Le paradis, entre fiction et réalité
homélie du 21e dimanche C, 21 août 2022
{joomplu:200} Un homme vient demander à Jésus : Est-ce qu’il n’y aura que peu de gens qui seront sauvés ? Il y a 4 siècles, un courant spirituel appelé jansénisme avait répondu : oui, il y en aura peu. Sur les crucifix jansénistes, le Christ avait les bras très serrés sur le dessus de la tête, car il ne servait à rien qu’il ait les bras grand ouverts pour accueillir le peu de ceux qui seraient sauvés de la grande masse des réprouvés. De nos jours, à l’inverse, nous avons été endormis par une théologie à la Michel Polnareff, « on ira tous au paradis », une vision qui semble très positive, mais qui en réalité fait du paradis un enfer. Car de deux choses l’une. Ou bien le paradis consiste à vivre comme nous l’entendons, et alors vivre ainsi toute une éternité tournera au calvaire. Quand on peut vivre comme on veut pendant une semaine ou quinze jours, ça va, mais après commence l’ennui et le désir de fuir cette situation. Ce n’est pas pour rien que les jeunes retraités traversent une crise, alors qu’ils ont tant désiré ce moment où ils ne seraient plus contraints de rien. Quand je parle aux gens de l’éternité, beaucoup me disent craindre que ça risque d’être long. Ils ont raison : un paradis éternel où on vit comme on veut, ça sera un enfer. L’autre possibilité est que le paradis soit comme le dit la foi chrétienne : une vie d’amour, une contemplation de Dieu, l’auteur de tout bien et de toute beauté, lui qui est infiniment désirable, lui dont on ne se rassasiera jamais de goûter le visage, lui à qui l’éternité convient si bien car si on venait nous dire : « bientôt c’est fini », nous mourrions une deuxième fois d’être privés d’un si grand bien. Ce paradis a le bon contenu, mais si on est tous forcés d’y entrer, si on y va tous d’office, alors nous nous trouvons en présence d’un Dieu qui obligerait à l’aimer. Et ça, à nouveau, c’est l’enfer, car un amour obligé n’est plus de l’amour. Donc, c’est impossible de dire qu’on ira tous au paradis, et d’ailleurs on ne trouve cela nulle part dans l’Écriture.
L’Évangile est une force de contestation
homélie du 14 août 2022, 20e dimanche C
{joomplu:151} Quel contentement nous pouvons avoir d’entendre dire par Jésus que le Royaume de Dieu qu’il est venu inaugurer sur la Terre est comme un feu d’amour qu’il allume — enfin, vu les conditions météorologiques, nous préférerons penser à une pluie d’amour sur toute l’humanité —, un grand élan d’amour initié par le Seigneur dans le cœur de tous les croyants et par contagion dans le cœur de tous les hommes ! Quand beaucoup pensent au christianisme comme quelque chose d’étroit ou de dépassé, nous laissons notre Seigneur nous faire désirer ce feu d’amour que nourrit la foi chrétienne.
Je T’écoute
homélie du 16e dimanche C, 17 juillet 2022
{joomplu:191} Ces jours-ci je regardais une vidéo comme on en trouve plein sur youtube, qui expliquait comment surmonter la souffrance. C’était très spirituel, mais c’était une technique mentale à appliquer tout seul sur soi. Il fallait s’entraîner à regarder sa vie ainsi et ainsi. C’était très noble, mais c’était vraiment tout seul. Or la foi chrétienne ne dit pas que nous sommes seuls dans ce vaste monde qui parfois nous inquiète car nous y souffrons. Nous ne sommes pas seuls devant les forces obscures de l’univers. Nous ne sommes pas non plus livrés à des énergies ou des entités qui sont souvent des esprits démoniaques, comme on en rencontre dans le reiki si on pratique cela un certain temps. Non, nous ne sommes pas abandonnés à tout cela, car il y a un Dieu, le Seigneur de l’Univers, et ce Dieu vient vers nous, il se soucie de nos soucis et il cherche à nous rencontrer.
Le grand mouvement de l’amour
homélie du 15e dimanche C, 10 juillet 2022
{joomplu:184} Dieu donne sa loi aux hommes pour leur permettre de réaliser leur vocation, de devenir pleinement ce qu’ils sont, de parvenir à la plénitude. Une vision erronée de l’être humain nous fait voir les commandements de Dieu comme une concurrence avec notre liberté. « Je suis libre, bien qu’il y a les commandements de Dieu », dira-t-on. Et on verra des chrétiens affirmer qu’ils prennent leurs libertés avec l’Église, et finalement avec la loi de Dieu. C’était en fait la tentation du péché originel, et Adam et Ève y ont succombé : tu serras plus libre en n’écoutant pas Dieu. Nous vivons alors dans un monde qui est miné par cette méfiance originelle : servir Dieu limite l’homme, nous enlève des occasions de nous épanouir. Et c’est ainsi qu’on jugera avec dédain le célibat imposé aux prêtres, et même la fidélité conjugale, tout comme l’obligation de participer à la messe du dimanche, l’interdit du mensonge et tant d’autres choses. L’homme pécheur dira : toute la place que je fais à Dieu, c’est autant que je n’ai plus pour moi. Et il y a bien des catholiques qui raisonnent en se disant qu’ils vont donner ceci au Seigneur afin de pouvoir le reste du temps décider de leur vie comme ils le souhaitent.
