moyens qui sont ceux de la lumière : éclairer, procurer la joie et l’espérance. Parfois, des chrétiens pourraient être attirés par des programmes politiques qui prônent un régime fort qui remet de l’ordre. Ce n’est pas la manière de la véritable lumière qui chasse les ténèbres.

Comment Dieu s’y est-il pris pour établir son Royaume ? Par la vie, la passion et la résurrection du Seigneur Jésus. Celui « par qui et pour qui tout est créé », celui qui « est avant toute chose », « fait la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Col 1). C’est ainsi qu’il s’est rendu capable d’introduire le « bon » larron dans le paradis. Il était loin d’être irréprochable, ce larron qui dit qu’être crucifié, pour lui et son compagnon d’infortune, c’est juste. Et Jésus ne dit pas que le mal qu’il a commis est excusable. Il parle comme celui qui a le pouvoir de purifier les cœurs qui s’ouvrent à lui. Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie », il a ce pouvoir, il l’a acquis en donnant sa vie.

Pourtant, l’autre malfaiteur crucifié lui résiste. Il n’ouvre pas son cœur, il ne laisse pas de prise à l’amour de Dieu. Celui qui est le chemin butte sur une impasse. Celui qui est la vérité ne parvient pas à s’imposer à l’autre qui ne veut pas le reconnaître. Celui qui est la vie ne peut se déverser dans le cœur qui veut rester maître de tout. Tant d’hommes aujourd’hui risquent de se retrouver dans la position du deuxième malfaiteur, n’acceptant pas que le Royaume de Dieu vient à leur porte dans l’humilité, la faiblesse, le dépouillement. Ils veulent rester maîtres, continuer à suivre leurs vues comme ils l’entendent. Ils refusent un Dieu qui conteste leur façon de vivre. Ils ne cherchent nul pardon, ceux qui n’acceptent pas qu’on parle encore de péché. Oh comme il nous faut prier pour ceux qui font ainsi barrage au règne du Christ dans leur vie ! Qu’ils ne soient pas perdus à jamais ! Demandons la grâce, pour eux et aussi pour nous, de savoir reconnaître nos torts, nous humilier devant Dieu, afin qu’il nous relève, nous console et nous comble. Celui qui se justifie lui-même ne pourra être comblé que par lui-même. Celui qui laisse Dieu le rendre juste sera comblé par Dieu. C’est vraiment une autre mesure.