C’est de Dieu que vient la paix
homélie du 14e dimanche C, 3 juillet 2022
{joomplu:204} Notre cœur, qui est fait à l’image de Dieu, cherche la paix. Même un monde coupé de Dieu cherche la paix, dans le « vivre-ensemble » et dans un certain accord entre les nations. Mais c’est souvent une paix sans but, ou avec un but purement matérialiste : la paix pour pouvoir jouir sans crainte des biens de la terre et de toutes les possibilités de la société de consommation. C’est une paix qui ne conduit nulle part et qui est toujours menacée. Pire encore, c’est une paix à laquelle on sacrifie la vérité et pour laquelle on est prêt à accepter beaucoup d’injustices. On se donne bonne conscience à coup de slogans, comme on en est abreuvés continuellement. On parle de sauvegarder notre pouvoir d’achat, qu’importe ce qui arrive aux jeunes des pays du Tiers Monde… On ne se souciera d’eux que lorsqu’ils deviennent des migrants… qu’importe ce qui arrive aux bébés tués légalement dans le sein de leur mère, pourvu que chacun puisse décider ce qu’il veut ! Parce qu’au fond de nous quelque chose refuse ce genre de paix, il nous faut nous demander : d’où nous vient la paix ? Qui peut donner la paix ? Pourquoi la paix est-elle désirable ?
La liberté du chrétien
homélie du 13e dimanche ordinaire, 26 juin 2022
{joomplu:183} Qu’est-ce qu’un chrétien ? C’est l’homme le plus libre que la terre ait jamais porté ! Et pourquoi est-il libre ? Parce qu’il s’est laissé libérer par le Christ. C’est saint Paul qui le dit, et j’aimerais réfléchir un peu avec vous sur ce point. Nous vivons dans une culture qui se laisse facilement dominer par la peur. En temps normal on joue à se faire peur avec toute sorte de films ou de séries-catastrophes, mais il suffit que survienne un sujet vraiment inquiétant et nous voilà prêts à chercher à nous rassurer par tous les moyens. Nous avons vu des scènes de panique, nous en verrons encore… D’autres, animés par la peur, deviennent avares, refusent de partager avec leur prochain dans le besoin… D’autres encore entrent dans une frénésie de fêtes et de plaisirs… Toutes sortes d’attitudes qui révèlent un cœur d’esclave. Entre-temps, le chrétien est l’homme le plus libre que la terre ait porté, parce qu’il sait qu’il va mourir, mais que ce n’est pas si grave, puisque le Christ l’a devancé et que sa vie est déjà cachée avec le Christ en Dieu.
L’eucharistie crée le monde nouveau
homélie de la fête du Saint-Sacrement, 19 juin 2022
{joomplu:542} Pourquoi l’eucharistie est-elle si centrale dans la vie de l’Église ? Bien sûr, Jésus avait dit aux apôtres à la Dernière Cène : « faites ceci en mémoire de moi ! » Mais il n’avait pas dit à quelle fréquence. Le ferait-on tous les dix ans, une fois par an, davantage ? Serait-ce au centre de la vie du chrétien ou une activité occasionnelle ? Comment connaître l’intention du Seigneur ? Peut-être pourrions-nous nous inspirer de la pratique des premiers chrétiens, qui a plus de chances d’être proche de ce que le Seigneur voulait, sans l’addition possible des coutumes au long des siècles ? Mais comment connaître cette pratique des premiers chrétiens ? Les textes qui nous viennent de l’Antiquité sont rares ; on n’écrivait pas tout ce qu’on faisait, loin de là. Il faut le déduire à partir d’indices, quand il y en a. Heureusement, pour l’eucharistie, nous avons cette lettre de saint Paul où il revient sur ce qu’il a enseigné aux Corinthiens : « j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis » (1 Co 11,23). Quelle chance que saint Paul ne se soit pas contenté de transmettre, mais ait aussi insisté sur cette transmission ! Ainsi c’est indubitable, on ne se dira pas que l’eucharistie est une invention de l’Église après Constantin, ou quelque chose du genre. Il y a aussi le témoignage de l’épître aux Hébreux : « Ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous, d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour du Seigneur. » (He 10,25). Et bien plus tard, nous avons saint Justin qui parle du rassemblement du dimanche : « Le jour appelé jour du soleil, tous, qu’ils habitent la ville ou la campagne, ont leur réunion dans un même lieu », écrit-il vers 150 (Première apologie). C’est un lieu tenu plus ou moins secret à cette époque, afin d’éviter les persécutions qui avaient cours.
Être tant aimés!
homélie du 7e dimanche de Pâques, 29 mai 2022
{joomplu:560} Un chrétien ne se demande pas où va le monde. Il le sait. Par-delà tout ce qui se passe dans l’histoire, l’humanité aboutit à un grand et bel événement. La lecture de l’Apocalypse nous a fait entendre Jésus qui dit : « Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait » (Ap 22,12). Il parle de ce moment qui va venir où il se montera à tous, ceux qui ne croient pas comme ceux qui croient ; tous seront forcés de le reconnaître, de reconnaître la vérité que maintenant beaucoup contournent en disant : on ne sait pas trop bien, ce n’est pas clair de savoir si Dieu existe, s’il a vraiment envoyé son Fils, s’il nous appelle vraiment à changer de vie… donc on verra bien et pour le moment je vis comme un païen vaguement croyant ! Bientôt, devant Jésus présent en chair et en os, on ne pourra plus dire ça. Pour ceux qui l’aiment vraiment, ce sera une grande joie ; pour ceux qui se sont bien moqués de lui en le tenant pour pas grand-chose, ce sera une grande confusion. Il rendra à chacun selon ce qu’il a fait, dit-il.
La paix de Jésus
homélie du 6e dimanche de Pâques, 22 mai 2022
{joomplu:2} Je vous donne ma paix… que votre cœur ne soit pas bouleversé », dit Jésus. D’habitude, celui qui donne la paix c’est celui qui a détruit tous ses ennemis, ou qui les intimide par sa puissance. Les dirigeants du monde ont toujours essayé cette manière-là de donner la paix. Ce genre de paix est une sorte de tranquillité qui vise à jouir sans soucis des biens de la Terre. C’est dans ce sens que l’on peut dire que l’Europe était en paix depuis la seconde guerre mondiale, ou qu’elle est encore largement en paix aujourd’hui, bien que sa paix soit maintenant troublée. Jésus dit en même temps « je vous donne ma paix » et « que votre cœur ne soit pas bouleversé ». Pourquoi notre cœur serait-il bouleversé, Seigneur, si tu nous donnes ta paix ? Parce que c’est ta paix, une paix que tu ne donnes pas à la manière du monde. Cette paix, aux yeux de beaucoup, est moins efficace que la paix des puissants. Elle semble protéger beaucoup moins bien. D’ailleurs, les apôtres connaîtront mille tribulations. Ils seront souvent menacés. Parfois même laissés pour mort. Et finalement exécutés car ils ne voulaient pas renoncer à leur foi. Quelle paix est-ce donc alors ?
Le Seigneur est proche par son Église
homélie du 3e dimanche de Pâques
{joomplu:159}Les apôtres sont en train de se demander ce qui se passe. Ils n’ont pas encore compris ce que la résurrection de Jésus changerait dans leur vie. Les voilà retournés à la pêche, mais plus pour très longtemps. Jésus refait irruption dans leur vie. Jésus, quand tu passes dans ma vie, donne-moi de te voir et de t’accueillir. Que je ne dise pas : j’ai pas le temps ! Que je ne sois pas tout absorbé par mes occupations, mon métier ou mes loisirs, au point que tu serais là, sur le rivage de mes journées, et que je passerais devant tes pieds sans te remarquer.
Il a donné sa vie. Cessons de l’ignorer!
homélie du 5e dimanche C, 3 avril 2022
{joomplu:557} Par le prophète Isaïe, Dieu dit à son peuple quelque chose comme « j’apporte quelque chose de nouveau et de grand ». En regardant ce qui se passe quand on amène à Jésus la femme surprise en flagrant délit d’adultère on comprend. La voilà devant Jésus, le seul juste. A-t-elle déjà entendu parler de lui ? Peut-être, mais elle n’a pas dû l’écouter. Ni écouter les Écritures. Et Dieu sait dans quelle aventure elle s’est engagée ou a été entraînée. Le Seigneur lui-même ne cherche pas à savoir. Mais il lui apporte quelque chose de complètement nouveau. Cette nouveauté, ce n’est pas de dire que l’adultère ce n’est pas grave. Cette nouveauté, ce n’est pas de minimiser le péché. Cette nouveauté, c’est de lever la condamnation qui pesait sur la vie et le cœur de cette dame. « Personne ne t’a condamnée ? — Personne, Seigneur. — Moi non plus, je ne te condamne pas. Va ! Et désormais ne pèche plus. » Jésus ne se contente pas de dire : « je ne te condamne pas ». Il permet à cette femme de retrouver sa place dans un peuple qui a cessé de la condamner.